50

41 2 0
                                    

Tout à commencé quand j'étais au lycée. En dernière année.
A l'époque, j'étais une fille sage, normale, tirée à quatre épingles.
Un petit ami parfait et des copines adorables.
Tout allait très bien pour moi. J'étais bien dans ma vie, ma mère était compréhensive et mon père, bien qu'à l'autre bout du monde, savait être là pour moi. Il était là aux moments importants et je me suis toujours sentie aimée de mes parents.

Dans mon lycée, je n'étais pas spécialement populaire mais j'étais appréciée. Je préparais le bac, un examen français qui détermine la suite de ta scolarité, je voulais aller à la Fac étudier les arts et les lettres. J'avais une vie toute tracée et, hormis les aléas des émois classiques d'adolescente, tout allait pour le mieux.

Quatre mois avant la fin de l'année scolaire, un nouvel élevé est arrivé au lycée. C'était exceptionnel de changer d'école aussi tard alors les rumeurs disaient qu'il avait fait tout un tas de conneries pour finir par être viré de son bahut. Il était à peine là qu'il avait déjà mauvaise réputation.

Il s'appelait Mathieu, il était grand, déglingué et sombre. Il faisait un peu peur parce qu'il avait un air autoritaire et froid. Il se la pétait tout le temps et chambrait tout le monde. Je ne lui prêtais pas attention, il était trop bizarre pour moi je crois.
Au bout de quelques jours, il était intégré, il avait une bande de copains avec qui il fumait des clopes en cachette derrière l'école, il tenait tête aux surveillants, il sifflait les filles dans la cour. Un vrai débile.

Je ne sais pas quand il m'a remarqué mais un jour, alors que nous sortions tous de nos cours respectifs, il m'a donné un coup d'épaule terrible sans s'excuser. Je l'ai insulté de connard dans le couloir et je suis partie de mon côté. Le lendemain il y avait une fleur dans mon casier avec un seul mot : "désolé". Je n'ai pas compris tout de suite de qui venait ce cadeau, je ne pensait déjà plus à l'accrochage avec Mathieu et comme je m'étais pris la tête la veille avec mon copain je croyais que c'était lui.
J'ai su que c'était Mathieu quand il m'a demandé pendant la pause de midi si j'aimais les roses.
C'est là qu'il a commencé à me parler, il me posait plein de questions, sans jamais répondre aux miennes, il voulait tout savoir de ma vie, de ce que j'aimais le plus. Des trucs personnels, des discussions interminables.
Pendant la récréation, il venait parfois me taper la discute en s'incrustant dans mon groupe, sans saluer personne et sans sourire non plus. Il était vraiment mal élevé. Mais il commençait à m'intriguer et je me surprenais le matin à penser à lui plaire au moment de choisir mes vêtements.
Un jour il a fait un bout de chemin jusqu'à chez moi après les cours et il m'a dit que mon mec était nase et con et que je méritais mieux que ça. Je me disputais de plus en plus souvent avec Pierre, mon copain, il était si lisse, si prévisible.
Il ne me regardait pas comme Mathieu le faisait.

Un jour, j'étais en cours quand le haut parleur du proviseur a retentit dans toute l'école. Mathieu s'était enfermé dans le bureau pour parler au micro et dire à tout le monde qu'il trouvait que j'étais la plus belle fille du lycée et qu'il aimerait trop sortir avec moi.
Évidemment ça a fait le buzz au bahut pendant une semaine et moi je suis tombée amoureuse de lui.
J'ai largué mon copain et je suis sortie avec Mathieu.

C'est là que les ennuis ont commencé.
Au début c'était une belle histoire passionnée. Nous étions toujours ensemble, il ne me lâchait pas d'une semelle refoulant mes amis derrière mon dos pour être seul avec moi. Il venait en douce au pied de ma maison pour me voir le soir jusque tard dans la nuit, il m'emmenait partout le weekend dans Paris, visiter des lieux insolites. J'avais l'impression de vivre à deux cent à l'heure. Je ne voyais pas la cage qu'il construisait autour de moi, me coupant des autres doucement. J'ai commencé à faire le mur la nuit pour le suivre dans ses expéditions nocturnes avec ses potes pour tagger les murs de la ville.
C'est lui qui m'a initié à cet art, c'est probablement l'une des seules choses positives que je retiens aujourd'hui d'ailleurs.
La journée nous séchions parfois les cours pour aller fumer des cigarettes et boire des bières dans les parcs avec sa bande.
Il avait plein de copains en dehors du lycée.
Je traînais avec lui partout jusque dans des squats pourris où je le regardais se prendre un rail de coke. Il était de plus en plus négatif, toujours à se victimiser : "moi j'étais trop bien pour lui, il ne me méritais pas", ce genre de truc.
Et moi je le réconfortais toujours.

When Stars Are ShiningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant