When Stars Are Shining

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Aujourd'hui c'est le grand jour!

Pour la deuxième fois de ma vie je commence le tournage d'un film.
Et pas n'importe lequel!
La suite de "Nowhere to go".
Après de nombreuses répétitions ultras confidentielles, des annexes à n'en plus finir aux divers contrats et des appels aux partenaires pour caler les dernières modifications, nous avons réussi à tous nous retrouver pour démarrer l'aventure dans des conditions optimales.

Éric a été très directif, franc et impartial. Il a orienté son film sur un nouveau terrain de jeu et ne tolère pas qu'on lui mette des bâtons dans les roues. Nos discussions ont été un peu houleuses au début parce qu'il n'appréciait pas trop que mon nom soit désormais associé à celui de Jordan et je lui ai promis que je ferai tout pour n'être que Zoé.
A la fin de ce putain de film, le spectateur ne verra qu'elle. Elle "sera" et personne ne pensera plus à mon petit ami...je suis folle non?

En fait Éric a surtout une pression dingue pour faire encore mieux que le premier opus. Il faut qu'il frappe fort, à contre pied. Il a choisi d'orienter son scénario vers un film plus léger mais aussi plus déjanté. Il s'inspire clairement d'un Romero ou d'un Tarantino. Et cet univers trash et coloré me va bien. J'y retrouve Zoé avec plaisir même si je n'ai aucune idée de la nuance à lui donner.
Zoé à été pour moi un exutoire, une transcendance de mes angoisses et de mes folies. Elle a donné une histoire à mes délires noirs les plus enfouis et c'était facile de la parer de ce spectre un peu morbide, du spleen viscéral de ma vie passée. Je la vois comme l'égérie d'un mal être perdu en moi quelque part, pas tout à fait là mais pas tout à fait parti non plus.

Aujourd'hui, je dois lui donner un nouveau manteau, une nouvelle couleur. Zoé à trouvé la rédemption, la paix. Elle a laissé sa carcasse désenchantée et revancharde derrière elle pour s'ouvrir enfin au monde. Elle doit apprendre à le voir sous un angle nouveau, un angle plus positif, elle doit se libérer du mal qu'elle a porté toute sa vie pour accueillir l'espoir d'une vie moins sombre. Zoé doit renaître de ses cendres et incarner un renouveau.
Éric veut qu'elle apparaisse tel un nouveau né, qu'elle subisse la vie autour d'elle comme un jeux vidéo, avec les yeux d'une enfant sauvée. Et plus j'y pense plus je me retrouve aussi dans ce scénario là. Cette version de l'histoire me plaît car elle répond à tout ce que j'ai parcouru jusqu'ici. Traverser l'enfer pour découvrir un monde nouveau dans lequel l'incroyable peut arriver.
J'ai dis un jour à Éric qu'il avait écrit ces films pour moi et j'en suis convaincue. Ce type à écrit mon histoire en mode fiction. Alors j'ai franchement hâte de laisser enfin ma joyeuse folie transpirer, de donner libre court à mes délires de gamine dopée aux plaisirs fugaces.
Zoé sera rock and roll.

Éric a adoré ma prestation lors des répétitions, je pense que c'est pour ça qu'il m'a lâché la grappe avec Jordan. Il a senti que je n'avais pas perdu le fil qui nous reliait tous, les membres de l'équipe et les acteurs. Il a compris que j'étais toujours Zoé, son fantôme est toujours derrière moi.
Sanders, lui, a eu plus de mal à entrer dans son rôle. Éric ne lui a pas fait de cadeau et a dépravé le personnage de James au plus haut sommet de la perfidie.
Dans ce deuxième round c'est lui l'âme torturée.
Dans ce deuxième round, Zoé doit le sauver.

A la fin du premier film, James croit Zoé morte et ça anéanti les dernières traces d'humanité qu'il avait en lui. Il récupère les vestiges de son père mort, lui aussi, et devient le nouveau maître de la "mafia" cruelle et impitoyable. Dans cette suite, James jouit de son statut de "padre" sans aucun plaisir.
Il tue, il baise, il vit sans aucune saveur. Le seul amour qu'il a jamais ressenti pour quelqu'un est parti dans la tombe de Zoé sur laquelle il se recueille une fois par mois. Son coeur est rempli de vide et il flirte avec la mort tous les jours, que ce soit la sienne ou celle des autres.
D'ailleurs il n'hésite pas à abattre froidement ses victimes en les regardant dans les yeux. Peut être le seul endroit où il arrive à capter encore un peu de sentiment. Ses hommes le détestent autant qu'ils le craignent et quand l'un d'entre eux fomente un plan pour le supprimer du monde des vivants tout le monde hoche la tête. James est aussi seul que sur une île déserte sauf qu'autour de lui, il n'y a que des crocodiles affamés.