Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]

XXXVI.

La maison est totalement déserte lorsque nous rentrons enfin. Mia est allée dormir chez une autre copine. Kehan ne voulait pas la laisser seule, juste au cas où nous rentrerions tard. C'est plus le contraire en fin de compte, il est tout juste minuit. Mais bon, au moins Mia ne nous voit pas dans l'état où nous sommes actuellement, c'est déjà ça de gagner. Je n'imagine même pas ce qu'on aurait pu lui raconter comme bobards si elle avait été là et si elle nous avait aperçu rentrer avec des bleus, des bosses et du sang sur tout le corps. Nous n'aurions pas échappé à un interrogatoire de sa part, ça s'est sûr et certain. Donc pour nous, c'est beaucoup mieux qu'elle ne soit pas présente ce soir. 

On monte rapidement à l'étage une fois que nous sommes entrés dans la maison, sans perdre de temps au rez-de-chaussée. Kehan se dirige directement vers sa chambre, dont il ouvre la porte brusquement, avant de la claquer derrière lui, ce qui me fait sursauter. Apparemment, sa colère est toujours intacte. Mais enfin, ce n'est pas une raison pour agir de la sorte, et s'enfermer sans m'adresser ne serait-ce qu'un bonne nuit ! Ce n'est pas de ma faute non de non !

S'il croit qu'il va m'échapper comme ça en plus, il se met le doigt dans l'œil... Jusqu'au cerveau. À peine, sa porte refermée, et ma stupeur passée, je me glisse dans la salle de bains, celle que nous partageons lui et moi et déniche, après plusieurs minutes de recherche, du désinfectant et du coton, que j'emporte avec moi. J'hésite une seconde devant la porte de Kehan, me demandant comment il va réagir, puis je glisse ma main sur la poignée, et abaisse celle-ci. La porte s'ouvre en grinçant légèrement, et j'entre dans la pièce, le regard rivé droit devant moi. Il lève les yeux vers moi lorsque je pénètre dans sa chambre, et soupire, en balançant son t-shirt tâché de sang sur le sol. Il a dû comprendre que je ne partirais pas, avant de m'être occupée de lui. Je m'approche donc de Kehan, et brandis mes armes. 

« - T'es venu me torturer ? » Souffle-t-il, l'air fatigué.
« - Tu le mériterais, t'as pas répondu à ma question sincère. » 

Il lève les yeux au ciel, puis se recule jusqu'à son lit, ou il s'assoit. Il me fait signe d'approcher, alors je m'avance jusqu'à lui, réduisant l'écart considérable qu'il y avait entre nous deux depuis notre arrivée à la villa. C'est vrai que depuis la plage, nous avions été particulièrement proches. Il avait même pris ma main, cinq minutes après notre départ et ne l'avait lâché qu'à notre arrivée ici. Je n'avais pas vraiment compris la raison de son geste, mais je ne voulais pas me torturer l'esprit en essayant de comprendre Kehan : il avait des réactions plutôt bizarres, ou étranges parfois.