Quand j'étais petite ma mère ne disait jamais "je t'aime".
Personne ne le disait jamais.
Dans ma famille, on n'avait pas l'habitude de se parler de ces choses là. Alors ce sont des mots que je n'entendais pas beaucoup. Je les disais à mes poupées ou à mon petit chien pour faire comme dans mes livres mais jamais à personne de réel.
Ça ne me manquait pas parce que je me sentais aimée, juste que je ne savais pas mettre de mot sur ces sentiments là.
Petite, on ne disait pas "je t'aime" chez moi.
Quand j'ai commencé à sortir avec des garçons, ils le disaient trop facilement et ça n'avait pas de sens non plus, ça ne voulait rien dire. Mathieu a pensé jouer avec ces mots là pour m'atteindre plusieurs fois mais on ne peut toucher quelqu'un avec quelque chose en laquelle il ne croit pas.
"Je t'aime" ne signifiait rien pour moi.Je n'ai compris la portée de cette phrase que le jour où ,sur mon lit d'hôpital, ma mère en pleurs me les a murmuré à l'oreille. Ce jour là, j'ai vu ma mère au bord d'un précipice se vider de son essence et j'ai vu mon père la soutenir. J'ai vu mes parents unis et proches, j'ai vu leurs gestes tendres envers moi, envers eux même et j'ai compris. J'ai compris que malgré la vie qu'ils menaient chacun de leur côté, ils ne s'oublieraient jamais. Que j'étais la preuve vivante de leur amour impossible.
J'ai compris que j'étais l'incarnation d'un amour.
Alors quand ma mère m'a dit "je t'aime" désespérément, j'ai compris ce que ces mots voulaient dire. Et je les ai gardé jalousement, fière d'avoir enfin un vrai "je t'aime" dans mon coeur.Des mots que je garde aujourd'hui précieusement pour ceux qui comptent vraiment, ceux pour qui je donnerais tout et ils sont rares. Des mots que je distribue sans restriction à mes vraies amours pour être sûre que je ne quitterai jamais l'un d'eux sans qu'il le sache mais que je banni des autres, du mensonge ou de la futilité.
Je garde ces mots pour les bonnes personnes parce que quand j'étais petite on ne disait pas "je t'aime chez moi....
Une larme coule sur sa joue, il la sent sur la peau de son cou. Il la sent glisser dans le pli de sa nuque.
Lyla le sert dans ses bras et une larme coule sur sa joue. Il n'est pas très sûr d'avoir bien fait de lui balancer tout ça. Après toutes ces émotions nocturnes, c'est peut être trop pour elle. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle pleure et ça le contrarie, il ne veut pas être celui qui la fait pleurer.
Il voulait juste qu'elle comprenne, qu'elle sache à quel point il a besoin d'elle, à quel point il veut être avec elle. Il voulait lui dire ce qu'il avait sur le coeur parce que personne ne lui a fait ressentir un truc pareil avant elle.Elle a refusé deux fois de se montrer avec lui. Pourquoi? Une vague excuse bidon? A t-elle honte? A t-elle peur? La colère est montée dans sa poitrine, bêtement mais sûrement. Personne ne lui refuse jamais rien! Alors il a flippé. Il a flippé d'être à sa merci. Il a eu peur de perdre le contrôle. Il n'a plus su comment lui parler, il voulait lui montrer avec son téléphone mais elle s'est enfuit... encore.
C'est là que les mots sont sortis tout seuls, pour la retenir, désespérés. Des mots qu'il n'a jamais dit à personne d'autre que sa famille. Il a ressenti du soulagement et de la gêne. Vide du poids des mots et lourd du temps suspendu entre eux alors qu'elle est contre lui avec une larme sur la joue.Il attend.
Il attend qu'elle lui parle encore. Il se dit qu'il peut attendre la journée entière si elle reste contre lui. En fait il peut attendre la vie entière tant qu'elle reste avec lui.
Il sent son souffle dans son cou quand elle parle enfin, tout bas. Il ne l'entendrait pas à l'autre bout du lit mais là il l'entend et son corps entier se liquéfie intérieurement. Quelque chose gonfle dans son ventre, dans sa poitrine, quelque chose se bloque dans sa gorge.
Elle parle enfin, tenant son coeur entre ses mains.-moi aussi je t'aime, Jordan. Tu m'as trouvé et maintenant je ne veux plus jamais te perdre.
Il lui attrape doucement la tête pour voir ses yeux. Il plonge dans ce bleu profond et infini qui lui promet tant de choses. Il plonge dans ce regard sincère et doux. Elle sourit, délicate et touchée, elle sourit et il sent sa larme discrète terminer sa course dans le creux de sa clavicule. Cette larme le fait frissonner. Ou bien ses yeux? Ou bien elle, tout simplement.
-c'est vraiment une matinée terrible, dit il en souriant à pleine dent. Je voulais te montrer quelque chose sur mon portable, c'est pour ça que je l'ai pris.
-tu voulais me montrer quoi?
-je ne suis pas sûr de devoir te le montrer en fait, c'est un peu...bizarre.
-montre moi, insiste t-elle.Il lui tend son téléphone.
Son téléphone c'est toute sa vie, il retournerait dans une maison en flamme pour lui et il ne le prête jamais à personne. Il y a beaucoup de chose dedans, des futilités et des secrets, des musiques par milliers et des fichiers sur pleins de choses et pleins de gens. Des fichiers que personne ne devra jamais voir.Il y en a un sur Lyla, le plus récent et pourtant le plus fourni. Dans ce fichier, il y a tous les articles qu'il a téléchargé sur elle et toutes les photos qu'il a prises d'elle. Des photos volées ou non, des photos parfaites. Des photos qu'il matent continuellement quand elle n'est pas avec lui.
Elle écarquille les yeux en faisant glisser son doigt sur l'écran pour faire défiler les images. Elle est trop belle, ses cheveux châtains qui ondulent négligemment sur ses épaules, ses yeux expressifs immenses, sa bouche douce et dessinée. Elle est trop belle. Tout le temps.-putain Jordan, quand est ce que tu les prends, je ne te vois jamais faire? Tu en as tellement.
-six cent quarante sept photos exactement, trente huit articles de presse et quarante trois vidéos. Films, interview, vidéo de pap, présentation de presse, tout ce que je trouve et puis celles que je fais depuis que je te connais. Je suis un pro en capture d'images.-bon sang mais c'est ouf!
-j'ai commencé ce fichier la première fois que j'ai vu le film, je voulais juste pouvoir te regarder. Et puis ensuite c'est devenu une drogue, plus je te connaissais plus je voulais combler ton absence. Aujourd'hui, on est ensemble mais quand tu n'es pas là c'est toujours pareil. Je regarde encore et encore toutes les photos. Parce que maintenant celles que je fais sont personnelles, personne ne les trouvera jamais sur le net. Elles ne sont qu'à moi. Lyla, je ne sais pas pourquoi mais j'aime être avec toi, j'aime te voir, t'entendre, te sentir. Et je déteste quand t'es pas là, je me fais tellement chier sans toi...je voulais que tu viennes avec moi parce que je ne supporte plus de ne pas pouvoir être avec toi tout le temps. Excuse moi si c'est trop pour toi mais je m'en fous en fait. Je préfère que tu saches. Après tout ça...cette nuit...c'est spécial entre nous, tu le sais?
-okay...j'avoue que c'est... baré...tu es baré Jo, tu sais?Elle replonge dans le téléphone et esquisse un sourire en regardant les photos. Il sait que c'est un peu dingue en effet mais il assume, il assume toujours ce qu'il fait même quand c'est pourri alors...
Elle repose le téléphone et lui tend en se mordant la lèvre, il sourit en essayant de ne pas focaliser sur ce geste absolument torride.
-on n'a jamais fait un truc aussi mignon pour moi. C'est fou... j'adore ça.
-alors tu viendras avec moi samedi?Elle s'approche de lui et lui passe la main dans les cheveux en l'obligeant à la regarder.
-écoute moi, pour une raison que je ne peux pas t'expliquer pour l'instant mais que tu comprendras très bientôt je ne peux pas venir avec toi. Crois moi j'adorerais y aller avec toi parce que, fais moi confiance, j'ai carrément hâte de parader à ton bras. J'ai vraiment hâte de pouvoir dire à tout le monde à quel point tu me fais rêver toi et tout ce qui fait que tu es toi. OK? Alors fais moi confiance et sois un tout petit peu patient. Fais moi confiance d'accord?
-merde, souffle t-il déçu, tu fais chier ça aurait pu être dingue cette cérémonie avec toi.
-ça sera dingue fais moi confiance, lui lance t-elle avec un sourire malicieux.
-pourquoi tu dis ça?
-parce que tu vas déchirer et moi je te retrouverai après et crois moi je te ferai oublier mon absence. Tu en redemanderas peut être...
-hum hum...tu m'intéresses bébé. Ne fais pas de promesses que tu ne tiendras pas.
-je tiens toujours mes promesses.Elle l'embrasse encore dans le cou, en faisant glisser sa langue sur sa peau déjà sensible. Il frémit. Elle en profite pour se glisser sous les draps et se frotter contre lui.
Encore! Cette fille est insatiable! Il n'a pas le souvenir d'avoir déjà autant pris son pied avec une fille avant elle. Autant de fois. Il pourrait la baiser à longueur de temps, d'ailleurs il ne pense qu'à ça.-tu en veux encore? Tu es une vraie obsédée ma parole!
-toujours quand je suis avec toi!Il n'en fallait pas plus pour qu'il plonge en elle, encore et encore, qu'il plonge à en arrêter de respirer.
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When Stars Are Shining
Dla nastolatkówLyla est une jeune femme pleine de vie. Étudiante et entourée d'amis fidèles elle découvre la liberté que lui offre la vie loin de sa famille. A la terrasse d'un café, un homme lui fait une proposition étonnante. Elle ne se doute pas à quel point c...