The Midnight Girl

Chapitre 6 : Nathan

Le refuge Paw Haven est calme ce soir. C'est rare qu'un endroit qui abrite autant de chiens maltraités ou abandonnés soit aussi paisible. Les cabots sont pour la plupart endormis, certains roulés en boule sur leur couverture, d'autres observant silencieusement leurs compagnons dans les cages voisines. J'ai toujours aimé ce moment de la journée. C'est le seul endroit où je me sens vraiment utile, comme si, pour quelques heures, je pouvais faire une différence.

Je termine de nettoyer une cage avant de refermer la porte doucement. À l'intérieur, un vieux chien au pelage gris tacheté, nommé Rocky, me regarde avec des yeux fatigués. Rocky a été récupéré après des années de négligence, laissé dehors par son propriétaire dans des conditions horribles. Il a été battu, sous-alimenté, et son corps porte encore les cicatrices de cette vie passée. Chaque fois que je le regarde, je me demande comment un être humain peut faire ça à un animal. Comment quelqu'un peut être aussi cruel ? Jamais, même dans mes pires cauchemars, je ne pourrais imaginer faire du mal à Mozart. Ce chien est comme un membre de ma famille. Je secoue la tête, repoussant ces pensées.

Je me penche vers Rocky et lui donne une caresse sur la tête. Il ferme les yeux, appréciant le contact, et je lui murmure :

— Ça va aller, mon vieux. On va te trouver une bonne famille, je te le promets.

Je me redresse et m'étire. La journée commence à se faire longue, et mes jambes sont un peu engourdies après avoir passé des heures à m'occuper des chiens et à nettoyer les lieux. Mais ça en vaut toujours la peine. Il y a quelque chose de simple, presque apaisant, dans ces moments passés ici. C'est loin de la pression du hockey, loin de mes potes bruyants, loin des attentes que tout le monde semble avoir de moi. Ici, je ne suis qu'un gars qui aide des chiens.

Martha, la responsable du refuge, entre dans la pièce à ce moment-là. C'est une femme d'une quarantaine d'années, solide et douce à la fois, toujours habillée de manière pratique, sans jamais se laisser distraire par les émotions dans ce travail difficile. Elle est celle qui m'a appris tout ce que je sais ici, et même si elle ne parle pas beaucoup, elle a un cœur énorme.

— Merci pour ton aide aujourd'hui, Nathan, dit-elle avec un sourire fatigué. T'as fait du bon boulot avec Rocky, il commence à te faire confiance. C'est rare, tu sais. Il n'a pas été facile avec les autres bénévoles.

Je souris légèrement, touché par ses mots. J'ai toujours eu un faible pour les chiens un peu cabossés par la vie. Peut-être parce que je me sens un peu comme eux, parfois.

— Merci, Martha. J'aime passer du temps ici, ça me fait du bien, avoué-je.

Elle me jette un regard compatissant.

— Je comprends. Mais il commence à se faire tard. Tu devrais rentrer chez toi et profiter de ton vendredi soir. Je suis sûre que t'as mieux à faire que de traîner ici.

Je hoche la tête, même si l'idée de passer ma soirée avec mes potes bruyants ne me semble pas vraiment meilleure que de rester ici. Mais elle a raison, je ne peux pas passer ma nuit à nettoyer des cages.

— D'accord, je vais y aller, dis-je en souriant. À lundi ?

— Oui, à lundi, Nathan. Passe une bonne soirée.

Je récupère mes affaires dans le petit vestiaire où j'ai mon casier. Une fois la porte du casier ouverte, je tombe sur mon téléphone. L'écran est allumé et couvert de notifications. Plusieurs appels manqués, des messages en pagaille. Je soupire. Mes potes. Plus particulièrement Brody, qui a cherché à me joindre à plusieurs reprises.

Je scrolle rapidement à travers les messages. Blake, Tucker, Landon... tous me harcèlent avec des textos remplis de blagues et de vannes pour la soirée. J'ai bien une idée de ce qui se trame : ils sont en train de préparer une surprise pour mon anniversaire. Sauf que, connaissant mes potes, ce ne sera probablement pas une soirée calme autour d'une pizza et d'une bière. Ils ont prévu quelque chose de bien plus... extravagant. Et pour être honnête, je crains un peu le pire.