The Midnight Girl

Chapitre 58 : Nathan

Je me tiens devant la borne de commande, les yeux rivés sur les options de burgers, mais à côté de moi, Brody commence déjà à me lancer des regards suspicieux, se doutant que j'ai quelque chose à dire.

— Mec, si je te dis un truc, promets de ne pas en faire toute une histoire, dis-je, ma voix baissant d'un cran.

Il hausse un sourcil, déjà amusé.

— Franchement, tu sais bien que je peux rien te promettre.

Je secoue la tête.

— Alors, je dis rien.

Il continue de me fixer, le regard perçant, et je sens qu'il mijote quelque chose. Puis, soudain, son expression s'éclaire d'une compréhension brutale, ses yeux s'écarquillent, et il lâche d'une voix bien trop forte :

— Mec, j'y crois pas ! Vous avez baisé ! Mon meilleur pote n'est enfin plus puceau !

Je réagis instantanément, plaquant ma main devant sa bouche pour étouffer ses mots avant qu'il n'attire toute l'attention sur nous. Il me fixe, surpris, jusqu'à ce que je le lâche enfin, m'assurant qu'il se calme un peu. Dès que je relâche ma main, il éclate de rire, visiblement ravi par sa propre déduction.

— Alors ? Comment c'était ? Il faut que tu m'en parles ! Attends, est-ce que tu vois enfin pourquoi moi et... ben, tout le monde... on est accro au sexe ?

Je ne peux m'empêcher de sourire en coin, ma voix un peu plus douce.

— C'était... mieux que tout ce que j'avais pu imaginer.

Je reprends ma commande, espérant échapper aux questions, mais Brody ne lâche pas l'affaire.

— Et ? Tu as tenu combien de temps ? Combien de fois ? Allez, lâche un peu de détails, dans un but purement statistique, évidemment, plaisante-t-il en me lançant un clin d'œil.

Je lève les yeux au ciel, résigné.

— Hors de question que je te dise quoi que ce soit de plus. Ça, c'est entre Riley et moi.

Il pousse un soupir exagéré, l'air faussement accablé, mais son sourire en coin trahit sa fierté.

— Mec, je suis vraiment fier de toi, glisse-t-il. Mais si t'as jamais besoin de conseils pour améliorer tes mouvements de reins, tu sais qui appeler.

Je secoue la tête en riant malgré moi, puis termine de commander.

— Je crois que je vais m'en passer, mais merci de l'offre.

-- 

Garés juste devant la maison, on reste un moment dans la Jeep, comme protégés du monde extérieur. La nuit commence à tomber, enveloppant la rue d'une lumière douce et tamisée, un peu irréelle. Riley est tout contre moi, et sa chaleur me réconforte, m'ancre au moment présent. Je glisse un bras autour de ses épaules pour la rapprocher un peu plus, la main caressant doucement sa peau à travers le tissu de son manteau. Je la sens se détendre sous mon toucher, et ça me donne le courage de me pencher vers elle, de l'attirer lentement pour l'embrasser. Nos lèvres se rejoignent, et c'est comme si le reste du monde s'effaçait. J'avais attendu ce moment toute la journée — retenu entre les regards, les sourires échangés discrètement, les brefs contacts de nos mains sous la table, mais sans jamais pouvoir aller plus loin. Ce baiser est une douce délivrance.

Elle répond à mon baiser avec une tendresse qui me fait perdre la tête. Entre deux baisers, je l'entends murmurer, presque à voix basse, « J'en avais envie aussi... toute la journée. » Elle rit doucement, comme si elle se moquait un peu d'elle-même, et son rire me fait sourire. Il est presque contagieux, et je ris avec elle. On a l'air de deux ados, ricanant comme si on venait de faire une bêtise. Mais pour l'instant, rien d'autre ne compte ; tout ce qui m'importe, c'est de savourer chaque seconde de ce moment, loin des regards de mes parents.