La tentation

Le temps des remords

Stéphanie avait de la difficulté à croire qu'elle s'était laissée faire. Elle en tremblait lorsqu'elle en a pris véritablement conscience. Qu'avait-elle fait? Pourquoi n'avait-elle pas été en mesure de le repousser une bonne fois pour toute? Et Nicolas qui arrivait dans deux jours! Elle s'est mise à paniquer. Elle devait parler à quelqu'un. Elle a réussi tant bien que mal à téléphoner Marie-Ève. Malheureusement, c'est Frédéric qui a répondu à l'appel. Stéphanie n'avait pas prévu cela et l'angoisse a grandi un peu plus en elle.

- Steph, ça va?
- Pas du tout, est-ce que Marie est là?
- Elle est partie faire des courses. Elle...
- Ah non, a dit Stéphanie en commençant à sangloter.
- T'es où Steph?
- Je suis au collège, a-t-elle dit en pleurant.
- Je vais te chercher. Ne bouge pas j'arrive.
- Je ne veux pas te déranger, a-t-elle reniflé.
- T'as besoin d'aide, ça s'entend. Donne-moi quinze minutes et je suis là.
- Merci Fred.

Pendant qu'elle attendait Frédéric, Stéphanie a tenté de ne pas pleurer et surtout de ne pas avoir l'air dévasté. Elle avait presque réussi lorsqu'elle est montée à bord du camion de son ami. Il l'a regardé et lui a demandé ce qui avait bien pu la mettre dans un tel état. Elle n'a pas osé lui dire et elle s'est retenue pour ne pas se remettre à pleurer. Elle était sur le point de céder lorsqu'elle a entendu un jouet couiner. Elle a regardé à l'arrière du camion et a vu Emma qui lui faisait un grand sourire. Stéphanie lui a fait un sourire tristounet pendant que Frédéric lui expliquait qu'il était seul avec la petite lorsqu'elle avait téléphoné.

Stéphanie n'a rien dit du trajet. En sortant de la voiture, Emma à exigé que Stéphanie la prenne dans ses bras. Elle a porté la fillette à l'intérieur et s'est assise avec elle pour jouer. Frédéric a essayé à quelques reprises de discuter avec Stéphanie, mais celle-ci refusait toute conversation. Elle était absorbée par le fait de jouer avec la petite. Il les laissa ensemble et s'est dirigé vers la cuisine où il a téléphoné à Marie-Ève la prévenant de la visite de Stéphanie.

- Elle n'est vraiment pas dans son assiette, chérie.
- Sais-tu pourquoi?
- Elle refuse de me parler.
- Elle fait quoi en ce moment?
- Elle joue avec Emma.
- Tiens le coup, j'arrive dans 30 minutes.

Frédéric a raccroché et est retourné dans le salon. Il a indiqué à Stéphanie que Marie-Ève allait être bientôt de retour. Elle a à peine réagi et a poursuivi son jeu avec Emma. Comme si la fillette sentait la tristesse de Stéphanie, elle s'est approchée d'elle et lui a fait un câlin. Stéphanie l'a prise dans ses bras et l'a bercé. Ce n'était pas qu'Emma avait besoin de réconfort, c'était plutôt Stéphanie qui en ressentait une certaine satisfaction. C'était elle-même qu'elle réconfortait en faisant cela. La petite s'est endormie presque instantanément. Frédéric a suggéré à Stéphanie d'aller border Emma. Elle s'est levée et a transporté le petit ange jusqu'à son lit.

Emma avait l'air si paisible dans son sommeil. Stéphanie est restée dans sa chambre à l'observer pendant un moment. Les larmes se mirent à rouler sur ses joues. En contemplant l'enfant, Stéphanie a pris conscience de tout ce qu'elle pourrait foutre en l'air. Avec Nicolas, ils avaient déjà abordé la question des enfants et il était clair qu'ils en voulaient. Ils souhaitaient seulement que Nicolas ait terminé ses études avant de fonder leur famille. Pourquoi sentait-elle qu'elle était prête à renoncer à tout cela pour un flirt avec Marc-Olivier? Appuyée sur le berceau, elle caressait la petite tête blonde d'Emma tout en lui chuchotant de ne pas grandir trop vite. Marie-Ève est arrivée sur l'entrefait et a mis sa mai sur l'épaule de son amie.

- Ça ne va pas? Viens tout me raconter.

Elle a entraîné Stéphanie jusqu'à la cuisine où elle lui a demandé si elle avait mangé. Stéphanie lui a répondu par la négative et a signifié qu'elle n'avait pas faim. Son amie ne l'écouta pas et lui a préparé un léger repas. Assise devant son assiette, Stéphanie a trouvé l'appétit. Marie-Ève n'a pas dit un mot du repas. Elle a laissé son amie manger. Elles ont terminé le tout par un café. Ce n'est qu'à ce moment-là que Marie-Ève questionna Stéphanie. C'est ainsi qu'elle a dévoilé qu'elle avait embrassé son étudiant et qu'elle avait aimé ça. Marie-Ève était sous le choc, mais elle tentait de rester calme et surtout de ne pas juger. Elle savait que son amie avait besoin d'une oreille attentive et qu'elle était capable de se dénigrer toute seule.

Après avoir entendu le récit complet de l'incident, Marie-Ève a posé la question que Stéphanie redoutait le plus.

- Qu'est-ce que tu vas faire?
- Je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis mélangée Marie.

Le coeur de Stéphanie allait flancher. Elle savait qu'elle aimait toujours Nicolas, qu'elle aimerait faire sa vie avec lui. Mais d'un autre côté, tout avait l'air plus simple avec Marc-Olivier. Il était intéressé par elle et il lui démontrait. Nicolas ne l'avait pas fait depuis un bon moment. Cela ne faisait pas de sens qu'elle craque pour un gars plus jeune que son frère, un joueur de hockey de surcroît. Pour ajouter à la situation, il était u de ses étudiants. Le coeur de Stéphanie balançait entre la stabilité et l'aventure. Elle qui avait toujours été raisonnable, elle sentait que tout dérapait.

Marie-Ève a posé une nouvelle question pour tenter de comprendre ce que ressentait son amie.

- Qu'est-ce qu'il te fait ressentir quand il est là? Tout part de là.

Stéphanie a cherché les bons mots. Elle voulait être certaine que Marie-Ève comprenne.

- Je me sens vivante lorsqu'il est près de moi. Mon corps en entier s'emballe à sa vue. Il me fait sentir désirable Marie.
- Mais c'est souvent comme ça au début et après, les sensations que tu décris font place à des sentiments plus forts, plus profonds.
-Je sais tout ça! Je n'avais jamais ressenti ça aussi fort. Même au début avec Nicolas, ce n'était pas comme ça.

Marie-Ève a fait une pause et a réfléchi. Son après mie avait l'air sérieuse concernant son béguin pour son étudiant, mais la situation était dangereuse.

- Serais-tu prête à tout risquer pour lui? Serais-tu prête à perdre Nicolas et ton emploi pour aller jusqu'au bout de cette histoire?
- Bien sûr que non. J'ai toujours voulu enseigner et j'aime ce que je fais.
- Et pour Nicolas?
- Peut-être, a admis Stéphanie.
- Si c'est ce que tu penses, prends le temps des Fêtes pour analyser ta relation avec lui. Tu pourras prendre une décision sur ton couple. Si ça signifie de quitter Nicolas, ce sera ton choix.

Stéphanie savait que c'était ce qu'elle devait faire. C'était la solution la plus logique. En y pensant, elle s'est mise à pleurer. Marie-Ève a tenté de la consoler et de comprendre ce qui lui causait de la peine.

- Marie, c'est tellement injuste pour lui. Il s'en vient à Rouyn en pensant que tout va bien et moi, je vais analyser si je veux encore être avec lui. Il ne mérite pas ça.
- Tu ne penses pas que c'est mieux ça que d'apprendre que tu le trompes.

Encore une fois, Marie-Ève avait visé juste. Elle s'est levée faire un câlin à son amie qui en avait grandement besoin. Une fois que Stéphanie eut retrouvé ses esprits, Marie-Ève lui a demandé ce que son étudiant avait de si spécial. Stéphanie a tenté de le décrire de la façon la plus neutre possible, mais ses yeux avaient un éclat que Marie-Ève n'avait pas vu depuis longtemps. Elle a compris que cette histoire n'était pas qu'un feu de paille et que son amie irait probablement au bout de celle-ci. Marie-Ève ne savait pas si elle devait se réjouir de voir son amie de la sorte ou si elle devait s'en attrister. Elle avait tellement l'impression que Stéphanie fonçait droit dans un mur la tête baissée. Mais que pouvait-elle faire de plus que de l'écouter et la réconforter au besoin.

Elles ont parlé encore pendant des heures. Frédéric avait fini par aller se coucher. Il ne s'était pas mêlé aux histoires de filles de la soirée. Il saurait bien assez vite quel était le drame. Marie-Ève a mis un terme à la conversation alors qu'il était près d'une heure du matin. Stéphanie voulait rentrer chez elle en taxi, mais Marie-Ève a réussi à la convaincre de dormir chez elle. Elle l'a amené dans la chambre d'amis et lui a souhaité bonne nuit. Stéphanie a gardé que ses sous-vêtements et s'est faufilé sous les couvertures. Couchée, elle a eu de la difficulté à trouver le sommeil. Le visage de Marc-Olivier revenait toujours la hanter. Sortant de nulle part, Nicolas apparaissait peu de temps après. Épuisée, elle a fini par s'endormir.

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Que va faire Stéphanie? Va-t-elle rester avec Nicolas ou va-t-elle tout risquer avec Marc-Olivier ?

Les choses vont se préciser dans les prochains chapitres.