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Dans la voiture qui nous ramène à la villa, le temps semble s'étirer aussi doucement que le paysage qui défile devant moi. L'air est chargé ou alors c'est la pesanteur étouffante sur ma poitrine qui m'empêche de profiter du voyage.
Alex est assis à côté de moi me serrant le bras comme une groupie, Javier conduit le véhicule de location, un hummer noir énorme bien peu adapté à nos besoins. Javier m'a dit un jour qu'il adorerait conduire un hummer et quand nous sommes venus au soleil et avons cherché une voiture j'ai voulu lui faire plaisir. De toute façon je m'en fous de la voiture qui me traîne. Je me sens usée, laminée, je me repasse le film de cette interview sans cesse dans ma tête, n'arrêtant pas de modifier le scénario. J'ai l'impression d'avoir foiré un truc mais je ne sais pas quoi, c'est très frustrant.
Il a une photo de moi dans son téléphone! C'était si irréel et si vrai à la fois. Je sens encore ses yeux sur moi.

-à quoi tu penses ma belle, chuchote Alex pour ne pas que Javier entende.
Il est d'une humeur massacrante depuis que je les ai retrouvés.
-je n'arrête pas de me refaire le film de cette après midi. Je suis.....retournée. je suis une gamine pathétique, dis-je en reportant mon attention sur le paysage
-arrête de délirer, tout le monde serait sous le choc, il t'a dragué devant le monde entier sans scrupules normal que tu sois chamboulée.
-j'ai réagit comme une fillette non?
-tu as été toi, drôle et sincère, authentique. On ne pourra pas te le rapprocher.
-tu as surtout laissé un gamin te faire son numéro sans rien dire, intervient Javier. C'est nul, les gens vont penser que t'es une pétasse ridicule.
-ok merci, tu es adorable aujourd'hui, dis-je en serrant les dents.
-t'es vraiment un connard, qu'est ce qui te prends toi!?lui demande Alex
-rien mais ça m'énerve de la voir gâcher la bonne image que les gens ont d'elle pour un débile.
-mais t'es qui toi putain? Crié - je trop fort. Tu dragues tout ce qui bouge depuis que je te connais, sans état d'âme. jamais. Et tu devrais savoir que je me fous totalement de ce que pense les gens. Toi y compris.
-d'accord alors je ferme ma gueule et puis c'est tout. Fais ce que tu veux, fous toi la honte, qu'est ce que tu veux que je te dise? Que t'as raison? Que c'est bien? J'aime pas voir un blaireau te la raconter devant tout le monde, alors je dis ce que je veux ok?
-putain mais c'était juste une interview Javier, je le reverrai sûrement jamais de toute façon. Il n'y en a pas tant que ça si? Je lui ai pas léché le cul non plus ça va quoi!
Il me regarde dans le rétro, son regard est un peu détendu, il sourit presque. Je suis contente qu'il s'inquiète pour moi, me sentir maternée. Mais j'ai horreur qu'on me dise quoi faire surtout que je n'ai rien fais de mal.
-léché le cul? il hausse un sourcil alors qu'Alex pouffe de rire à côté de moi.
-bah oui quoi! dis je en réprimant un sourire
-Quelle fille fait un truc aussi degeu serieux? Dit il au bord de la crise de rire
-oh c'est une image dis-je en riant tout à fait.
-encore heureux putain, il explose de rire.
L'habitacle de la voiture se vide aussitôt de toute animosité, soulagée je pose ma tête sur l'épaule de mon ami. Le coeur plus léger mais l'esprit préoccupé. Alors c'est vrai? Je ne le reverrai jamais. A cette idée je tremble, déçue. De toute façon c'est la vie, rencontrer des gens et les quitter, changer de route encore au croisement des chemins.
Alex me prend une main, le silence remplissant de nouveau la voiture.
-je suis trop content d'être là! Ça va être les meilleures vacances de tout ma vie.
Je me redresse pour le regarder dans les yeux. Cet ami qui lutte pour garder la tête hors de l'eau tout seul dans cette grande ville. Je me sens soudain mal d'avoir monopolisé toute l'attention et de ne l'avoir même pas accueilli comme il se doit.
-Alex tu m'as tellement manqué, on va s'éclater, tu vas voir.
Je lui fais un câlin réparateur.
-J'espère bien bordel! J'ai pris mes plus belles fringues.
-en parlant de teuf, intervient Javier en allumant la radio, le clip sort après demain. Mo veut faire une teuf samedi soir. Je pense pouvoir privatiser "le solar".
-pourquoi privatiser? J'aime bien danser dans la foule. Dis-je en baillant.
-je vais voir avec lui, il décidera.
La radio passe une musique insipide pendant que mon esprit se perd lentement dans l'obscurité du sommeil.

Elle était là! Il lui a parlé, il l'a regardé, il l'a touché. Il sent encore la douceur de sa peau sous ses doigts. Il n'aurait pas dû car maintenant il ne peux plus oublier à quel point c'était agréable. Il sait qu'elle était gênée mais elle n'a pas repris son bras, elle l'a laissé faire....
Quand elle a tourné les talons il a eu envie de la suivre et pourtant il l'a juste regardé s'éloigner. Comme un con.
Il rêvait de la rencontrer, d'une façon ou d'une autre et aujourd'hui il l'a serré dans ses bras, ok pas vraiment un câlin mais quand même! Elle est encore mieux que dans sa tête, vive, sensitive, douce et carrément bonne. Il sait qu'il lui plaisait et il n'a même pas été foutu de lui demander son numéro. Quel gros nase! Il n'a plus qu'à mater ses photos à l'infini. Il a déjà mis celle où elle porte ses lunettes sur son Insta, serrés l'un contre l'autre il a senti comme elle avait chaud. Il garde jalousement l'autre pour lui, quand elle a penché sa tête sur son épaule. Ses grand yeux bleus gris qui regarde l'objectif et qui le regarde maintenant.
Il a eu des tas de conquêtes. Des filles souvent faciles, toujours attirées par sa célébrité. Des filles qui n'avaient rien à lui offrir qu'il n'avait pas déjà. Il s'est delecté de leurs corps parfaits, de leurs bouches offertes, de leurs bras tendres. Il n'a eu qu'une histoire sérieuse, trop sérieuse pour être exposée malheureusement, une histoire d'amour sacrifiée sur l'hôtel du star system. Aucune chance, trop tôt, trop jeunes, trop de tout en fait. Après il a papillonné parceque c'était plus facile de prendre et de ne jamais donner. Il n'a pas eu autant de filles que les médias le disent, il faut toujours qu'ils lui inventent une vie pour exister à travers lui ou les gens comme lui. Mais il ne regrette rien du tout car la rumeur le sert souvent, "il vaut mieux qu'on parle de toi en mal qu'on ne parle pas de toi du tout" lui disait son ancien mentor. Il n'est plus très sûr que ce soit vrai mais il a appris à jouer avec les codes du milieu, à tirer les ficelles du métiers. Il est doué.
Pourtant aujourd'hui il n'a pas brillé, il s'est senti maladroit. Bon il s'est un peu rattrapé dehors mais elle s'est enfuit quand il a été trop direct. Il n'aurait pas dû la toucher : elle a eu peur. Pourquoi as t-elle eu peur?
Il voulait juste voir tous les tatouages sur son corps, son corps si moulé, incroyable! Passer ses doigts sur chaque courbe de sa peau douce et sentir encore le frisson le parcourir au moindre contact.
Putain il a vraiment fait de la merde! Il n'a plus rien que ses photos pour le narguer.
Comment faire pour la revoir? Ellen a dit qu'elle avait eu contact avec Calabano qui avait ensuite transmis à Lyla mais il ne peut pas appeler Calabano. Non? Non. Il ne se ridiculisera pas à ce point là. Il a beau chercher un moyen il ne voit pas comment la retrouver.
Il se sert une bière bien fraîche avant d'aller se rafraîchir dans la piscine. Le jour descend à peine et il fait encore bon. Dans sa poche son portable vibre.
-Allo.
-hé Jordan, la forme?
Keri l'appelle souvent, une adorable pétasse de plus dans sa vie. Il se demande souvent si elles gravitent autour de lui pour profiter de sa lumière ou si elles sont sincères. Il s'en fout dans les deux cas car il profite bien de leur présence aussi mais c'est toujours mieux de savoir.
-cool, et toi?
-super.
-qu'est ce que tu veux?
-oh rien je me demandais ce que tu faisais ce soir?
-rien je vais me mater un film avec un pote. Je suis mort. Et toi?
-en sort au "busstoo" avec les filles. Tu pourrais venir ça serait top?
-et être le seul mec? non ça va aller. Mais merci.
-allez il y aura des mecs, il y en a toujours. Et ça te fera du bien, on va bien s'amuser. Et il y aura des meufs à la pelle pour toi bien finir la soirée.
-j'en sais rien keri, jsuis pas vraiment d'humeur. C'est tentant mais...
-bon je ne vais pas te supplier. Tu sais où me trouver si tu changes d'avis. Au fait c'est quoi cette photo? Tu as rencontré Lyla Ravis?
Il avale une gorgée de sa bière.
-ouais. Je l'ai vue chez Ellen cet aprem.
-ça fait deux photos d'elle en moins d'un mois, fais gaffe ça va commencer à jaser.
-je m'en branle totalement.
-elle est comment?
-elle est cool, enfin je crois. Et drôle aussi. Elle te plairait.
-ouais. Elle est belle en tout cas. Vous avez parlé?
-keri pourquoi tu me poses toutes ces questions putain?
-je demande c'est tout, tu me dis rien!
-oui on a parlé, tu veux un compte rendu détaillé?
-vas te faire voir, je m'intéresse c'est tout.
-ok laisse tomber. Me saoule pas sinon je passe pas ce soir.
-ça va ça va, j'arrête. T'es pas drôle aujourd'hui qu'est ce que t'as?
-rien t'inquiète je suis crevé. Je vais me poser un peu et je vous rejoins plus tard.
-super. A toute Jo.
-bisous ma belle.
Il s'est souvent dit qu'être entouré de nanas aussi possessives et intrusives n'était pas très bon pour lui mais il aime leur compagnie, être vue avec elles. c'est plus facile d'etre une star avec une belle fille au bras même si derrière la photo elle est ultra chiante et toujours compliquée. Il s'en fout d'habitude, il supporte bien le temps d'une soirée, ça passe. Ce soir il n'est pas sur et en plus il est totalement vidé.

When Stars Are ShiningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant