Il ne faut pas plus de quelques jours pour que ça devienne pire, malheureusement. Kehan continue de jouer son rôle à la perfection devant tout le monde, mais lorsque nous ne sommes que tous les deux, c'est tout autre chose, son masque tombe et il se montre réellement. Il ne perd pas une occasion de m'énerver. Parfois, il se contente de me frôler, et d'autres fois, il m'embête réellement, en mettant de l'huile piquante dans mon assiette, ou en m'enfermant sur mon balcon lorsque je suis en train de fumer. Personne ne semble s'en rendre compte, et c'est ça qui me rend le plus dingue. Comment fait-il pour ne jamais se faire prendre ? Cela demeure pour moi un mystère complet.
Un matin, je décide que monsieur s'est assez amusé, et que c'est à mon tour de répliquer. J'attends que tout le monde ait déguerpi de la baraque. Isabelle et ma mère sont partie travailler, Kiara a passé la nuit chez une amie, Mia est en stage de cheval pour les trois jours à venir. Quant à mon frère, Alistair, il s'est éclipsé le premier sans doute pour aller courir avec Victor, avec qui il semble passer tout son temps depuis un moment. En somme, il n'y a que Kehan et moi dans la villa. Et je suis la seule qui est réveillée.
Je prépare mon coup depuis plusieurs jours, je voulais peaufiner mon plan dans les moindres détails. J'attrape quelques petites babioles dans mon armoire, puis je me glisse hors de ma chambre, pour rentrer dans la sienne, sur la pointe des pieds. Comme je m'y attendais, monsieur est encore en boxer. Sérieusement, je ne suis pas sûr qu'il sache ce qu'est un pyjama. Normalement, si tout se passe comme je l'ai prévu, les somnifères que j'ai glissés dans sa canette de bière hier soir, lorsque nous sommes restés dans le jardin pour discuter avec Alistair devraient m'assurer qu'il ne se réveillera pas avant un bon bout de temps. Avec un sourire niché au bord des lèvres, je me lance.
La première étape, est de parsemer son torse de diverses traces de marqueur. J'écris toutes les choses débiles qui me passent par la tête, et je m'étonne moi-même de mon imagination. Je passe ensuite à son visage, ou j'étale une bonne couche de maquillage. Oh qu'il est beau en femme, le salaud ! Je me retiens de rire, et passe à la seconde étape, qui consiste à lui vernir les ongles avec un bon vieux rose fluo. Par la suite, je vide les bombes de crème de chantilly que j'ai achetées, sur lui, et sur son lit. Quand j'ai fini, son lit ressemble à un gâteau géant. Je suis assez fière de moi, et le prends en photo, l'occasion est trop belle, il faut à tout prix que je garde une trace de ça.
Pendant une petite seconde cependant, je me demande de quelle manière, monsieur va réagir...
Puis, au moment de sortir de sa chambre, j'éclate de rire.
Je m'en fous complètement, il m'a bien cherché. Il n'a que ce qu'il mérite.
Maintenant, je n'ai plus qu'à attendre.
Et l'attente se fait longue. Soit les somnifères que je lui ai filés sont vraiment forts, soit ce mec à vraiment un sommeil de plomb. Puis finalement, au bout de ce qui m'a paru des heures, j'ai commencé à entrevoir sa réaction. Des cris ont retenti dans sa chambre. De mon lit, je l'imaginais, en train de se tourner et se retourner dans son lit, avec de la chantilly partout. Rien que d'y songer, j'éclate de rire. Je ne peux pas me retenir plus longtemps, c'est impossible. Cependant, je reprends rapidement -et tant bien que mal- mon sérieux, quand il fait irruption dans ma chambre, comme un fou. Il a l'air encore tout ensommeillé, et ne semble pas vraiment comprendre ce qui lui arrive. Le spectacle qu'il offre est assez comique, et je sens rapidement un sourire s'étirer sur mon visage.« - Tu t'es baigné dans une piscine de chantilly ou quoi ? » Je lance, en me mordant la lèvre pour éviter d'éclater de nouveau de rire. Kehan me jette un regard noir, il semble furieux.
« - C'est toi qui à fait ça Ethel ? » Il pose la question, mais je ne réponds pas tout de suite. Inutile que je le fasse, il sait parfaitement que c'est moi. Je lui lance mon sourire le plus hypocrite, et je m'exclame :
« - Moi ? » Marmonnais-je offusquée. « - Je n'aurais jamais osé, Kehan chéri, ce n'est pas du tout mon genre. » Un grognement s'échappe d'entre ses lèvres, et il quitte ma chambre, sans plus de cérémonie.
Par la suite, je l'entends marmonner dans la salle de bains, il hurle encore une fois, sans doute quand il découvre l'état de son torse et de son visage... Le pauvre, il n'est pas au bout de ses peines. Il reste des plombes sous la douche, sans doute est-il en train de frotter son corps jusqu'à rougir complètement pour retirer le marqueur que je lui ai mis de partout. J'espère que ça lui servira de leçon, et qu'il renoncera. Et si ce que je lui ai fait pour l'instant n'a pas suffit à le calmer, il changera sans doute d'avis dans... Oh, et bien maintenant à vrai dire. Un nouveau hurlement, à rendre sourd un bon entendant résonne dans toute la baraque et je devine que la dernière phase de mon plan vient de s'accomplir.
Une indescriptible envie de me lever et de le rejoindre dans la salle de bains me prend, je veux voir le résultat. Kelan, hélas, ne me laisse même pas le temps d'esquisser un mouvement, il se précipite hors de la pièce, et pénètre de nouveau dans ma chambre. Cette fois-ci, il est simplement vêtu d'une serviette, mais ça n'attire mon attention que pendant une demi-seconde... En fait, mon regard se porte presque instantanément sur ses cheveux, qui ont viré au vert. Là, je ne peux pas me retenir d'éclater de rire, et je glisse une main devant ma bouche pour tenter d'être discrète, c'est peine perdue.
« - Je vais te massacrer, Ethel ! » Qu'il me hurle, tout en se précipitant vers moi.
Oh. Oh. Oh.
J'aurais peut-être dû me sauver, en fait.
Salut !
Voila un petit chapitre drôle, avant qu'un truc plus sombre ne se passe ! Alors, selon la vengeance d'Ethel est-elle assez grandiose ? Que Kehan va-t-il lui faire à votre avis ? Je me suis beaucoup amusée à écrire ce chapitre, alors j'ai hâte de découvrir ce que vous en pensez !
La suite arrivera peut être ce soir... qui sait !
Lucrezia.
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Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]
JugendliteraturTout oppose Ethel et Alistair, faux jumeaux, pourtant, ils partagent une complicité à toute épreuve. Alors que leur année de première arrive à sa fin, leur père, qui les a élevé seul après le départ de leur mère lorsqu'ils étaient petits, leur annon...