IV.

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Ma chambre est immense

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Ma chambre est immense. Quand je dis immense, c'est-à-dire vraiment très grande ! Je ne m'y attendais vraiment pas, et lorsque j'ai pénétré à l'intérieur après avoir poussé la porte, je n'ai pas pu empêcher le hoquet de surprise de sortir d'entre mes lèvres. C'est littéralement la chambre de mes rêves. Tout un mur est remplit par une bibliothèque, plus grande que la minuscule commode ou s'entassaient mes trois-quatre bouquins préférés. Un immense lit trône contre le mur opposé, et une baie vitrée immense remplace le troisième mur. Sur le mur de la porte d'entrée, il y a un placard, sûrement capable de recevoir le double de tous mes vêtements. Après avoir pris le temps de tout observer, je me laisse tomber sur le petit banc, devant le lit, et je prends ma tête entre mes mains. Mon père à dû lui filer quelques tuyaux pour que la pièce me corresponde autant... Les livres. L'immense lit que je n'ai jamais pu avoir. Le grand placard. Oui, ma mère a dû se renseigner. Cela m'agace, et en même temps, j'ai l'impression que pour une fois, elle s'est intéressée à moi et quelque chose traverse mon cœur... Du plaisir, peut-être. En dix-sept ans, c'est la première fois qu'elle fait quelque chose pour moi et c'est assez agréable. Cependant, cela n'enlève rien au fait qu'elle m'a obligé à quitter le foyer où je vis sans elle depuis dix-sept ans, et ça, je ne peux pas l'accepter. C'est plus fort que moi et la colère m'envahie de nouveau d'un coup. Précipitamment, j'ouvre mon sac à main et déniche ce dont j'ai besoin, mon sésame du moment : mon paquet de cigarettes.


Une seconde plus tard, après avoir compris comment s'ouvre la baie vitrée, je me retrouve sur une petite terrasse privative, et en reste bouche-bée, c'est la cerise sur le gâteau. Je ne sais pas pourquoi, mais un élan de colère me submerge, tout est tellement parfait ici, que ça me met en rogne ! Maison parfaite, on s'imagine tout de suite la vie de famille qu'il doit y avoir ici ! Ivre de colère, je glisse le bâton de nicotine entre mes lèvres, et l'allume. La première bouffée est toujours celle que je savoure le plus. J'inspire profondément, et je ferme les yeux... Tout de suite, ça me permet de me détendre. Sauf, que ça ne dure pas bien longtemps.

Des pas se font entendre dans mon dos, et j'ouvre brusquement les yeux avant de faire volte face et de tomber nez à nez avec ma mère. Elle ne dit rien pendant une longue minute, et je l'observe sans détecter une seule once de colère ou de déception dans son regard. Elle se contente d'un sourire maladroit, puis glisse sa main dans sa poche, pour en extirper son propre paquet de cigarettes. Elle allume la sienne, sans avoir encore parlé. Perturbée, je reste planté bêtement là, mon bâtonnet à mi-chemin de mes lèvres.


« - Chacun fait ce qu'il veut ici, Ethel. Isabelle et moi défendons l'idée que nous apprenons de nos erreurs. » Je ne sais pas quoi répondre à une telle phrase, alors je reporte ma cigarette à mes lèvres, et je tire de nouveaux dessus. À la dérobée j'observe la femme qui m'a mise au monde, et je me rends finalement compte que je ne sais strictement rien d'elle, pas même son métier. Cela ne fait que renforcer mon idée, elle m'a abandonné et m'a tenue à l'écart de sa vie pendant toute mon existence.
« - Ta chambre te plait ? » Me questionne-t-elle, en plongeant son regard bleu dans le mien.
« - Oui. » Je réponds, sans plus m'attarder sur le sujet. Face à moi, elle sourit, mais je vois bien la déception se propager dans son regard. Quoi ? Elle espère renouer le contact avec moi après toutes ses années d'absence aussi facilement ? Je sens qu'elle s'apprête à me dire quelque chose, mais elle finit par abandonner, et soupire.
« - Je vais voir ton frère. » Me murmure-t-elle, avant de balancer sa cigarette à moitié entamée dans un cendrier que je n'avais jusque-là même pas vu. J'entends ses pas s'éloigner de moi, mais je ne la regarde déjà plus.


Ma chambre donne sur le côté portail, et mon regard est rivé droit sur la voiture qui vient de pénétrer à l'intérieur de la propriété. C'est pile-poil le genre de voiture que je n'aurais jamais les moyens de m'offrir. Une espèce de décapotable vintage de couleur rouge. Plus tape à l'œil, tu meurs, je me dis alors que le conducteur descend de la bagnole. C'est un adolescent qui en sort, à peine plus vieux que moi si je me fie à mon sixième sens. Il a tout du parfait crétin, et je pense directement que je vais le détester. Pour moi, il n'est qu'un de ces gosses de riche, né avec une cuillère d'argent dans la bouche.

Soudain, il lève les yeux, et mon regard croise le sien. Je recule précipitamment de plusieurs pas, pour me dérober à sa vue, puis je fronce les sourcils en me demandant ce qui m'a pris. Je cherche à tirer une nouvelle taffe sur ma clope, mais me retrouve finalement au bout du bâtonnet. Désespérée, je balance mon mégot dans le cendrier, puis rentre de nouveau dans la chambre.
Ma valise est posée sur le sol, encore fermée. Je m'en approche et l'ouvre, pour découvrir les quelques affaires que j'ai emmenées. Des vêtements principalement, mais aussi mes carnets de croquis, mes crayons, mes tubes de peinture, et mon appareil photo. Oh et bien sûr, un exemplaire tout abîmé d'Orgueil et préjugés, que j'emmène partout avec moi. Je ne mets pas bien longtemps à ranger mes vêtements, mais je me retrouve avec tout mon matériel artistique sans savoir quoi en faire.


« - Bonjour Ethel.... » Commence une voix, avant de stopper net, sans doute en apercevant tout mon matériel sur le sol. Je lève les yeux et croise le regard bleu du fameux garçon de la voiture. Il sourit de toutes ses dents, et a les sourcils haussés. « Encore une artiste ! » S'exclame-t-il soudain, alors que le silence est en train de devenir pesant... Je ne suis pas sûre de comprendre, alors je me mords la lèvre.
« - Pourquoi tu dis ça ? » Je le questionne, une seconde plus tard, envahi par la curiosité. Il me regarde comme si je descendais d'une autre planète, et je comprends que c'est sans doute quelque chose que j'aurais dû savoir. J'imagine qu'Alistair sait déjà ce que ce mec va m'apprendre... Je grimace, le nouveau venu va me prendre pour une égoïste.
« - Ma mère est plasticienne... Et ta mère photographe. » Lâche-t-il soudainement. Je soupire. Ouais, c'est sans doute un truc que j'aurais dû savoir.
« - Ah... Je vois. » Il parait complètement déboussolé par ma réaction, et je ne peux pas lui en vouloir. Je sais que j'ai l'air de me foutre complètement de tout ça... Et c'est le cas en fait. Je n'ai pas plus envie d'être ici que la veille, ou le jour où j'ai appris que j'allais venir.
« - Je te laisse finir de ranger ! » S'exclame le garçon dont je ne connais toujours pas le nom. Alistair a dû me le dire, mais je ne devais pas écouter. Une seconde plus tard, il quitte la chambre. Ce mec est un véritable courant d'air, c'est assez perturbant.


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Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant