Une bataille de coq

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Le lendemain matin, les Cuppers avaient une pratique. Après une heure trente d'efforts, tous se sont retrouvés au vestiaire. Plusieurs gars s'étaient regroupés ensemble et discutaient dont Victor Gendron et Philippe Carrier. Lorsque Marc-Olivier est rentré dans le vestiaire, il a regardé le groupe et est allé à sa place. Il a entendu des brides de la conversation. Il était persuadé qu'il parlait encore de filles. C'était leur sujet préféré. Il ne portait plus tellement attention à ce qui se disait lorsqu'il a été interpellé par Victor Gendron.

- Hey Champ, j'ai une question pour toi.
- OK!
- Tu avais Stéphanie Brassard comme professeur d'histoire la session dernière ?
- Oui, pourquoi?
- Comment as-tu fait pour passer ton cours?
- Je ne comprends pas ta question.
- Tu n'étais pas trop distrait en classe?
- Non, c'était un cours que j'aimais.
- Le cours ou la prof?
- Tu veux en venir où Gendron, a dit Marc-Olivier en haussant le ton.
- Tu n'as pas remarqué que c'est une vraie bombe. En tout cas, moi je ne lui ferais pas mal.

En disant cette réplique, Gendron a fait un mouvement de va et viens avec son bassin tout en fouettant l'air. Les quelques gars qui étaient autour de Victor se sont mis à ricaner. Cela a eu pour effet d'engager Marc-Olivier. Il se dirigeait vers Gendron d'un pas décidé lorsque Victor l'a stoppé. Marc-Olivier a dit rageusement.

- Tu vas changer de ton quand tu parles de Stéphanie. Elle mérite plus de respect de ta part.
- Oh, je t'ai fâché, a répondu Gendron. Pourquoi? Tu aurais voulu te la farcir et tu n'as pas réussi.
- Crétin! C'est la soeur d'un de mes amis et c'est une professeur.
- Et alors! N'empêche que ça doit être un bon coup, a poursuivi Gendron.
- Tu vas la respecter, a crié Marc-Olivier.
- Pourquoi je devrais?
- Sale idiot! Ce n'est pas parce que tu joues dans la ligue que tout est permis.
- Arrête Champ, tu me fais presque peur.

Vince, qui avait réussi à contenir Marc-Olivier, a fini par céder. Marc-Olivier voyait rouge en s'approchant de Victor Gendron.

- Je vais t'apprendre à être poli, a lancé Marc-Olivier comme avertissement.

Il a frappé Gendron au visage. Les autres joueurs ont tenté de séparer leurs coéquipiers, mais l'entraîneur est arrivé à cet instant.

- Gendron, Champagne, dans mon bureau.

Il n'y avait pas de place pour la discussion. Les deux ont suivi l'entraîneur sans broncher. L'entraîneur a pris place derrière son bureau et s'est adressé à ses joueurs.

- Êtes-vous tombés sur la tête? Vous battre dans le vestiaire! Êtes-vous des coéquipiers?
- Je le sais monsieur, a répondu Champagne.
- Pouvez-vous m'expliquer ce qui s'est passé?

Marc-Olivier a regardé Victor. Champagne n'avait pas l'intention de parler en premier. Gêneront ne parlait pas. L'entraîneur s'est impatienté et a ordonné à Champagne d'expliquer la situation. Marc-Olivier a pris une grande respiration avant de parler.

- Il a manqué de respect à une personne que je connais.
- Peux-tu être plus vague?
- Il a dit qu'il voulait baiser une de ses profs qui est aussi la soeur d'un de mes amis.
- Tu parles de la petite Brassard, Champ?
- Oui, a-t-il dit un peu surpris que son entraîneur sache de qui il parlait.
- Je n'ai jamais accepté que des gars se battent dans mon vestiaire pour des histoires de filles et ça ne commencera pas aujourd'hui.

Les deux gars ont échangé un regard haineux. Il était clair que l'entraîneur allait sévir, mais de quelle façon.

- Champ, en tant que vétéran, je t'aurais cru plus raisonnable.
- Oui, mais... s'est défendu Marc-Olivier.
- Laisse-moi finir. Je vais réfléchir à ce que je vais faire de toi, mais avant de prendre une décision te concernant, tu vas sortir du bureau et tu vas dire à Carrier que je veux le voir.
- Oui monsieur.
- Je m'occuperai de ton cas après que j'aie parlé à ces deux-là.

Marc-Olivier a obéi et a indiqué à Carrier que le coach l'attendait dans son bureau. Champagne est allé à sa place et a regardé par terre. Personne n'osait parler dans le vestiaire. Vince est allé à côté de lui et lui a demandé ce qui allait se passer. Marc-Olivier a haussé les épaules et a dit qu'il ne le savait pas encore.

Pendant ce temps, dans le bureau, Gendron et Carrier passaient un mauvais quart d'heure. Étant au courant de la situation dans le cours de Stéphanie, il les a sermonnés.

- Ce ne sont pas des recrues qui vont mettre le bordel dans mon équipe, certain.
- Mais..., a tenté Gendron.
- Là, vous écoutez. Je suis au courant pour votre comportement dans votre cours d'histoire. C'est le cours de la jeu e Brassard si je ne me trompe.

Les deux joueurs ont haché la tête pour répondre.

- Et c'est d'elle que tu parlais dans le vestiaire Gendron?
- Oui monsieur.
- Tu te prends pour qui Gendron? Tu n'es personne. Ce n'est pas parce que tu es un Cupper que tu peux te permettre de faire tout ce que tu veux. Surtout à l'école.
- Oui monsieur.
- Écoute-moi bien Gendron, j'ai bien le goût de te retourner chez vous pour que tu réfléchisses un peu à ton attitude.
- S'il-vous-plait coach, ne faites pas ça.
- Si tu veux rester, il va falloir que tu fasses ce que je te demande. Au moindre faux pas, tu t'en vas.

Victor Gendron a supplié son entraîneur de ne pas faire ça et qu'il allait respecter toutes les consignes. L'entraîneur a exigé qu'il présente ses excuses à sa professeur. Il ne voulait plus recevoir de plaintes à l'égard de son comportement. En plus, il a ajouté une suspension de trois matchs.

- Si les journalistes te demandent pourquoi tu ne joues pas, tu réponds que tu as une blessure au bas du corps.
- Oui monsieur.

Philippe Carrier a eu sensiblement la même sanction que Gendron. Il devait faire ses excuses à Stéphanie et rester tranquille jusqu'à la fin de la session. Il n'a eu qu'un seul match de suspension. Lorsque l'entraîneur a eu terminé avec eux, il a appelé Champagne dans son bureau. Les deux autres étaient furieux et rageaient en se changeant. Marc-Olivier est entré dans le bureau en s'attendant au pire. L'entraîneur a commencé par lui dire que son comportement avait été inacceptable et qu'il ne tolérait pas. Marc-Olivier a acquiescé sans rechigner. Il a cependant été surpris d'entendre sont entraîneur prendre sa défense.

- Gendron est seulement un petit prétentieux qui mérite d'être remis à sa place. Je te donne une amende de 50$ et je ne veux plus jamais que ça se reproduise.
- Oui monsieur.

Marc-Olivier était sur le point de sortir lorsque son coach l'a interpellé.

- Une dernière chose Champagne.

Il s'est retourné et a fait face à son entraîneur.

- Tu l'aimes bien la petite Brassard?

Marc-Olivier est resté surpris par la question. Que voulait-il savoir? Il a risqué une réponse peu compromettante.

- C'est une prof que j'ai apprécié et c'est la soeur d'un ami.
- Si tu le dis. Va te changer, tu vas être en retard pour tes cours.

Marc-Olivier est sorti et est allé prendre sa douche. Il s'est changé sans dire un mot. Vince a tenté de le faire parler, mais il a compris qu'il ne saurait ce qui s'est passé plus tard.

La tentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant