Hollywood Suicide

Eleven

"- Hum. Un nouveau parfum ?" les yeux embués de sévices. Un air qui lui disait bien attend ce que je te prépare bientôt.

Même durant son repos elle apparaissait. Tom ne savait que faire pour atténuer les doutes de cette malice : sa femme.

Marie-Faith pouvait tant redoubler d'ingéniosité lorsqu'il s'agissait d'obtenir quelque chose. Une vraie vipère bourrée de fourberies. Une mesquine à l'état pur.

Son intelligence la surprendrait toujours. De jour en jour.
De cette fameuse fois où il l'entendit parler couramment le mandarin à la fois où elle réussit à extirper avec agilité le lièvre tarissant les récoltes de carottes. Une grande dissimulatrice. Ses sourires angéliques cachaient bien des vices. Il n'était pas rare qu'il voit son épouse décimer un corps encore vivant à l'aide d'un couteau électrique dans ses rêves.
Le visage tacheté de volatiles cramoisies où son sourire dépassait sournoisement des éclaboussures.
Elle émerveillait, tel un rayon de soleil. Il en devenait presque effrayant de la voir ainsi.

Trois heures et quart.

L'heure à laquelle il se sentait sans cesse secoué. Comme un signe qu'on lui lançait. Ressaisis-toi, ta femme est une meurtrière à en devenir. Tom.
Ce petit gars, bien sympa. Tommy. Du jour au lendemain, ce jeune homme que tout le monde disait homosexuel disparut subitement.
Pourtant, Marie-Faith l'appréciait convenablement se souvint-il.

Un soir avant sa disparition, il l'avait vu devant la maison entrain de discuter avec elle. Les rapports ne semblèrent indiquer que quelque chose d'alarmant se produisait. Bien qu'il perçut tout de même une petite pointe de gêne dans le regard de ce dernier.
Quand son épouse tourna la tête vers lui, ce n'était qu'un sourire qui en disait trop.

Jamais il ne revit ce garçon. Jamais. Bien qu'il le trouvait fort aimable et serviable, il percevait un petit soupçon qui lui insufflait l'idée qu'il y avait là des intentions plus profondes qu'elles n'y paraissaient. Et Marie-Faith le voyait.

Se rafraîchir d'un petit verre d'eau lui aurait remis les idées en place, même à une heure aussi tardive. Quand soudain, il fut frappé par cette voiture rouge. Cette sublime Plymouth Fury. Il la revoyait passer à la lueur nocturne. Même au crépuscule elle brillait de milles feux.
La blonde à l'intérieur, était-elle cette jolie conductrice ? Ou était-ce encore son imagination qui lui jouait une farce ?
Lorsqu'il se retourna, une silhouette tarie dans l'ombre le guettait. Les cheveux cendrés luisaient comme du cuir lisse.

- Tu peine encore à trouver le sommeil ?

Au début, Tom ne savait s'il devait répondre à un personnage aussi sombre dans l'obscurité qu'à ce fameux soir. Cela lui donna l'impression de discuter avec un fantôme apparu de nulle part, mais qui gardait toujours un œil sur lui.

- Oui. Mais je retourne me coucher là.

- Tu sais que tu peux tout me dire ? Je suis ta femme. Ta confidente.
(Le mot résonna en écho dans son esprit. Comme s'il se trouvait dans un tunnel où lui seul et sa conscience correspondaient.)

- Je sais.

En s'approchant, il aperçut un sein pendant légèrement de sa chemisette de nuit. Elle le soutenait du regard, comme une intense envie qu'il y réponde.

- Je vais dormir. À demain ? Fit-il en lui offrant une bise sur le front.

Elle le surveillait, comme les fois où elle la guettait de sa fenêtre. Gigi. Elle était là. Il en était sûr. Et Marie-Faith ne tarderait pas à s'en rendre compte.