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La soirée s'est terminée comme elle avait commencée, dans les rires et les effusions. Nous avons finis dans la chambre de Javier au foyer, Amy, Alex, Chris, Nolan, moi et deux filles inconnues au bataillons ramassées dans la boîte de nuit.
Autant dire qu'on est à l'étroit mais les afters sont toujours propices à la proximité. Nous finissons les bouteilles que Javier stocke chez lui pour les fins de soirées et quelques joints finissent de nous aliéner le cerveau.
Après mon altercation avec Ryan, j'ai dansé à m'en donner des ampoules et je sais déjà que demain j'aurai mal partout. Je me sens soulagée d'avoir rompu avec ce tocard même si une certaine nostalgie m'envahit quand je repense à nos nuits enflammées, même peu nombreuses elles étaient, comment dire....torrides.
Je me demande comment ça se serait passé si mon chemin n'avait pas pris un tel virage. De toute façon c'est ainsi, je ne sais pas où je vais mais j'y fonce sans parachute alors autant ne pas avoir de regret. Je rencontrerai sûrement des tas de mecs canons dans les prochains mois.

Une des filles se sent mal à côté de moi et se lève pour aller vomir dans le lavabo de Javier, je sais déjà qu'il va la virer avant même d'avoir conclu. Il déteste qu'on dégueulasse son appart. Javier viens d'une famille riche qui préfère payer une fortune pour tenir leur fils éloigné de leur quotidien ultra rigide. Il est très intelligent mais surtout très anticonformiste et cela ne cadre pas du tout avec les plans de papa maman. Il a pourtant gardé le goût de la propriété, ses affaires sont les siennes et il ne partage pas. Dommage pour elle, elle ne finira pas dans son lit ce soir! Je rigole toute seule en y pensant mais personne n'y prête attention, tout le monde étant soit crevé soit défoncé.

Je m'accroche au bras d'Amy en espérant qu'elle me supporte encore un peu, je me sens tellement fatiguée que je ne sais pas comment je vais faire pour aller jusqu'à mon lit.
Je pense à mon retour demain matin et je suis excitée comme une puce, j'ai hâte de retourner là bas et de poursuivre ma route mais j'ai aussi les boules de laisser mes amis à nouveau. Je suis tellement bien avec eux, ils sont ma famille, les seuls avec qui je peux être moi même et dire tout ce qui me passe par la tête sans censure aucune. Je sais qu'ils seront toujours près de moi, je ne les laisserai jamais partir de toute façon. Je crois qu'en fait, chacun d'entre nous avons nos fêlures et qu'on se comprend dans nos paradoxes.... c'est certain je suis défoncée !

Je me lève péniblement en titubant à moitié et m'agrippe au bras d'Amy qui m'imite instinctivement, j'attrape mon verre d'alcool non identifié et le lève en guise de toast:

-les mecs, j'ai passé une soirée mémorable, encore une, vous êtes géniaux et je vous aime vraiment beaucoup. Je ne sais pas de quoi sera fait demain mais pour l'instant je sais que le moment est venu pour moi d'aller au pieu. Santé! !!
-santé !disent ils en coeur.

Je me dirige vers ma chambre en entraînant Amy avec moi, je crois qu'en fait, contrairement à ce que je pensais, c'est plutôt moi qui la supporte ce soir, ou ce matin c'est comme on veut!

-On dort ensemble hein?
-oh oui j'ai pas la force de monter les escaliers de toute façon.

Nous nous écroulons comme deux ivrognes sur mon lit, j'ai juste le temps de penser que j'ai oublié de me brosser les dents que je sombre déjà dans le sommeil. L'hygiène attendra demain.

...

Nous nous sommes réveillées vers quinze heures sans trop savoir exactement l'heure à laquelle nous nous étions couchées, nos cerveaux endoloris et déconnectés. Nous avons discuté, allongées à côté l'une de l'autre sans même nous regarder, juste en étant là. Je lui ai parlé de Ryan, de Calabano, de Julie et de Sanders et puis de moi.

-tu devrais appeler ta mère, Lyla, ça fait longtemps
-putain tu as raison. J'ai pas eu de nouvelles depuis la signature du contrat. Je crois qu'elle est jalouse que je sois si proche de papa et qu'il gère un peu le côté administratif de tout ce merdier.

Évidement! Comment pourrait-elle le prendre autrement? Il m'arrive quelque chose de totalement fou et elle est de l'autre côté de l'atlantique impuissante et seule. Elle se pose des milliers de questions, comme toujours, retournant inlassablement le speech dans sa tête. Son incrédulité m'a poussé à espacer mes coups de fils mais c'est injuste de ma part. Je comprend qu'elle soit inquiète. Ma mère a eu beaucoup de mal à faire accepter à sa famille cette enfant non prévue venue de nulle part.
Elle a rencontré mon père alors qu'il était en voyage d'affaire à Paris et le plan cul d'un soir à viré au cauchemar quelques mois après quand elle s'est rendu compte qu'elle était enceinte. Mes grands parents voulaient qu'elle avorte mais elle ne l'a pas fait, devenant le vilain petit canard de cette famille bien sous tous rapports. Elle a été rejetée quelques temps jusqu'à ce que je naisse avec difficultés, ma venue ayant finalement été le déclencheur d'un pardon commun. J'ai grandi avec la sur protection de ma mère, sous le regard inquisiteur de ma grand mère. Mon père étant alors ma bouffée d'oxygène, il était tout ce que ma famille maternelle n'était pas et je me suis longtemps sentie frustrée de ne pas vivre avec lui, ce que je pensais être le paradis, la liberté, le rire et l'amusement. Mais les illusions se perdent avec les années, j'ai grandi, je me suis rebellée et suis entrée en guerre contre ma mère quand j'ai rencontré ce garçon incroyable qu'était Mathieu.
Il était beau comme un dieu, drôle et bagarreur et il se fichait pas mal des obligations et de la bonne tenue. Bref il représentait une autre figure de liberté assumée et je suis aveuglement et totalement tombée sous son contrôle, amoureuse et stupide.
Ma mère a perdue pied, ne sachant plus comment me faire entendre raison, je sortais chaque soir sans lui dire, je suivais mon mec dans tous ses délires, même les pires, et me retrouvais dans des situations hallucinantes pour une fille de mon âge. Elle a passé un paquet de nuit blanches à pleurer à cause de moi, je le sais aujourd'hui et je m'en veux. A l'époque elle avait appelé mon père à l'aide et il avait répondu présent mais je savais déjà à ce moment là, dans mon for intérieur, que ma relation amoureuse n'était pas saine et que je devais faire quelque chose.

Ma relation avec ma mère s'est ameliorée avec le temps, la distance et la prise de conscience mais les séquelles de toute cette histoire sont profondes et je sais qu'il y a encore du chemin à faire pour faire table rase du passé. Aujourd'hui tout va mieux, je dois juste lui montrer que j'ai mûri, que j'ai compris qui j'étais vraiment et ce que je voulais faire de ma vie. Mais est ce que je le sais finalement?

Après notre interminable discussion nous avons rejoins Alex, en bad total, et Javier qui a toujours l'air frais même après une nuit blanche. Il nous a dit avoir jeté les filles, trop bourrées pour baiser, et avoir fini les bouteilles en compagnie de Chris et Nolan. Je ne sais pas où les mecs trouvent leurs batteries mais nous ne sommes pas faits pareil j'en suis intimement convaincue.

J'ai passé le dimanche, la tête dans le guidon, en mode radar, à essayer de tenir une conversation avec tout le monde. J'aime aussi ces moments là, quand tu es mal et que tu n'as plus la force de faire des efforts. Après une grosse soirée, on subit tous notre sort, n'essayant même pas de lutter pour paraître quelqu'un qu'on n'est pas. Juste traînant notre peau ratatinée en attendant l'heure d'aller enfin se coucher. C'est souvent dans ses moments là qu'on est le plus soi même et qu'on se marre le plus. Ce dimanche n'a pas dérogé à la règle, la mauvaise humeur d'Alex et la libido inassouvie de Javier étant un bijou de répartie. A quatre nous avons ri comme des gosses.

Et le dimanche a laissé place au lundi.
Les adieux larmoyant de la première fois se sont transformés en quelque chose de plus doux, de moins tragique, car nous savions tous que le weekend suivant serait le même que celui que nous venions de vivre. Et j'avais moi même beaucoup plus envie de retourner dans ce monde encore inconnu et effrayant à la fois. Je me sentais pousser des ailes à imaginer mon futur quotidien tout en redoutant de perdre le contrôle de mon ego. A ce moment précis j'étais la proie facile pour les requins aux dents longues et je le savais, mais si je menais bien ma barque je pouvais faire quelque chose de vraiment top.
Restait juste à terminer cette formation et à commencer enfin ce pour quoi tout le monde se donnait tant de mal : l'entrée en scène.

When Stars Are ShiningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant