La tentation

Des questions

Stéphanie a quitté le collège après son cours qui se terminait à dix-huit heures. Elle espérait que son amie ne lui en voudrait pas trop d'arriver si tard. Marie-Ève l'a accueilli avec un grand sourire et une coupe de vin. Elle a embrassé son invitée sur les joue tout en la faisant entrer. Frédéric est venu la saluer avec sa fille dans les bras. Stéphanie à fait quelques grimace à la gamine qui a apprécié le moment. Frédéric a indiqué que c'était l'heure du bain. Il a laissé les filles discuter entre elles avant le souper.

Elles se sont dirigées vers la cuisine. Le souper était presque prêt, mais Marie-Ève désirait superviser le tout. Elle a dit à Stéphanie de s'asseoir sur un tabouret et qu'elle pourrait parler, mais celle-ci ne savait pas comment débuter la conversation. Stéphanie a posé des questions à son amie sur sa petite famille. Marie-Ève y répondit sachant que ce n'était qu'un moyen de faire diversion. Après un certain temps, elle s'est impatientée.

- Je suis très contente que tu t'informes de ma famille et de moi, mais je ne pense pas que tu sois venue pour ça Steph. Qu'est-ce qui se passe?
- Je ne sais pas trop. Je me trouve bizarre en ce moment.
- Raconte-moi.
- En fait, je ne sais pas par où commencer.
- Par le début! Ça va être plus facile, non?
- Ce que tu peux être logique, a ironisé Stéphanie.

Stéphanie a décidé de parler du fait qu'elle s'ennuyait de Nicolas et qu'elle était déçue qu'il ne soit pas venu pendant son congé. Marie-Ève pouvait comprendre cela. Il arrivait à Frédéric de devoir partir pendant des semaines pour son travail. Elle a avoué qu'elle serait probablement frustrée s'il décidait de ne pas rentrer à la maison lorsqu'il en avait l'occasion.

- Comment tu fais pour tenir le coup? Nous, ce n'est que pour un an et je n'en peux déjà plus.
- C'est parce qu'elle sait que nos retrouvailles sont toujours spéciales, a répondu Frédéric qui faisait son entrée avec un bébé tout propre.
- Il y a un peu de cela, a admis Marie-Ève. J'imagine qu' il faut que j'aille border cette petite-là?
- J'ai essaye , mais elle ne voulait rien savoir. Tu la connais.
- Je sais. Je vais la coucher et pendant ce temps-là, sers-nous. Ça devrait être rapide.

Marie-Ève avait dit sa dernière phrase en voyant sa fille bâiller aux corneilles. Stéphanie lui a fait au revoir de la main et a envoyé un baisers vers la petite dont les yeux étaient déjà en train de se fermer. Stéphanie et Frédéric ont préparé la table et ont servi les assiettes. Ils venaient tout juste de s'asseoir quand Marie-Ève est revenue dans la cuisine. Elle a confirmé qu'ils devaient avoir la soirée pour eux. Elle a repris la conversation là où elle l'avait laissé.

- Je pense que c'est juste normal de s'ennuyer lorsque la personne que l'on aime est loin de nous. Et comme Fred le disait, c'est ce qui fait que les retrouvailles sont plaisantes.

Stéphanie a souri en tentant de se convaincre que son amie devait avoir raison. Elle n'en était pas certaine. Il y avait une autre question qui la hantait et elle était un peu gênée de la poser devant Frédéric. Marie-Ève s'est aperçue que son amie réfléchissait beaucoup tout d'un coup. Elle avait cette manie lorsqu'elle hésitait avant de dire quelque chose.

- À quoi tu penses? Tu sais que tu peux tout nous dire. On est habitué à tes drôles de questions.
- Je sais...
- Qu'est-ce que tu attends, a ajouté Frédéric.

Stéphanie a respiré un bon coup avant de lancer sa question.
- Est-ce que ça vous arrive de ressentir des choses pour quelqu'un d'autre lorsque ça fait longtemps que vous ne vous êtes pas vus?

Frédéric, qui prenait une gorgée de vin, a toussoté en avalant. Marie-Ève en a échappé sa fourchette dans son assiette. Incapable de la rattraper, l'ustensile a terminé sa course sur le plancher. Marie-Ève l'a ramassé avant de la mettre dans l'évier et d'en prendre une nouvelle. Elle est revenue à table et a posé une question à Stéphanie.