XLVI.

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Contrairement à ce que Kehan imaginait, je ne me perds pas. J'arrive tant bien que mal à regagner la propriété, et avant même qu'il me rattrape ! Après avoir fait le tour de la villa, je reste clouée sur le parking, et je prends conscience que je suis bloquée ici. Je ne sais pas conduire, et il serait plus qu'imprudent de faire du stop à cette heure-là. Malgré la tristesse qui guide chacun de mes pas, chacune de mes actions depuis cette après-midi, je suis encore assez lucide pour me rendre compte que ce serait me jeter dans la gueule du loup. Un grognement s'extirpe d'entre mes lèvres, j'aurais dû réfléchir avant d'agir, c'était définitivement une idée débile. Je suis prête à faire demi-tour, quand je sens qu'on m'attrape par les hanches. Je n'ai pas besoin de me tourner pour s'avoir qu'il s'agit de Kehan. Son souffle se cogne près de mon oreille, son corps est collé au mien. Pendant une seconde, je ferme les yeux. C'est agréable. Je me sens bien en cet instant, j'ai l'impression d'être dans un autre monde, en sécurité. Loin de tous mes problèmes. De mon père malade. De ma mère qui m'a abandonné. De mon frère qui me cache des choses. 


« - Monte. Je t'emmène quelque part. »
« - Où ça ? »
« - Tu verras. » 


Une fois sa dernière phrase prononcée, il lâche mes hanches et fait le tour de la voiture. Au moment où il s'est détaché de moi, j'ai ressenti un vide profond. Un frisson me parcourt, et je me glisse à l'intérieur de sa voiture, dont il a remis le toit. Une fois que je suis assise, et qu'il a démarré, je glisse ma main dans la sienne. Il sursaute légèrement, mais il ne retire pas sa main. J'ai besoin de sentir sa présence. Il me rassure. Lorsqu'il pose brièvement son regard sur moi, je le remercie du regard, il hoche la tête pour me faire signe qu'il a compris. Son comportement est bizarre. Il est beaucoup trop gentil avec moi, ce n'est vraiment pas quelque chose de normal.


« - Qu'est-ce qui te prends ? Pourquoi t'es aussi gentil avec moi ? » Je lui demande soudainement, mue par une curiosité. Un éclat de rire traverse la barrière de ses lèvres, puis il serre un peu plus sa main dans la mienne. Au début, je pense qu'il ne va pas me répondre, mais sa voix finie par résonner. 

Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant