Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]

XXXI.

Le lendemain matin, lorsque je me réveille, j'ai la douloureuse impression que ma tête va exploser. Je mets plusieurs secondes à me rappeler pourquoi je suis dans un tel état. La fête. Je retiens Kehan avec ses soirées. Je mets un temps infini à ouvrir les yeux, et encore plus de temps pour m'asseoir. J'ai une terrible envie de vomir. Lorsqu'enfin je parviens à me tenir plus ou moins droite, je remarque que je ne suis vêtue que de ma culotte. Merde. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? J'essaye de me concentrer, et des bribes de souvenirs me reviennent. Moi buvant le verre de Kehan. Moi embrassant Kehan. Nous deux sur mon lit. Je ne me souviens pas de tout en détails, mais lorsqu'un souvenir remonte, les sensations remontent avec lui. Je n'aurais vraiment pas dû boire ce verre. C'était complètement inconscient ! Et je ne me souviens même pas pourquoi j'ai fait ça. Un grognement d'indignation s'échappe d'entre mes lèvres, et j'attrape la première chose qui me passe par la main pour m'en couvrir. Une fois que je l'ai enfilé, je constate que c'est le t-shirt de Kehan. Il y a encore son odeur dessus, que je hume pendant une micro seconde. Il faut que j'aille voir mon frère.

Le plus silencieusement possible je me glisse dans le couloir que je traverse. La maison est calme, tout le monde doit dormir. J'abaisse la poignée de la porte de mon frère doucement, et passe la tête dans l'entrebâillement de la porte. Il n'est pas seul. Victor est avec lui... Ils sont enlacés tendrement. Alistair a un sourire béat collé aux lèvres. Je referme la porte doucement. Je me souviens de ce qui a provoqué tout ça. Le baiser que je les ai vu échanger dans la cuisine, hier soir. Mon cœur se serre, et je rebrousse chemin.

J'ai un moment d'hésitation lorsque je passe devant la chambre de Kehan. J'ose jeter un coup d'œil à l'intérieur, et le découvre étendu sur son lit, complètement nu, une fille blonde niché dans ses bras et toute aussi nue que lui. Ma mâchoire se serre, et je fonce dans ma chambre.

J'envoie le t-shirt de Kehan valser au fond de mon armoire dans un geste de colère, et j'attrape un short et un débardeur quelconque, que j'enfile rapidement. J'ai besoin de changer d'air, désespérément.

J'étouffe.

Je traverse de nouveau le couloir, sans m'attarder cette fois-ci devant aucune des autres chambres. Une fois au ré de-chaussé, je constate que le salon est occupé par quelques personnes qui se sont assoupies, un peu partout. Je décide d'aller me chercher un truc dans la cuisine, et je tombe nez à nez avec Nine qui boit un café. Elle lève les yeux vers moi à la seconde où je passe le pas de la porte.

« - Salut. » Me lance-t-elle, en glissant dans sa bouche un bout de tartine.

« - Salut, Nine. » Je lui réponds, en me laissant tomber sur un tabouret.

« - T'as disparu hier. » Me fait-elle remarquer en arquant un sourcil.

« - Ouais. J'étais contrariée. » Ma réponse n'est pas tout à fait fausse et de toute façon, elle ne s'attarde pas dessus, c'est autre chose qui l'intéresse.

« - Kehan t'as cherché. Quand il est revenu, il était bizarre. Vous vous êtes encore disputés ? » J'aurais largement préféré éviter le sujet Kehan pendant au moins le reste de la journée. Nine ne me laissait pas vraiment le choix. Je mis plusieurs micro secondes à imaginer une réponse convenable et à la formuler :

« - Si on veut. » C'était pitoyable, mais je ne pouvais décemment pas lui dire que j'avais failli coucher avec lui !

« - Ça a du être un truc énorme alors, parce qu'il a été contrarié tout le reste de la soirée. Il a même fini au lit avec son ex, pour te dire. » Un nouveau grognement m'échappe, et je plonge ma tête entre mes mains. 

Je n'ai pas envie de savoir ça. Je n'ai même pas envie de parler de Kehan ! Tout ce que je veux, c'est prendre une aspirine, et me tirer d'ici.

 « - Tu lui as encore parlé de sa mère ? » Insiste Nine qui ne doit pas percevoir mon mal-être. Je lui lance un regard désespéré, avant de me lever pour me diriger vers le placard à pharmacie, dont je tire le précieux médicament qu'il me faut pour faire face à la douleur qui me tiraille.

« - J'en sais rien, Nine ! Je ne me souviens pas. » Finis-je par lui lancer, avant de gober la petite pilule.

« - Ça n'explique pas pourquoi il a couché avec Morgane. » Cette fois-ci, s'en est trop. Je ne prends même pas la peine de lui répondre et je me dirige vers la porte. Il faut que je me tire d'ici.

Je dois vraiment avoir la poisse, parce qu'au moment même ou je sors de la cuisine, Kehan cherche à y entrer. On se percute de pleins fouets. Ensuite, nos regards se croisent, et je rougis jusqu'à la racine de mes cheveux. Mes yeux tombent rapidement sur ses lèvres, et instinctivement, je porte mes doigts aux miennes. Je me souviens encore de la saveur de nos baisers. On est figé tous les deux et aucuns de nous n'est capable d'ouvrir la bouche. Qu'est-ce qu'on pourrait se dire de toute façon... ? « C'était génial hier, tu sais quand on a failli couché ensemble, puis que tu m'as laissé tomber pour finalement aller coucher avec ton ex. »

« - Vous allez bouger, ou on doit appeler une remorqueuse ? » Questionne soudain la voix de mon frère, me tirant de mes pensées. Je sursaute presque, et mes yeux tombent sur Alistair. Je lui jette un regard noir puis secoue la tête.

« - Je vais prendre l'air, j'étouffe sous les secrets, ici. » Face à moi, Kehan fronce les sourcils. Alistair semble attristé. Je m'en fous complètement. Je dépasse Kehan, qui attrape mon poignet, dans une tentative pour me retenir. Malheureusement pour lui, je ne suis vraiment pas d'humeur.

« - Lâches-moi. » Je lui lance, avant de me dégager brusquement, et de continuer ma course folle. Je dépasse mon jumeau dans la seconde qui suit, et je me glisse dehors, par la terrasse qui donne plus loin sur la forêt.

J'ai à peine franchi le seuil de la porte qu'une légère brise vient caresser ma peau.

C'est agréable.

Salut ! 

Alors, alors. Que pensez vous de la réaction d'Ethel à son réveil ? De ce qu'a fait Kehan ? Leur rencontre dans l'entrée ? Comment ça va se passer pour la suite, à votre avis ? 

Lucrezia.