Chapitre 19 : Nathan

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Je me réveille en sursaut, le souffle coupé, le cœur battant à tout rompre. Encore ce putain de rêve. Ou plutôt, ce cauchemar. Je cligne des yeux, essayant de chasser les images qui flottent encore dans mon esprit. Tout est flou maintenant, mais la sensation de malaise persiste, ancrée dans ma poitrine.

Je revois des fragments du rêve, toujours le même scénario, encore et encore. C'est mon huitième anniversaire. Il fait beau, la lumière du soleil traverse les fenêtres de la maison familiale, notre ancienne maison avant de nous installer à la Nouvelle Orléans. Je suis entouré de ma famille, de mes amis, et on vient juste d'ouvrir mes cadeaux. Tout semble normal, mais il y a toujours cette présence. Ce regard. Chaque fois, c'est le même. Une silhouette floue, indéfinissable, au milieu de la pièce. Impossible de dire si c'est un homme ou une femme, quelqu'un que je connais ou non. Mais ce regard... Il me glace toujours le sang. Il y a quelque chose d'étrange, de terrifiant dans ce regard, comme une ombre qui plane sur moi. Chaque fois que je croise ces yeux, c'est comme si un poids énorme me tombait dessus, m'empêchant de respirer. Et c'est là que je me réveille.

Je me passe une main sur le visage, tentant de reprendre mes esprits, mais le malaise reste. Mes draps sont trempés de sueur, collant à ma peau, et je sens la fatigue me peser, malgré l'heure matinale. Mon regard se tourne vers le pied de mon lit, où Mozart, mon fidèle Border Collie, me fixe en aboyant doucement. Ses yeux sont vifs, presque comme s'il savait que je venais de faire un mauvais rêve et qu'il essayait de me sortir de cette spirale infernale.

— T'es vraiment le meilleur, hein ? dis-je d'une voix rauque en le prenant dans mes bras.

Mozart commence immédiatement à me lécher le visage, ses coups de langue rapides et affectueux réussissant à me décrocher un sourire. Son énergie et sa joie de vivre sont toujours contagieuses, même dans mes pires moments. Je le serre un peu plus fort contre moi, laissant son enthousiasme effacer le reste du cauchemar. Il a bien mérité une petite balade.

— OK, je t'emmène faire un tour, ça te dit ? murmuré-je en le laissant descendre du lit.

Mozart se met à sauter partout, comme s'il comprenait parfaitement ce que je venais de dire. Il tourne en rond, aboyant joyeusement en courant vers la porte de ma chambre. Je me lève à contrecœur, mon corps encore engourdi par le sommeil agité. Une bonne douche rapide devrait m'aider à me réveiller.

Je me faufile jusqu'à la salle de bain et me passe un coup d'eau sur le visage, puis je prends une douche express, juste de quoi effacer la fatigue et la sueur de la nuit. L'eau chaude coule sur ma peau, apaisant mes muscles tendus. Après m'être séché, j'enfile une tenue de sport décontractée, un vieux sweat à capuche des Crescent Bay Wolves et un pantalon de jogging. Il est encore tôt, et mon premier cours n'est pas avant deux heures. Autant profiter du calme du matin pour faire un footing avec Mozart.

Je descends les escaliers, Mozart sur mes talons, toujours aussi excité. En arrivant au rez-de-chaussée, l'odeur familière de pancakes flotte dans l'air, me rappelant soudain que je n'ai rien mangé depuis hier soir. Mon estomac gronde légèrement.

Je m'avance vers la cuisine et y trouve Gloria, la gouvernante de la maison, en train de terminer de préparer le petit-déjeuner. Elle me voit arriver et me lance un regard amusé.

— Bonjour, Nathan. Tu es déjà debout à cette heure-là ? 

— Ouais, pas vraiment par choix, grommelé-je en esquissant un sourire. Mais bon, tu sais comment est Mozart, il ne me laisse jamais dormir.

Je m'approche d'elle et pique un pancake chaud directement dans l'assiette qu'elle vient de poser sur la table.

— Hé, tu pourrais demander la permission, au moins ! s'exclame-t-elle en feignant l'indignation.

The Midnight GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant