Chapitre 8 : Riley

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Je prends une profonde inspiration en ajustant le plateau contre ma hanche. Il est temps d'aller servir ces fameux "gosses de riches". En traversant la salle vers leur table, je me répète en boucle que ce sont juste des clients comme les autres. Je fais ce que je dois faire et je passe à la table suivante. Pourtant, une petite voix au fond de moi reste agacée, me rappelant à quel point je déteste ce genre de situation.

L'un d'eux, un type blond avec un sourire malicieux, me lance une blague dès que j'arrive.

— Vous servez aussi des blagues avec les boissons ? Parce que je dois t'avertir, je suis un client difficile.

Je lève un sourcil, un peu surprise. Ce genre de commentaires, j'en entends souvent, mais d'habitude, ils sont bien moins innocents. Pourtant, il y a quelque chose de sincère et d'inoffensif dans son sourire. Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, presque malgré moi.

— Ça dépend, vous avez quoi en échange ? lui rétorqué-je en haussant légèrement les épaules, le ton aussi léger que le sien.

Il éclate de rire, un rire sincère, pas le genre forcé des mecs qui essaient de flirter.

— Oh, j'ai tout un répertoire, répond-il avec un clin d'œil théâtral. On peut échanger une blague pour chaque tournée de boissons. Ça me semble équitable, non ?

Je secoue la tête, amusée. Il me rappelle ces gars qu'on rencontre à l'université, toujours prêts à faire des blagues pour détendre l'atmosphère. Pas vraiment le genre qu'on croise ici, dans un club comme le Velvet Room.

— Désolée, mais je suis plus chère que ça. Une blague, ça vaut au moins une tournée complète, pas une simple commande, dis-je en le défiant, croisant les bras avec un sourire espiègle.

— Une tournée complète ?! s'écrie-t-il, faussement choqué, en jetant un coup d'œil à ses potes. Hé, les gars, je pense qu'on va devoir casser nos tirelires ce soir.

Ses potes éclatent de rire à leur tour, visiblement habitués à son humour. L'un d'eux, un gars aux cheveux bruns plus calmes et discrets que les autres, secoue la tête, un sourire en coin.

— Laisse tomber, Brody, tu t'es déjà fait avoir. Elle te bat à ton propre jeu, intervient-il en riant.

— Attends, attends, attends, répond Brody en levant une main comme s'il voulait reprendre le contrôle de la situation. Toi, t'as l'air de sous-estimer mon talent. Je suis capable de remporter cette joute verbale !

Je le fixe, faussement sceptique, mais l'amusement dans mes yeux est réel.

— C'est vrai, ça ? Tu veux essayer de me prouver que t'as du talent ? Allez, lance-moi ta meilleure blague, je suis toute ouïe.

Brody prend une pose dramatique, comme s'il s'apprêtait à déclamer une tirade shakespearienne. Ses potes, eux, sont déjà en train de glousser, anticipant sans doute une énième de ses conneries.

— D'accord, je me lance, dit-il en prenant un ton solennel. Pourquoi les plongeurs plongent toujours en arrière et jamais en avant ?

Je plisse légèrement les yeux, devinant déjà que la chute va être ridicule, mais je joue le jeu.

— Aucune idée. Pourquoi ?

— Parce que sinon, ils tombent dans le bateau !

Ses potes éclatent de rire, l'un d'eux manque même de renverser son verre. Moi, je lève les yeux au ciel, bien que je ne puisse retenir un sourire. Il y a quelque chose de contagieux dans leur bonne humeur.

— Pas mal, pas mal, admets-je en hochant la tête. Mais tu vas devoir faire mieux si tu veux une tournée offerte.

Brody secoue la tête, faussement déçu.

The Midnight GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant