II. Réécriture.

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Instinctivement, je cherchai la main d'Alistair et fini par enrouler ses doigts avec les miens. Il l'avait vu lui aussi, et serra un peu plus mes doigts. Nous étions soudainement aussi tendus l'un que l'autre. Là, au moins, j'étais certaine que mon frère ressentait la même chose que moi, il n'y avait pas de doute possible. On flippait totalement, tous les deux. Quoi de plus normal, à vrai dire ? En seize ans, c'était la première fois que nous voyions la femme qui nous avait mis au monde. Alors qu'elle ne nous avait pas encore adressé la parole, qu'elle n'avait encore fait aucun geste vers nous, nous avions deviné que c'était elle. Nous l'avions reconnue tout de suite. À cause de ses yeux peut-être, je ne saurais le dire. Nous savions, c'était tout, il n'y avait rien de plus à dire. Je le sentais au plus profond de mon coeur. C'était elle. On est resté planté face à elle, à se fixer comme des imbéciles, incapables de détacher l'autre du regard.

Un mouvement vers le bas attira soudain mon regard, et je découvris une petite tête blonde, haute comme trois pommes. Ma gorge se serra instantanément. Ma mère n'avait pas fait que nous abandonner mon frère et moi, elle avait aussi fondé une nouvelle famille. C'était comme si elle avait complètement nié notre existence pendant toutes ces années. Comme si, en créant cette nouvelle famille elle avait cherché à nous oublier, à nous remplacer. Je me suis soudain sentie rejetée, et ça m'a fait mal. Terriblement mal. Beaucoup plus mal que je ne l'avouerais jamais.

Alistair caressa le dos de ma main avec son pouce, pour me donner du courage et sûrement pour me dire de me calmer, mais c'était déjà beaucoup trop tard, je sentais des larmes de colère me picoter les yeux. Je ne comprenais vraiment pas. Pourquoi vouloir nous faire entrer dans sa vie, alors qu'elle avait déjà tout ce qu'il lui fallait ? Pour retenir mes larmes, je me mordis l'intérieur de la joue. Je ne voulais pas qu'elle me voit pleurer, complètement démunie face à elle. Je ne voulais pas qu'elle comprenne qu'elle était capable de me blesser. Je croyais avoir fait une croix définitive sur elle, j'étais persuadée que je n'attendais plus rien d'elle. J'imaginais que la revoir ne me ferait strictement rien. Je me trompais. La cicatrice de son abandon était encore bien présente. La voir, ça me rappelait tout ce qu'elle m'avait arraché, lorsqu'elle était partie. Le fait de la trouver devant mes yeux, me faisait prendre conscience du poids que son absence avait eu sur ma vie.

Après une seconde, d'un long échange visuel Alistair m'entraîna vers elle, et je le suivis à contrecœur. Ce n'était pas vraiment comme-ci j'avais la possibilité de m'enfuir pour échapper à tout ça. Je ne pouvais pas partir, elle ne nous laissait pas le choix, ça, je l'avais bien compris. Lorsque nous arrivâmes enfin à sa porté, notre mère nous observa chacun notre tour, pendant un long moment, je voyais des larmes dans les coins de ses yeux et fronçais les sourcils. Comment pouvait-elle semblée si chamboulé par le fait de nous voir, après ce qu'elle nous avait fait ? Après avoir essuyé ses larmes d'un revers de manche, elle s'appocha un plus de nous puis nous serra maladroitement dans ses bras, l'un après l'autre. Lorsque ce fut mon tour je trouvais cela très bizarre. Je ressentis un picotement, comme-ci mon corps avait gardé des souvenirs du sien... Une chaleur se répandit à travers mon être entier, mais en même temps, je trouvai cela assez étrange, j'avais l'impression qu'une étrangère me prenais dans ses bras. Mon corps se souvenait d'elle, mais je refusais moi, de m'en souvenir. Je ne voulais pas lui faire ce plaisir, je la détestais trop pour ça. Elle ne pouvait pas savoir a quel point je lui en voulait, mais elle allait rapidement le découvrir. J'étais bien décidée à lui montrer combien nous, je secouais la tête, ce n'était pas un nous ici, mais un je. J'étais bien décidée à lui montrer combien j'avais souffert de son absence, et combien je m'étais battue, pour arriver à faire abstraction d'elle. Je n'allais pas lui laisser imaginer que me récupérer serait aussi facile que ça. Ce ne serait pas facile, car je n'avais aucune intention de lui pardonner, ou de lui faciliter les choses. Je ne voulais pas de nouveau lui laisser une place dans ma vie, je ne voulais pas lui donner le pouvoir de me faire du mal, encore une fois.

Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant