Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]

XXVIII.

Le lendemain, Isabelle et Sam s'en vont à l'aube. Je ne me suis pas levée pour leur dire au revoir, je ne voyais pas vraiment l'intérêt de le faire. Je pensais que je ne remarquerais même pas leur départ, mais finalement la villa paraît désespérément vide. On entend plus Kira jouer, rire ou pleurer. Les voix de Sam et Isabelle ne résonnent plus sur la terrasse. Tout est tellement calme. C'est vraiment très étrange. Trop étrange, peut-être. Je n'aime pas vraiment ça, je préfère l'agitation, l'animation. Je crois que je me suis habituée à la vie si bruyante dans la villa, et ce changement si soudain me perturbe un peu. J'ai l'impression de retrouver mon ancienne vie, dans notre petit appartement parisien, ou tout était tellement calme. On entendait la télévision ronronner, ou un brin de musique, mais rien d'autre. Comme maintenant. Kehan écoute de la musique, Manu Chao, si je ne m'abuse. Je n'entends rien d'autre, s'en est presque déprimant. La journée s'est passée comme ça, sans que rien ne vienne troubler ma tranquillité.

L'après-midi touche à sa fin, quand soudain, des cris retentissent à proximité, et je pousse un soupir de soulagement, enfin de l'animation ! Je crois reconnaître les voix de Kehan et Mia. Je me demande ce qui se passe. Bien sûr, ma curiosité prend rapidement le dessus et je me glisse hors de ma chambre. Kehan se tient devant la porte de sa sœur et ils s'engueulent.

« - Tu ne t'habilles pas comme ça, Mia ! » Rugit-il en pointant la tenue de Mia, qui je dois l'avouer est assez provocante. Je n'oserais jamais mettre la robe qu'elle porte. Le genre de robe qui ne laisse aucune place à l'imagination si vous voyez ce que je veux dire. Pour une fois, je suis assez d'accord avec lui, Mia ne devrait pas sortir comme ça.

« - Fiches-moi la paix, je fais ce que je veux ! » Répond-elle, visiblement pas d'accord.

« - Je crois pas, non ! » Mise à part avec moi, je n'ai jamais vu Kehan s'énerver, et c'est fascinant à observer. Les muscles de ses bras se bandent, et sa mâchoire est crispée. Il ne lui faut pas bien longtemps, pour qu'il sorte de ses gonds et qu'il saisisse Mia par les bras, avant de la secouer. Même de là où je suis, je vois la peur s'insinuer dans le regard de sa sœur. Il ne m'en faut pas beaucoup plus pour intervenir. Je me précipite vers eux à toute vitesse, et pose ma main sur l'épaule de Kehan, qui,surprit par mon intervention détourne son regard de sa sœur pour le poser sur moi. Lorsque nos regards se croisent, je regrette presque d'être intervenue. Presque.