Chapitre 66 : Nathan

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L'écho des rires résonne dans l'immense salle de bains transformée en havre de fête clandestine. La musique étouffée du gala se mêle aux conversations animées, et l'odeur subtile des parfums de soirée flotte dans l'air. Les bouteilles de vodka circulent de main en main, et les visages se parent d'un éclat rosé, reflet de l'alcool qui coule à flots depuis plus de vingt minutes. Je me sens déjà légèrement pompette, tout comme Riley, qui s'amuse à me voler des baisers, ignorant le chaos joyeux autour de nous.

— Hé, les amoureux ! Vous savez qu'on est là, hein ? râle Brody, feignant l'indignation.

Riley et moi éclatons de rire. D'ordinaire, je n'aime pas trop les démonstrations publiques d'affection, préférant garder ces moments pour nous, mais ce soir, quelque chose a changé. L'alcool, la chaleur de la soirée, l'éclat des rires... tout cela me détend au point que l'idée de rester accroché à Riley toute la nuit ne me dérange pas du tout. Mon regard se pose sur elle, et je ne peux m'empêcher de sourire. Ses joues légèrement rougies et l'éclat brillant dans ses yeux me rappellent pourquoi elle est devenue indispensable à ma vie.

Elle se tourne vers moi et attrape son téléphone posé sur le rebord du lavabo.

— Tu veux qu'on fasse un selfie ? demande-t-elle, un sourire espiègle aux lèvres.

Je fronce les sourcils, un peu perplexe.

— Tu sais que je déteste les photos, Riley. Pourquoi tu veux ça maintenant ?

Elle insiste, ses yeux soudain plus sombres, presque tristes. Sa voix baisse d'un ton, et je sens un frisson de malaise courir le long de ma colonne vertébrale.

— Parce que j'ai besoin de ce souvenir, murmure-t-elle. Un souvenir que je n'oublierai jamais.

Mon cœur rate un battement. Ses yeux brillent, comme si des larmes menaçaient de jaillir, mais elle les retient, faisant semblant d'être légère. Je glisse ma main sur son bras.

— Hey, tout va bien ? Pourquoi tu dis ça ?

Avant qu'elle ne puisse répondre, Sophie s'approche en riant.

— Vous voulez que je vous prenne en photo ? dit-elle, l'alcool la rendant joyeusement intrusive.

Riley acquiesce vivement, esquivant ma question et se pressant contre moi. Je sens son corps tendu, sa main qui tremble légèrement en s'accrochant à ma chemise. Je prends sur moi, forcé de sourire pour la photo, même si mon esprit est encore marqué par la lueur étrange que j'ai vue dans ses yeux. Sophie s'éloigne après avoir pris le cliché, en nous lançant un clin d'œil complice.

Je m'apprête à reprendre notre conversation, à insister pour comprendre ce qui a traversé l'esprit de Riley, mais avant que je ne puisse dire un mot, la porte des toilettes s'ouvre brusquement. La mère de Brody, habillée d'une élégance classique, entre avec une expression exaspérée.

— Allez, les jeunes, ça va être à vous. Tout le monde vous attend.

Le silence tombe sur la pièce, brisé par quelques rires étouffés et un soupir collectif. Les visages se redressent, et la tension joyeuse se transforme en une sorte d'anticipation nerveuse. Riley relâche doucement ma main et me sourit, un sourire qui ne parvient pas à dissimuler son inquiétude.

— On en reparle plus tard, d'accord ? murmuré-je, en lui lançant un regard appuyé.

Elle hoche la tête, ses yeux fuyant brièvement les miens, et je ressens ce pincement familier au fond de moi. Alors que nous sortons des toilettes et que l'air frais du manoir nous enveloppe, je ne peux m'empêcher de me demander ce que cette soirée cache encore, et pourquoi ce sentiment d'angoisse refait surface, même au milieu de la fête.

The Midnight GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant