I. [REECRITURE]

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Ma génitrice a eu l'extrême, non que dis-je, l'immense générosité de nous laisser terminer l'année scolaire que nous avions débuté (et presque terminé à vrai dire) chez notre père

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Ma génitrice a eu l'extrême, non que dis-je, l'immense générosité de nous laisser terminer l'année scolaire que nous avions débuté (et presque terminé à vrai dire) chez notre père. Elle n'avait pas vraiment le choix de toute manière, Alistair et moi devions passer nos épreuves anticipées du baccalauréat. Un mois de sursis, c'est ce qu'elle nous avait accordé. Nos oraux de français tous justes passés, nous avons sauté dans le premier avion pour la côte d'Azur. Alistair avec un léger sourire, moi avec une moue dépitée.

Avant de monter dans l'avion, j'ai serré mon père dans mes bras en ayant l'impression que pour lui, c'était la dernière fois que ça nous arrivait. Je ne parvenais pas à comprendre pourquoi il était si pessimiste, lui qui d'habitude était tellement jovial. Je sentais que quelque chose m'échappait, sans pour autant parvenir à mettre le doigt dessus. Puis mon père s'est éloigné pour nous laisser partir.

J'ai passé tout le vol à ruminer et broyer du noir, alors qu'Alistair se contentait de m'écouter patiemment. Sans lui, je suis persuadée que je ne survivrais pas. Il a toujours été mon opposé total, et lorsque nous étions plus je m'étais dit que c'était comme-ci nous n'étions, tous les deux, une moitié d'un seul être. Le jour et la nuit, comme avait l'habitude de dire mon père.

Mon père... Il me manquait déjà alors même que nous venions de le quitter. Je n'ai jamais été séparé de lui plus de quelques jours, et là, j'ai été condamnée à l'être jusqu'à ce que celle qui m'a mise au monde accepte de me libérer. Pour Alistair et, c'était encore plus vrai pour moi, être séparé de notre père était une épreuve, parce que nous étions particulièrement proches de lui. Pour ma part, nous avions toujours eu une relation fusionnelle et aujourd'hui, alors qu'un avion me conduisait à des centaines de kilomètres de lui, je me demandais comment j'allais pouvoir survivre en étant aussi éloigné de lui.

Frustrée comme pas possible, je n'ai même pas remarqué que le temps avait défilé si rapidement, ni que l'avion avait atterri. C'est Alistair qui m'en a fait prendre conscience, lorsqu'il m'a tiré hors de mon siège, puis trainée à travers l'avion. Nous étions finalement arrivés et mon cauchemar était bel et bien en train de devenir réalité.

J'ai traîné des pieds durant tout le chemin jusqu'à la salle où on devait récupérer nos valises, je ne voulais pas la rencontrer, je ne voulais pas vivre avec elle, je désirais simplement rentrer chez moi. Alors je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour retarder le moment fatidique où je ferais sa rencontre. Alistair qui avançait quelques mètres devant moi, s'était arrêté pour m'attendre. Il secoua la tête et sourit quand il me vit, tandis que je lui tirais la langue. Même s'il ne le montrait pas, je savais qu'il avait autant envie que moi de repartir chez nous par le prochain avion. Néanmoins, il faisait bonne figure parce qu'il savait parfaitement que faire la gueule ne changerait rien à la situation. J'aurais aimé être capable de faire comme lui, comme si tout allait bien, alors que mon monde venait d'être brusquement chamboulé, mais je ne pouvais pas faire ça. J'en étais incapable. Je ne comprenais même pas comment il faisait. À sa place, je serais en furie.

J'étais en furie, en fait. Plus énervée que je ne l'avais jamais été de toute ma vie entière.

Nous sommes enfin arrivés dans la fameuse salle des valises. On s'est approché des tapis et nous avons attendu patiemment de voir nos bagages passer. Celle d'Alistair s'est pointée rapidement et il s'en est saisi tout aussi vite, mais la mienne n'arrivait pas et un sentiment de panique a envahi tout mon être. Et si ma valise avait disparu ? Comme a chaque fois que je suis stressée, je portai mon pouce à ma bouche et commençai à jouer avec mon ongle, geste que mon jumeau a toujours détesté. En me voyant faire, il leva les yeux au ciel. Je ne pouvais pas m'en empêcher cependant, c'était mon tic et je ne parvenais pas à m'en débarrasser !

Enfin, ma valise complètement taguée est apparue dans mon champ de vision et je poussai un soupir de soulagement, avant de tendre la main vers elle, pour l'attraper lorsqu'elle arriva à mon niveau. J'étais très fière de ce à quoi ma valise ressemblait, elle était unique. J'avais utilisé tout le reste de ma peinture pour qu'elle ressemble à quelque chose, mais je pouvais dire en toute honnêteté qu'elle en jetai un max.

« - On doit aller où maintenant ? » Demandais-je, en jetant un coup d'œil à mon frère. D'un geste de la tête, il désigna la gauche. Mon regard se dirigea instantanément vers l'endroit qu'il pointait et je vis apparaître dans mon champ de vision le panneau « sortie », à ce moment-là, je grimaçai... J'aurais peut-être pu deviner toute seule. Amusé par mon comportement, Alistair rit puis m'abandonna en plein milieu de l'immense salle, pour se diriger vers la dites sortie. Précipitamment, je me lançai à sa poursuite, pas certaine d'être prête à affronter ce qui m'attendait derrière cette fameuse porte.

J'avais à peine passé les portes que ma vision du monde avait déjà changées. Il faisait beau, le ciel n'était qu'une immensité bleue, je ne l'avais jamais vu si beau à Paris. Quand je remarquai que j'étais bêtement en train de sourire, je fis une grimace. Alistair se moqua de moi et je grognai, mécontente. Je ne voulais pas qu'il puisse penser que je ne trouvais pas l'endroit si mal finalement. Je ne désirais pas que ça remonte aux oreilles de mon père, ça le rendrait beaucoup trop triste.

« - Arrêtes de bouder petite sœur. Pour une fois, on va avoir le droit à des vacances au soleil, tu vas pouvoir enfin bronzer ! Ce qui ne t'est jamais arrivé de toute ta vie, je te signale. » S'exclama mon frère jumeau un peu trop joyeusement à mon goût. Peut-être que ça lui plaisait vraiment de venir vivre ici, et qu'il ne faisait pas semblant, après tout. Nous n'en avions jamais vraiment discutés... J'avais beaucoup trop peur d'aborder le sujet et de ne pas aimer sa réponse, je crois. Le comportement qu'il avait eu les derniers jours avant mon départ m'avait conforté dans l'idée de ne pas parler de ça avec lui. Parce qu'il paraissait plutôt heureux. Je n'avais pas envie de me disputer avec lui, et je savais qu'une discussion sur notre départ aurait provoqué une engueulade. Je connaissais mon frère jumeau, il était incapable de cacher ce qu'il pouvait ressentir, pas à moi en tout cas. Alors, je me contentais de faire abstraction de ce que je voyais. Non, Alistair ne souriait pas en préparant sa valise. Non, il ne souriait pas sur le trajet nous menant à l'aéroport. Tant qu'on ne disait pas clairement les choses, elles n'étaient pas réelles. Tant qu'Alistair ne m'aurait pas dit qu'il était heureux d'aller vivre chez notre mère, je pouvais toujours croire qu'il était de mon côté, qu'il pensait la même chose que moi.

Je m'apprêtais tout de même à lui souffler qu'il était devenu un traitre à mes yeux, quand quelque chose m'interrompi. Je levai les yeux, et les fixai sur le lointain... Face à moi, elle apparut soudain.

Ma mère.



Salut, Salut ! 

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Alors, qu'est-ce que vous pensez de cette réécriture de ce premier chapitre  ? 

J'attends vos avis avec impatience, pour savoir quelle version vous préférez ! 

Lucrezia. 

Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant