Hollywood Suicide

forty-six

Du haut de sa fenêtre, Tom aperçut la silhouette joliment développée de la jeune Lindsay McGwen.
Elle était aussi bien dessinée que sa mère. Toutefois, la fille avait les cheveux plus raides, longs, la poitrine plus volumineuse et les fesses mieux rebondies. Seuls les yeux parurent aussi semblables, on pouvait nettement croire en une seule et unique personne dans deux générations distinctes.

Devant sa cour, une certaine demoiselle s'était montrée fort sympathique de proposer une aide gracieuse pour laver le véhicule de fonction. Un 4×4 Dusher blanc aux vitres teintées.

La jeune fille semblait s'amuser à se trémousser contre le par choc, quitte à faire languir tous les passants de la rue. Le plaisir y était.
Elle arborait toujours le même sourire, depuis plus d'une petite dizaine de minutes. Tom se demandait même si elle en sentait pas des points s'engourdir au coin des joues.
Son t-shirt, immaculé de mousse reflétait en transparence le bout de ses tétons et une peau mouillée de salives d'eau jusqu'au short.

De temps à autre, Lindsay lançait de brefs regards en sa direction. Le sourire plus jouissif.
Mais Tom avait suffisamment de paperasse concernant les charges de l'entreprise pour s'occuper d'une minette qui se trémoussait sous ses yeux. Pourtant, il en était quelque peu déconcerté au point d'en être légèrement agacé. Il se voyait lui crier par la fenêtre de décamper et que son véhicule eut été suffisamment propre. Mais ce ne serait qu'une contrariété affligée envers sa personne, à cet âge de l'adolescence, la sensibilité rimait fougueusement avec "fleur de peau".

Après tout, Lindsay était une jeune fille bien aimable, exactement du même âge que sa fille. Elles s'entendaient si bien qu'il s'en voudrait de la mettre dans une impasse.
Quand tout à coup, la jeune fille disparut de son champ de vision.
Le tuyau d'arrosage serpentant près des roues, l'éponge immergeant au cœur du sceau, Lindsay avait disparu de la circulation. Comme si elle n'avait jamais été là et qu'on attendait que lui pour se charger de cette affaire.

Tom accourut vers la porte d'entrée et s'avança dans la cour. Toujours pas de Lindsay à l'horizon.
La rue était déserte. Seuls quelques véhicules stationnés sur les bas-côtés mais toujours pas l'ombre d'une demoiselle en short aux alentours.

En revenant sur ses pas, Tom aperçut la silhouette de la jeune fille adossée contre l'angle de l'entrée de cuisine. Une bouteille de lait à la main.

- Votre voiture est-elle assez propre monsieur Montgomery ? Demanda la jeune fille, l'air semant l'idée vicieuse qui trottait dans un coin de sa tête.

***********

Un matin qui allait s'annoncer comme un début presque idyllique, Tom se laissa encore quelques minces minutes avant de quitter son lit douillet. Il préféra éviter tout rapport aux premières tâches qu'il allait devoir accomplir au cours de sa journée. Lorsque l'on tapa savamment à la porte, il se leva brusquement en dévalant à quatre vitesses les escaliers.

- Tom Montgomery ? Demanda un homme arborant un insigne doré sur la blouse noire.

- Oui ?

- Connaissez-vous Lydia McGwen ?

- Oui, c'est la voisine qui habite au 336. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Ses deux filles ont signalé sa disparition depuis deux jours. Apparemment elle ne serait pas rentrée depuis une soirée.

- Ah bon ? Je n'étais pas au courant...

- Sa fille nous a dit qu'après être passée vous voir sur votre lieu de travail, elle n'en serait pas revenue. Vous pourriez nous suivre au poste s'il vous plaît ?

- Quoi ? Attendez, vous m'inculpez ?

- On ne vous inculpe de rien du tout monsieur Montgomery, on veut juste vous poser quelques questions au poste.
Ce sera plus sage, suivez-nous.

- Je me prépare et je descend.

- Bien. On vous attend.

*********

- Nous sommes le 12 août 2001, il est huit heures vingt. Et nous interrogeons Tom Montgomery au commissariat de Dafont'. Annonça l'un des hommes sur son magnétophone en pivotant sur les boutons.

Tom se trouva assis, cloîtré dans une très mince pièce aux murs infiniment plus blanc que neige. En face de lui, l'homme au magnétophone avec une coupe plaquée vers l'arrière et son acolyte plus âgé, les cheveux grisonnants avec une veste couleur olive. Tous deux le regardèrent d'un œil à attendre une chose particulière. Comme s'ils n'attendaient que cet instant qui se déclare spontanément : je suis coupable.

- Monsieur Montgomery, on va reprendre sur ce qu'il s'est passé le 10 août. Vous voulez bien ? Alors Lydia McGwen vous a rejoint sur votre lieu de travail. Et que s'est-il passé ensuite ?