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Le temps que l'écran ne s'anime, Lyla se rajuste et cherche sa meilleur tête. C'est le premier Skype avec Jordan depuis son départ il y a six jours. Ce soir le téléphone n'aurait pas suffit, elle a besoin de le voir.
Elle a envie d'être parfaite pour lui, pour qu'il ressente encore plus l'envie d'être avec elle, mais ce n'est pas très juste étant donné qu'il n'est pour rien dans la distance qu'il y a entre eux.

Aujourd'hui elle a tourné une scène très sentimentale, paradoxalement mise en boîte dans les premiers jours de tournage, cette scène clôturera le film, et elle s'est sentie bizarre, mal à l'aise. Sanders n'y est pour rien, au contraire, mais elle a été envahi d'une certaine tristesse après que le plateau se soit vidé de tous les techniciens. Tout ceci n'est qu'illusion.
Derrière les pages de script et les lumières des projecteurs il n'y a rien. Une fois la fourmilière endormie il ne reste rien que soi même. Et le constat est rude.
Elle s'ennuie quand elle ne joue pas, Jordan lui manque et elle ne ressent plus cette sensation de plénitude auprès de Sanders. Javier passe sûrement les meilleures vacances de sa vie, profitant à fond des aventures qu'un tel endroit peut proposer. Quand Lyla est sur le plateau, il part à la découverte de l'île et rentre le soir, comblé.
Parfois il l'accompagne sur le tournage et observe, assiste un peu l'équipe, prend des contacts. Toute l'équipe est formidable et l'ambiance est familiale, presque intime.
Lyla adore ça bien sûr, mais il lui manque. Plus qu'elle ne l'aurait cru, elle aurait pensé que ça passerait vite mais pas du tout.
Alors devant son écran Lyla angoisse. Elle se regarde, replace une mèche, un peu de gloss. Et attend au rythme des battements dans sa poitrine que Jordan lui réponde.

...

Depuis qu'elle est partie, Jordan à comblé le temps. Il est sorti chaque soir pendant cinq jours, entouré de plein de potes, buvant plus que de raison. Il a fait du sport et bossé ses textes...un peu.
En réalité se passer de Lyla a été aussi difficile que ce à quoi il s'attendait. Pas de surprise. Il savait qu'il allait morfler et ça a été le cas. Il n'a pas arrêté de penser à elle et toutes ses vaines tentatives pour détourner son cerveau de son image n'ont fait qu'empirer son emprise sur lui.
Alors il est content de pouvoir lui parler par Skype, même si le réveil est difficile après la longue nuit qu'il a passée.
Il est impatient de la voir et de l'entendre, de lui parler.
Impatient de regarder son sourire, ses yeux et déjà frustré de ne pas pouvoir toucher sa peau. Il se passe la main dans les cheveux, boit une gorgée d'eau minérale et attend que la connexion s'établisse.

Quand l'écran s'allume enfin, le contact visuel est presque irréel, magique. Derrière les pixels de leurs ordinateurs respectifs les sourires sont immédiats et le soulagement palpable, de chaque côté du globe.

-hey, salut ma beauté.
-Bonsoir toi. Ça va?
-non. Je veux que tu rentres, je fais de la merde sans toi.
-arrête. Je rentre très bientôt de toute facon. Je ne t'ai pas tant manqué que ça si on en croit les tabloïds.
-ne lis pas ces merdes Lyla, je t'ai dis que c'était une mauvaise idée, tu vas lire tout un tas de conneries qui...
-je plaisante Jo, je blague. J'ai confiance en toi t'inquiète. J'ai bien d'autres choses à faire ici de toute façon.
-raconte moi. Comment ça se passe?
-hum et bien...il fait chaud et beau mais le soir tombe vite ici. J'aime bien cet endroit mais...en fait non. J'aime pas être ici. Tu n'es pas là et tu me manques. Je bosse deux fois plus pour faire passer les jours plus vite mais honnêtement je suis crevée. L'équipe est cool, on s'amuse bien et Javier est au paradis, je pense. Mais moi...je m'ennuie un peu. Voilà. Et toi quoi de neuf?

Ils éclatent de rire en même temps. D'un geste brusque et tendre il pose un doigt sur l'écran comme pour toucher ce visage d'ange qui vient de booster sa journée.

-et bien, moi aussi je m'ennuie, et je passe le temps comme je peux. J'ai hâte que tu rentres c'est tout. Tu as de ces cernes!!!
-oui, je sais. On a bossé comme des dingues et je suis morte. Je vais me coucher direct après.
-quelle heure il est chez toi?
-vingt heure dix et toi?
-dix heure du matin. Je viens de me lever. Je n'aime pas me dire que nous sommes si décalés. C'est nul! Tu devrais te réveiller dans mes bras, je devrais pouvoir te sentir. La prochaine fois que tu pars si loin, je me planquerai dans ta valise.
-espèce de fou.

When Stars Are ShiningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant