La tentation

Un numéro échangé

La dernière journée de la session était arrivée et Stéphanie ne savait pas de quelle façon agir. Elle appréhendait le fait de voir Marc-Olivier. Leur dernière rencontre l'avait chamboulé et l'avait forcé à réfléchir sur son couple. Stéphanie lui en voulait de la troubler de la sorte. Elle aurait souhaité être indifférente à son charme. Hélas , elle se sentait prise au piège et ne savait comment en sortir.

Tous ses étudiants étaient regroupés au gymnase. Elle devait surveiller près de 150 élèves en même temps. Elle est arrivée à l'avance et a installé les copies. À 13 heures, les étudiants ont pris place et l'examen a pu commencer. Stéphanie à fait les cents pas pour surveiller tout le monde. Elle a repéré rapidement l'endroit où Marc-Olivier avait choisi pour passer son examen. Elle tentait de l'éviter. Être près de lui pouvait être dangereux. Elle s'est promenée ainsi pendant environ une heure trente. À l'occasion, un élève levait la main pour poser une question. Elle y allait avant de reprendre sa marche.

Puis, les élèves ont commencé à quitter. À partir de ce moment, Stéphanie est restée à la table qui lui était assignée pour surveiller les copies remises. Après deux heures et demie d'examen, il ne restait qu'une poignée d'étudiants dont les deux joueurs de hockey. Stéphanie avait sorti un livre qu'elle utiliserait la session suivante et prenait des notes. Le temps sembla passer plus rapidement.

Les autres professeurs qui donnaient des examens avaient quitté le gymnase depuis quelques temps. À la limite du temps alloué, il restait très peu d'étudiants assis à leur table. Marc-Olivier et Vince faisaient partis du lot. Ce dernier a remis sa copie alors qu'il ne restait que cinq minutes. Il a remercié Stéphanie pour la session et les cours de rattrapage. Il lui a tendu la main en lui souhaitant de passer un beau temps des Fêtes. Elle lui a retourné la politesse en lui serrant la main. Elle lui a demandé s'il voulait attendre Marc-Olivier. Vince a souri et a répondu qu'il avait des amis qui l'attendaient à la cafétéria. Il est sorti en faisant signe à son ami qu'il l'attendait à l'extérieur. Deux filles ont remis leur copie peu de temps après que Vince ait quitté le gymnase. Au final, il ne restait que Marc-Olivier.

Stéphanie a dû l'avertir que le temps était écoulé. Il a pris le temps de terminer sa dernière phrase et s'est levé pour rapporter son examen. Il y a glissé un papier. En donnant sa copie, il a fixé Stéphanie et lui a indiqué qu'il lui avait laissé un mot. Il lui a tendu la main pour lui souhaiter un bon congé. Elle lui a serré la main en tenant de contrôler ses réactions. Elle y est parvenue de peine et misère. Marc-Olivier a souri et a quitté le gymnase.

Lorsqu'il est sorti, Stéphanie a ouvert l'examen de son étudiant pour trouver le mot qu'il y avait laissé. Sur un bout de papier, Marc-Olivier avait inscrit: " Tu ne pourras plus te défendre en disant que tu es mon prof. Si tu veux me voir ou me parler, je te laisse mon numéro de cellulaire." Stéphanie a lu le numéro.

Stéphanie ne savait pas quoi faire de cette note. Son premier réflexe a été de le chiffonner et de le mettre dans la poche de son jeans. En arrivant à son bureau, elle a réfléchi à ce qu'elle devait faire. Elle ne devait pas garder ce mot incriminant. Elle devait s'en débarrasser, mais hésitait en raison du numéro de téléphone. Elle ne devait pas le garder. Elle savait que si elle le conservait, elle finirait par être tenté de l'appeler et elle ne devait pas le faire. En même temps, oserait-elle véritablement l'appeler? Elle en doutait. Si elle le jetait, elle allait sûrement finir par le regretter. Que faire? Après un peu d'hésitation, elle a pris son cellulaire et a ajouté Marc-Olivier à ses contacts. Par la suite, elle a déchiqueté le morceau de papier avant de le mettre à la récupération. Elle a eu l'impression d'avoir fait la meilleure chose. Elle a pu remplir sa boîte avec les examens qu'elle corrigeait chez elle dans les prochains jours.

Avant de quitter le bureau, elle a texté Marie-Ève : " Besoin de te voir bientôt!" Elle a enfilé son manteau et ses bottes avant d'entendre le signal sonore de son téléphone l'avertissant qu'elle avait un message. "Un café demain pour te changer les idées?", avait écrit Marie-Ève. Stéphanie lui a répondu de lui faire signe pendant la sieste de la petite. Elle devrait trouver une excuse pour Nicolas, mais elle trouverait bien.