Twelve

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Hésitant à nouveau de venir toquer à la porte de son bureau, sans jamais savoir s'il tombait au bon moment, Cory laissa son réflexe instinctif le devancer.

- Oui ? Gronda la voix d'Andy. Aussi résonnante que celle d'un ténor en spectacle d'opéra.

- Papa ? Je te dérange pas ?

- Qu'est-ce que tu veux Cory ? L'air déjà tinté par une pointe d'exaspération.

- Je voulais savoir si tu avais eu le temps de...
De rechercher la fille dont je t'ai parlé ? (La voix frôlant les ondes de l'imperceptible.)

- Pas maintenant Cory. S'il te plait pas maintenant. D'accord ?

- Ouais. Bien sûr.

"Le contraire m'aurait surpris."


La cuillère plongeant en tourbillon dans le café, Cory se remémora cette rencontre. À la même table que la dernière fois. Il revoyait Cheryl, entrain de bouquiner sagement le même magazine. Il espérait vainement la revoir, au même endroit. Par ce temps aussi ensoleillé qu'était son sourire.
Tout à coup, une minette aux longs cheveux bruns fit son apparition dans l'entrée. Elle portait un t-shirt sombre suivi d'un jean clair taille haute serré par une ceinture cloutée.
Les bottes, il aurait juré avoir vu ces semblables dans un autre coloris. Elle leva ensuite ses lunettes de soleil et sourit à la vendeuse.

Il n'arrivait pas à y croire, le ciel avait entendu ses prières.
Cheryl se tenait là, juste sous ses yeux près du comptoir.
Lorsqu'elle dériva les yeux en sa direction', elle lui tendit un sourire en faisant un signe. Une fois qu'elle empoigna son gobelet, elle s'approcha de sa table. Toujours de ce sourire joliment dessiné.

- Ola ! Comment va mon compagnon de manga ?

Il eut l'air soudainement surpris par le surnom. Déjà à leur seconde rencontre, elle se permit de l'interpeller de cette manière. Si familièrement qu'il en resta saisi, sans mot débattu.

- Très bien. Et toi ? La pêche à ce que je vois !

- Tu as vu ce soleil ? Jamais je ne me suis sentie aussi bien !

- C'est chouette. Tu commences à t'y faire dans la ville des anges. Lança-t-il, un mince sourire au coin des lèvres.

- Ah. Je vois que mon accent n'est pas passé inaperçu ! ( le regard timidement gêné).

En réponse, il continua de lui sourire. Comme si cela paraissait être une évidence incontestée.

- J'avoue. Je ne suis pas d'ici. Ça se voit tant que ça ? (En posant les lunettes bon marché sur la table.)

- Comme tu disais, ton accent. Sourit-il.

- Eh bien. Tu n'as pas l'air si curieux que ça. Répliqua-t-elle, le regard inquisiteur.

- Bah je ne veux pas te brusquer.

- Bon allez. Je me lance ! Je suis du Kentucky.

- Je l'aurai pas deviné !

- Ah bon ? Sérieusement ?

Tous deux éclatèrent de rire. C'était le cas, Cory ne voulait guère la rendre mal à l'aise. Surtout qu'à Los Angeles, une personne issue d'un autre monde que celui qui résidait dans cette ville signifiait aussitôt qu'elle n'était autre qu'une ignorante de plus qui ternissait les lieux. Or, le jeune homme ne faisait pas parti de cette catégorie-là. Il n'émettait aucun jugement au premier abord.

- Et moi d'ici. Plaisanta-t-il.

- Je ne l'aurai pas deviné non plus ! Tu as le teint aussi pâle que le mien !

Il eut un bref sourire gêné qui la mit aussitôt dans l'embarras. Elle se mettait tout à coup à tapoter légèrement du pied, comme pour esquiver cet instant d'imprudence. Elle ne savait que dire pour se rattraper.

- Ça va, je le sais. T'inquiète pas. La rassura-t-il.

- Et toi ? Tu t'y plais dans cette ville ?

- Disons que je la connais trop pour en être fada.

- C'est vrai ? Tu connais tout par-ici ?

- Même si c'est une immense ville, je connais au moins les coins les plus prisés. Que j'évite d'ailleurs.

- Tu pourras me faire visiter ?

- Pourquoi pas. Mais je ne sais pas trop ce que tu aimes.

- Oh tu sais, j'aime de tout. Tant que je ne m'ennuie pas !

- Les musées ? Galeries d'art ? Cinéma... Ne me dis pas que t'es une de ces filles qui adorent se trémousser en discothèques par hasard ? (Tenta-t-il subtilement de se convaincre.)

- Je te l'ai dis. J'adore ce qui ne m'ennuie pas. Donc les sorties en discothèques je les connais suffisamment pour te dire que ça m'ennuie. Fit-elle en souriant.

Il se mit tout à coup lui rendre le même sourire. Réussissant à peine à cacher la joie qui le gagnait.

- Tant mieux' car moi non plus je n'aime pas trop. D'ailleurs, tu n'as pas l'air d'être une nana...

- Une nana ? Reprit-elle, l'air ébahie.
Tu sais je ne suis pas ce genre de fille à se trémousser comme tu le dis. Mais j'avoue avoir eu une période rebelle pendant un temps.

- D'accord. Assagie maintenant ?

- Oui, c'est ça ! Se mit-elle à rire.

Hollywood SuicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant