The Midnight Girl

Chapitre 42 : Riley

Cela fait deux semaines que ce message anonyme m'a glacée jusqu'à l'os. "Je t'ai vue. Je sais que c'est toi qui étais là, la nuit où Mike a été tué." Ces mots résonnent encore dans ma tête, comme un écho impossible à chasser. Les premiers jours après l'avoir reçu ont été un enfer. J'étais en mode survie, incapable de penser à autre chose que le pire : l'arrestation, les menottes, la cellule froide. Mais pire encore, le visage de Cléo, effrayé, arraché à moi. Dans mes cauchemars, je le vois, seul, perdu, loin de tout ce que je voulais lui offrir. Parfois, c'est Nathan qui apparaît, me tournant le dos, m'abandonnant au milieu de tout ce chaos. Un vrai foutoir.

Heureusement, avec le temps, la pression s'estompe. Les cauchemars sont toujours là, mais moins intenses. J'ai même réussi à sortir dehors sans paniquer. Une simple petite balade avec Mozart, qui m'a permis de respirer un peu, de retrouver une partie de moi-même. Ce n'était pas grand-chose, juste une sortie, mais c'était une victoire. 

Le jour où j'étais censée fuir avec Cléo reste, en revanche, un gouffre douloureux. Ce jour-là, il n'était pas censé monter dans ce foutu bus pour la classe verte. Il devait être avec moi, partir loin. Mais au lieu de ça, j'ai passé des heures sous la douche, à pleurer, incapable de bouger. L'eau brûlante coulait sans fin, comme si elle pouvait laver toute la douleur, toute la peur. 

Aujourd'hui, pourtant, je me sens presque... normale. Deux semaines, et je parviens enfin à respirer. J'ai même accepté l'invitation de Nathan à assister à un de ses matchs de hockey, une première pour moi. C'est étrange de me retrouver ici, dans cet univers qui n'est pas le mien, avec ces gens que je ne connais qu'à travers lui. Sophie et Jade sont là aussi, et malgré la gêne qui persiste entre Jade et moi – surtout après cette révélation de Nathan il y a deux semaines – je me dis que je n'ai rien à me reprocher. Nathan et moi, il ne s'est jamais rien passé. On est amis, et il semble avoir compris ça, enfin. Du moins, il n'a plus fait le moindre geste ambigu depuis le soir de notre retour du festival. Je devrais être soulagée. Mais au fond, quelque chose me ronge. Cette idée que, peut-être, il n'y aura jamais rien entre nous, me laisse avec une boule au ventre.

Et pourtant, plus je passe du temps près de lui, plus l'envie de tout foutre en l'air revient. Une petite voix au fond de moi me dit de craquer, de céder à cette attraction. Mais je me force à l'ignorer, me concentrant sur le match. Sauf que je ne comprends pas grand-chose. Les règles m'échappent, les coups, les hurlements de la foule... tout ça me dépasse. Alors, comme d'habitude, je me perds dans mes pensées, jusqu'à ce que Nathan fasse son entrée sur le terrain.

Je ne peux m'empêcher de le regarder. Vraiment le regarder. Son allure dans cette combinaison de hockey, son air concentré, déterminé, complètement dans son élément. Il est incroyablement séduisant. Mon ventre se tord. Jade à côté de moi hurle son nom, l'encourage de toutes ses forces, et cette jalousie stupide, cette foutue jalousie, revient me piquer. Elle me rappelle que je n'ai aucun droit de ressentir ça, qu'il ne m'appartient pas, qu'on est juste des amis. 

Je me laisse peu à peu prendre par l'énergie du match. Les hurlements de la foule, les coups de crosse résonnant sur la glace, les lumières vives du stade... tout cela crée une ambiance électrique, presque envoûtante. Je ne pensais pas pouvoir m'intéresser à un match de hockey, mais ici, au cœur de l'action, c'est impossible de rester insensible. Mon regard reste fixé sur Nathan. Ses mouvements sont précis, puissants, totalement en contrôle de la situation.

Derrière moi, un groupe de filles commente bruyamment.

— Le numéro 23 est vraiment trop craquant ! s'exclame l'une d'elles.

Je sais que c'est de Nathan qu'elles parlent. Un sourire discret se dessine sur mes lèvres, mais avant que je puisse y réfléchir davantage, Jade se retourne et leur lance d'un ton sûr :