La tentation

Discussion houleuse

Le souper entre Stéphanie et ses amis s'est poursuivi dans un drôle d'atmosphère. Bruno avait réussi à plomber l'ambiance même si Marie-Ève avait tout tenté pour faire diversion par la suite. Le seul point positif de la soirée était que Marc-Olivier avait plu au couple d'amis de Stéphanie. Ils avaient réussi à discuter de divers sujets.

Lorsque Stéphanie et Marc-Olivier se retrouvèrent enfin seuls chez cette dernière, il avait plusieurs interrogations qui étaient restés sans réponse jusque là et il voulait avoir certaines réponses. Il a attendu qu'ils soient sur le point de se coucher pour oser commencer la discussion.

- Steph, peux-tu m'expliquer qu'est-ce qui s'est passé entre Bruno et toi? Je pense que je mérite des précisions après la soirée qu'on a passé.

Stéphanie a regardé son amoureux qui était bien assis dans le lit. Elle qui croyait pouvoir éviter cette conversation, elle tenta de la reporter à plus tard.

- Est-ce que c'est nécessaire qu'on en parle absolument ce soir? Ça ne pourrait pas attendre à demain.
- Bruno a gâché notre soirée et en plus, je l'ai frappé. Je pense que la moindre des choses serait que tu m'expliques pourquoi tout ça est arrivé, non?

Stéphanie a soupiré parce qu'elle était vraiment ennuyée par la situation. Devait-elle dire toute la vérité à Marc-Olivier? Devait-elle lui avouer que pendant qu'il se morfondait parce qu'elle le repoussait, elle avait couché avec Bruno? Comment allait-il réagir? De toute manière, cela s'était passé avant même qu'ils soient ensemble. Il ne pouvait lui en vouloir d'avoir eu une vie sexuelle active avant de le rencontrer. Et s'il prenait tout de travers?

- Stéphanie, j'attends toujours des explications.
- Je sais, mais je ne sais pas par où commencer. Bruno et moi, c'est une longue histoire.
- J'ai tout mon temps.

Il était clair qu'elle ne pourrait pas s'en tirer aussi facilement qu'elle l'aurait souhaité. C'est avec un léger pincement au coeur qu'elle commença son récit de sa relation avec Bruno. Elle a d'abord commencé à expliquer que Bruno était principalement le meilleur ami de son frère Julien et qu'ils s'étaient connus par le hockey. Les deux avaient longtemps joué dans les mêmes équipes. Bruno, étant un peu moins talentueux que Julien, avait réussi à être repêché dans la même ligue junior que Julien, mais il n'avait jamais percé. Bruno s'était alors contenté de jouer junior AA et avait fait une technique pour travailler dans les mines. Bruno et Stéphanie étaient devenus amis par la force des choses. Ils se voyaient souvent avant qu'elle ne parte à l'extérieur de la région pour faire ses études universitaires. Par la force des choses, Bruno était devenu son ami à elle aussi.

- Jusqu'à présent, c'est une belle histoire d'amitié entre un gars et une fille. Mais il doit clairement s'être passé quelque chose pour qu'il agisse comme il l'a fait ce soir.
- J'y arrive, un peu de patience.

Stéphanie a poursuivi son récit en disant que Bruno n'avait jamais apprécié son ex Nicolas et qu'elle n'avait jamais véritablement su la réponse. Bruno avait toujours été méchant au sujet de Nicolas.

- Tu imagines que lorsque j'ai découvert que Nicolas m'avait trompé, Bruno a joué les protecteurs avec moi. Il voulait me changer les idées et que je sois à nouveau heureuse.
- C'est ce que les vrais amis font.
- Je sais. Pour y arriver, Bruno m'a sorti dans les bars à quelques occasions. Je profitais des soirées pour me changer les idées et noyer ma peine. On a toujours été proche moi et lui. Une chose en amène une autre et...
- Vous avez couché ensemble, a dit Marc-Olivier en tentant d'avoir un ton détaché.
- Oui, c'est arrivé à deux reprises.
- À peu près au même moment où je te faisais clairement des avances.
- Comprends-moi bien, ce n'était pas facile d'accepter qu'un gars comme toi s'intéresse vraiment à moi.
- Ça veut dire quoi, a-t-il répondu sur la défensive.
- Tu sais bien ce que ça veut dire. Tu étais l'athlète populaire qui jouait avec les filles et qui pouvait se le permettre. J'avais l'impression d'être ton nouveau défi à mettre dans ton carnet de chasse.
- Ça n'a jamais été cela pour toi. Tu as toujours été différente des autres pour moi.
- Je le sais, mais à ce moment-là, j'étais mélangée. Je venais de rompre et un des mes étudiants me faisait du rentre-dedans. Bruno me connaissait et savait comment me rassurer. De toute façon, on avait fait un pacte qu'il n'a pas su respecter.