Un long voyage en autobus (suite)

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"Si j'étais à sa place, je n'aurais jamais voulu te faire de la peine à ce point-là."

Stéphanie n'a pas su comment réagir. Devait-elle le repousser ou le remercier pour sa gentillesse? Elle a hésité et n'a pas su que faire. Elle a finalement souri timidement. La pause repas s'est terminée et tous les passagers ont pris place à nouveau dans l'autobus. Stéphanie a demandé à Marc-Olivier s'il désirait être près de la fenêtre et il lui a répondu non. Ils se sont assis et Marc-Olivier a pris ses écouteurs. Il était sur le point de mettre en marche sa liste de chansons lorsque Stéphanie l'a interpellé.

- Qu'est-ce que tu écoutes?
- Un peu de tout! Tu veux écouter, lui a demandé Marc-Olivier en lui tendant une oreillette.

Stéphanie a accepté et ils ont écouté de la musique ensemble. Marc-Olivier a partagé son manteau avec elle. Ils n'ont pas parlé, mais ils ont semblé se rapprocher. Après presque une heure, Stéphanie a pris la main de son voisin qui était cachée sous le manteau. Personne ne pouvait les voir ainsi. Il s'est trouvé et a souri à Stéphanie. Il a constaté qu'elle s'était de nouveau endormie. Cependant, il a remarqué un léger sourire sur ses lèvres et il a osé espérer que c'était un peu grâce à lui.

Stéphanie a ouvert les yeux à Val-d'Or. Elle sentait son bras droit engourdi. Elle s'est tournée et a constaté que Marc-Olivier s'était lui aussi assoupi. Il avait la tête sur son épaule. Cela devait faire un moment qu'il étaient comme ça pour qu'elle ressente un inconfort. Elle a tenté de changer de position sans le réveiller, mais elle n'y est pas parvenue. Marc-Olivier a ouvert les yeux et s'est excusé de s'être endormi sur elle.

- On est où?
- On fait une pause à Val-d'Or.
- OK, a-t-il répondu en s'étirant.

Il a regardé l'heure sur son téléphone portable et il a constaté qu'il avait des messages. Il a répondu à tus en quelques minutes.

- J'ai dormi longtemps, a-t-il demandé.
- aucune idée. Je pense que je me suis endormie avant toi.

Il ne restait qu'un peu plus d'une heure à leur voyage. Ils ont discuté de ce qui les attendait dans les prochains jours. Marc-Olivier a parlé de la fin de la saison qui s'en venait et de l'école. Stéphanie a discuté de ce qui l'attendait au collège. Rendu à Cadillac, elle a pris quelques secondes pour texter Marie-Ève.

- Tu parles avec qui, a-t-il dit avec curiosité.
- À mon amie Marie-Ève. C'est elle qui vient me chercher à la gare.
- Je vois.
- Qui vient te chercher?
- Vince comme d'habitude.
- J'oubliais que vous étiez inséparables, a-t-elle souligné en ricanant.

L'humeur de Stéphanie s'était amélioré tout au long du voyage. Elle souriait et elle avait même fait quelques blagues. Marc-Olivier lui en avait fait la remarque et elle était restée songeuse un moment avant de poursuivrez la discussion. L'autobus est finalement arrivé à Rouyn-Noranda. En sortant du véhicule, Stéphanie a tout de suite remarqué Marie-Ève. Elle lui a fait un signe de la mai et elle a récupéré ses valises. Marc-Olivier se trouvait toujours près de Stéphanie.

- C'est ton amie?
- Oui, c'est elle. Vince est arrivé?
- Il m'a écrit qu'il serait là dans deux minutes.

Marie-Ève s'est approchée de son amie et lui a fait un câlin. Marc-Olivier s'est mis un peu en retrait.

- Comment vas-tu, s'est enquit Marie-Ève.
- Ça va.

Sans le vouloir, Marc-Olivier s'est raclé la gorgé à ce moment et les filles se sont tournées pour le regarder. Stéphanie s'est empressée de faire les présentations. Il a tendu la main à Marie-Ève et ils ont échangé une poignée de main. Marie-Ève a lancé un regard à Stéphanie qui voulait dire: "Tu vas me devoir une explication." Poliment, Marie-Ève a demandé si quelqu'un venait le chercher. Il a répondu que son ami devait arriver d'une minute à l'autre. Elle lui a proposé de patienter avec lui, mais il a décliné l'offre.

Stéphanie s'est assurée que c'était vraiment ce qu'il souhaitait. Il lui a confirmé une fois de plus que tout était correct. Elles l'ont laissé sur le débarcadère. Elles avançaient vers la voiture de Marie-Ève lorsque Vince a immobilisé la sienne près d'elles. Il a salué timidement Stéphanie. La voiture en marche et les portes fermées, Marie-Ève a pu enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres.

- Tu m'expliques pourquoi il était dans ton autobus.

Stéphanie à fait une histoire courte. Elle n'avait pas tellement envie de s'étendre sur le sujet.

- Il est au courant que c'est fini avec Nicolas?
- Pour qui me prends-tu? Je viens à peine d'apprendre qu'on m'a trompé et je sauterais tout de suite sur un autre.
- Et alors? Au moins, tu ne te sentirais plus coupable.
- Quelle logique d'homme, Marie! Je ne lui ai rien dit, mais il s'en doute et ça m'agace.
- Pourquoi?
- Parce que je n'ai plus de raisons de refuser ses avances. Je ne suis plus son professeur et je ne suis plus en couple. Il a le champ libre.
- Ça peut être bien aussi.

Stéphanie n'en était pas convaincue. Elles sont arrivées à la maison de Marie-Ève et elles ont fait du café. Elles ont pris place autour de la table de la cuisine. Marie-Ève a demandé à son amie de lui raconter ce qui s'était passé à Sherbrooke. Stéphanie a déballé l'histoire sans retenue. Elle n'avait plus besoin de cacher sa peine et sa rage. Elles ont parlé jusqu'aux petites heures du matin. Après avoir vidé son sac, Stéphanie s'est demandée où étaient Frédéric et Emma.

- Fred est dans le nord pour le travail et j'ai demandé à mes parents de garder la petite. J'ai dit qu'on avait une urgence toutes les deux et ils étaient trop heureux de la gâter.

Complètement épuisée, Stéphanie s'est dirigée vers la chambre d'amis et y a trouvé le sommeil très rapidement. Le lendemain, elle devrait annoncer à ses parents que tout était terminé entre Nicolas et elle. La tâche ne serait pas facile.

La tentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant