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Ma génitrice a eu l'extrême, non que dis-je, l'immense générosité de nous laisser terminer l'année scolaire que nous avions débuté (et presque terminé à vrai dire) chez notre père

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Ma génitrice a eu l'extrême, non que dis-je, l'immense générosité de nous laisser terminer l'année scolaire que nous avions débuté (et presque terminé à vrai dire) chez notre père. Elle n'avait pasvraiment eu le choix de toute manière, Alistair et moi devions passer nos épreuves anticipées du baccalauréat. Un mois de sursis, c'est ce qu'elle nous a accordé. Nos oraux de français tous justes passés, nous avons sauté dans le premier avion pour la côte d'azur. Alistair avec un léger sourire, moi avec une moue dépitée. 


J'ai passé tout le vol à ruminer et broyer du noir, alors qu'Alistair se contentait de m'écouter patiemment. Sans lui, je crois que je ne survivrais vraiment pas. Il est mon opposé total, comme si nous n'étions tous les deux qu'une moitié d'un seul être. Le jour et la nuit, comme à l'habitude de dire mon père. Mon père... Il me manque déjà. Je n'ai jamais été séparé de lui plus de quelques jours, et là, je suis condamnée à l'être jusqu'à ce que celle qui m'a mise au monde accepte de me libérer. Frustrée comme pas possible, je ne remarque même pas que l'avion vient d'atterrir. C'est Alistair qui me le fait remarquer quelques secondes plus tard, en me poussant vers la sortie.


Je traîne des pieds durant tout le chemin jusqu'à la salle où on doit récupérer nos valises, je ne veux pas la rencontrer, je ne veux pas vivre avec elle, je veux simplement rentrer chez moi. Alistair se tient quelques mètres devant moi, il s'est arrêté pour m'attendre. Il secoue la tête et sourit quand il me voit, et je lui tire la langue. Même s'il ne le montre pas, je sais qu'il a autant envie que moi de repartir chez nous par le prochain avion. Néanmoins, il fait bonne figure parce qu'il sait que faire la gueule ne changera rien à la situation. J'aimerais bien pouvoir faire comme lui, comme si tout allait bien, alors que mon monde vient d'être brusquement chamboulé, mais je ne peux pas. Je ne peux pas faire abstraction de tout ça, et je ne comprends même pas comment il fait. À sa place, je serais en furie.


Je suis en furie.


Nous sommes enfin arrivés dans la fameuse salle des valises. On s'approche des tapis et nous attendons patiemment de voir nos bagages passer. Celle d'Alistair se pointe rapidement et il s'en saisit tout aussi vite, mais la mienne n'arrive pas et un sentiment de panique envahit tout mon être. Et si ma valise avait disparu ? Comme à chaque fois que je suis stressée, je porte mon pouce à ma bouche et commence à jouer avec mon ongle, geste que mon jumeau déteste. En me voyant faire, il lève les yeux au ciel. Je ne peux pas m'en empêcher cependant, c'est mon tic, quand je suis tressée ! Enfin, ma valise complètement taguée apparaît dans mon champ de vision et je laisse retomber ma main le long de mon corps avec un soupir de soulagement, avant de tendre la main vers elle, pour l'attraper quand elle arrive à mon niveau. Je suis très fière de ce à quoi ma valise ressemble, elle est unique. J'ai utilisé tout le reste de ma peinture pour qu'elle ressemble à quelque chose, mais je dois dire qu'elle en jette un max.


« - On doit aller où maintenant ? » Je demande, en jetant un coup d'œil à mon frère. D'un geste de la tête, il désigne la gauche. Mon regard se dirige instantanément vers l'endroit qu'il pointe, et je vois apparaître dans mon champ de vision le panneau « sortie », à ce moment-là, je grimace... J'aurais peut-être pu deviner toute seule. Amusé par mon comportement, Alistair rit puis m'abandonne en plein milieu de l'immense salle, pour se diriger vers la dites sortie. Précipitamment, je me lance à sa poursuite, pas certaine d'être prête à affronter ce qui m'attend.

J'ai à peine passé les portes que ma vision du monde change déjà. Il fait beau, le ciel n'est qu'une immensité bleue, je ne l'ai jamais vu si beau à Paris. Quand je remarque que je suis bêtement en train de sourire, je fais une grimace. Alistair se moque de moi, et je grogne.


« - Arrêtes de bouder petite sœur. Pour une fois, on va avoir le droit à des vacances au soleil, tu vas pouvoir enfin bronzer ! Ce qui ne t'ai jamais arrivé de toute ta vie je te signale. » S'exclame mon frère jumeau un peu trop joyeusement à mon goût. Peut-être que ça lui plaît vraiment de venir vivre ici, et qu'il ne fait pas semblant, après tout. Nous n'en avons jamais vraiment discuté... J'ai beaucoup trop peur d'aborder le sujet et de ne pas aimer sa réponse pour ça. Je m'apprête tout de même à lui souffler qu'il est un traître quand au loin, je la vois...


Ma mère.


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Le temps des secrets. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant