Hollywood Suicide

fifty-one

La mort de cette femme la rendit tant abasourdie que Rebecca ne pouvait croire à un lien qui les raccordait. Elles ne se connaissaient pas et n'avaient jamais été présentées auparavant.
Une lettre semblait toutefois déterminer que l'une en savait plus sur l'autre, du moins sur le plan médiatique. Jessica Harper, d'après les mots qu'elle aie pu retenir, parût désœuvrée par la mélancolie qui habitait la jeune femme dans son personnage. En effet, elle rapportait même que Rebecca n'avait rien à faire là, lui faisant presque ressentir qu'elle était de "trop".

Il ne s'était pas encore écoulé quatre heures depuis la venue des enquêteurs que déjà on toqua à nouveau à sa porte.

- Bonjour ! Je suis Olivia Tirman et voici Josh, mon compagnon !
Nous étions venus pour voir si votre maison' était en vente par hasard ?

- Non elle ne l'est pas. En revanche vous pourrez dire à l'agence qui vous envoie que bientôt, ils auront des nouvelles de mon avocat.
Au revoir. Fit-elle en claquant calmement la porte.

Cette petite blonde farouche des bas quartiers ne semblait guère être de mise à obtenir un palace aussi fleurissant que le sien remarqua cruellement Rebecca. Même le sot qui figurait en marge à ses côtés semblait plus être ravi de la visiter, juste pour le plaisir des yeux qu'en vue de se l'acquérir.

Rebecca n'était décidément pas dupe, elle cernait bien là encore un petit jeu de comédiens amateurs qui ne savaient piètrement assurer dès la première réplique en une quelconque présentation banale d'un couple qui se pointe sur son seuil : Bonjour, je suis....et je vous présente. Rien qu'à partir de cet instant-là, madame Bidule et monsieur Machin-Chouette s'étaient trahis des le premier abord. C'en était plus comique qu'effarant.

Bizarrement, c'est ce genre de situation qui faisait aussitôt pressentir à la jeune femme que ses talents d'actrice valaient mieux que cela. Elle aurait pu être professeur de théâtre, nul doute qu'elle aurait été suffisamment convaincante pour réajuster le jeu de comédien à ces deux tourtereaux de la Verge Molle. Juste pour le plaisir de s'en amuser.

"Merci maman de me faire ressentir ce sentiment de flatterie envers mon ego."

De toute évidence, Rebecca n'eut rien à se reprocher mise à part la somme des années à avoir participé à un feuilleton à succès. Elle ne voyait guère comment elle aurait pu rendre service à cette femme. En disparaissant ? C'était une nette délicatesse qui lui faisait tout à coup pressentir qu'on ne la désirait plus. Mais d'une part, si Tarrah Laynor n'avait pas existé, l'enjeu aurait guère été de taille pour avoir tenu aussi longtemps.

Des prix amplement récompensés et accueillis, c'était tout ce que Rebecca y décelait de positif dans ce cheminement. Un parcours pas aussi excellent qu'elle l'aurait espéré, mais amplement pour s'en sentir adulée, et qu'on veuille lui ressembler. Il en était même à ce qu'on lui propose des contrats qu'elle déclinait pour rester en long terme à se consacrer à sa vie : David.

Bien que parfois, Josh Wilde rapportait de temps à autre quand il se mettait à dénicher des rôles en cueillant des noises auprès des réalisateurs, que ces pivoines de singerie lui trouvaient encore un côté piteusement "fragile" pour oser jouer une femme de caractère dans Infirme d'État ou encore une espionne dans Charlie et ses drôles de dames.
Tarrah Laynor se cantonnait décidément à elle comme une larve traînée avec supplice. Avant même qu'elle se mette à affectionner ses parts d'ombre.

Mais la nouvelle recrue n'avait guère mieux à lui proposer. Elle lui infligeait secrètement des tortures avérées, en s'incrustant dans son intimité avec ses fans. Et en évincer ce que bon lui chantait concernant les rôles qu'on lui proposait.

Celle qu'elle désignait vulgairement de fille au pâté de foin n'avait décidément pas perdu de temps pour l'engouffrer davantage dans un système qui la perdait. Rebecca avait misé sur elle pour s'en relever, et s'extirper des fins fonds de l'anonymat pour en payer un tel résultat.
Ce fut pire que mieux ce qu'elle lui faisait subir. Pour toi, uniquement  pour toi, la jeune femme s'y tiendra désormais. Plutôt deux fois qu'une même puisque le budget ne lui permettait pas d'embaucher un nouvel agent de si tôt. Elle était à présent dans le gouffre qui la puisait peu à peu vers le fond. Quel état d'âme allait encore l'habiter cette fois-ci ?

- Allô ?

- Rebecca ? C'est moi. Ça va ?

- Ça peut aller. J'ai connu mieux, toi-même tu sais...

- Oui...et bien d'ici ce soir je veux que tu t'apprête le mieux possible pour venir chez moi. Se réjouit Celena au bout du fil.

- Je ne sais pas si...

- Mais si allez, s'il te plaît ma chérie. Cela remonte à quand la dernière fois qu'on ne s'est pas amusé ?

Ce qui ressemblait presque à un appel à la pitié la fit basculer très vite vers l'inclinement. Il ne fallut pas plus d'arguments en faveur de la chavirante Celena pour lui résister. Elle n'avait même point besoin de mot pour nous convaincre qui que ce soit de s'agenouiller devant elle, en l'implorant en déesse.

- C'est d'accord.