The Midnight Girl

Chapitre 34 : Riley

Cela fait plusieurs jours que je suis revenue chez Nathan, et, bizarrement, ça commence à me sembler presque normal. Cette maison, avec ses pièces spacieuses, son confort immaculé et son ambiance de calme feutré, est devenue une sorte de refuge. Un endroit où je peux prétendre, l'espace d'un instant, que ma vie n'est pas un chaos total. Ici, tout semble simple, apaisé, comme si les murs eux-mêmes murmuraient que tout finirait par s'arranger.

Je passe mes journées seule la plupart du temps, Nathan étant en cours. Parfois, je discute avec Gloria, la gouvernante. Elle est curieuse, c'est évident, mais elle ne pose jamais de questions indiscrètes. Elle se contente de me jeter quelques regards en coin, comme si elle essayait de comprendre pourquoi une fille comme moi se retrouve ici. Au début, j'étais sur la défensive, méfiante. Je craignais qu'elle finisse par interroger Nathan, ou pire, me démasquer d'une manière ou d'une autre. Mais petit à petit, sa bienveillance m'a mise à l'aise, presque contre mon gré. Elle s'invite à nos discussions du matin lorsque Nathan et moi prenons le petit-déjeuner ensemble, et je dois admettre que c'est agréable. Cela me donne une illusion de normalité.

Nathan a été incroyable, un véritable ange. Il a même pris le temps de m'acheter de nouveaux vêtements. Quand il est rentré avec les sacs du centre commercial, j'étais gênée. Je n'avais pas besoin qu'il fasse ça, il en faisait déjà tellement. Mais il m'a assuré que c'était rien, qu'il ne pouvait pas me laisser porter les vêtements de sa mère indéfiniment – « Ce serait un peu glauque, non ? » avait-il plaisanté. Je n'avais pas pu m'empêcher de rire. C'est facile avec lui, cette façon de rendre les choses moins graves, comme si la situation pouvait être plus légère, ne serait-ce que pendant un instant.

Pendant qu'il est en cours, je m'occupe comme je peux. Je promène Mozart dans le quartier, m'imprégnant de cet environnement si éloigné de celui où j'ai grandi. Les jardins bien entretenus, les maisons parfaitement alignées, tout est si... parfait. Parfois, ça me donne envie de crier. Mais la plupart du temps, ça me berce dans une fausse impression de sécurité. Je passe aussi pas mal de temps sur Netflix et Disney Plus. Nathan a toutes les plateformes de streaming possibles et imaginables, alors autant en profiter, non ? Je regarde tout ce que je peux, des films que je n'aurais jamais eu les moyens de voir avant. Ça m'aide à m'échapper, à me distraire de cette réalité qui, malgré tout, me rattrape toujours.

Mais il y a des moments où tout s'effondre, comme aujourd'hui.

Je suis plantée là, devant le grillage de l'école primaire de Cléo. Je ne devrais pas être ici, je le sais. Je devrais rester discrète, éviter de me montrer, surtout dans des endroits où des gens pourraient me reconnaître. Mais j'ai besoin de le voir. Ça fait presque une semaine que je ne l'ai pas vu, et je ne pouvais plus supporter cette absence. Je respire un grand coup, et je me dis que c'est juste pour quelques minutes. Juste pour voir s'il va bien.

Les enfants sortent de l'école, leurs rires s'élèvent dans l'air, et mon cœur se serre en les regardant. Ils ont l'air insouciants, libres. Puis je l'aperçois. Cléo. Mon petit frère. Il est là, entouré d'autres gamins de son âge, et je remarque avec un pincement de soulagement qu'il semble heureux et cette fois il n'est pas seul dans son coin, mais entouré de ses copains. 

Quand nos regards se croisent, son visage s'illumine. Il court vers moi, s'arrêtant juste devant le grillage qui nous sépare.

— Riley ! s'écrie-t-il, essoufflé mais joyeux.

Mon cœur fond instantanément. C'est la première fois depuis des jours que je me sens... bien. Complète. Ce gamin est tout pour moi. Le voir comme ça, insouciant, me donne l'espoir, même si fragile, que tout pourrait encore s'arranger.

— Hé, mon grand, je murmure doucement, un sourire étirant mes lèvres. Ça va ?

— Ouais, ça va, répond-il, le regard brillant. On a joué au foot, et j'ai marqué deux buts !