thirty-eight

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Une fois le combiné raccroché, l'altercation avec Darlan Weiss, le metteur en scène de Ashes & Carlton refit surface. Elle tentait vainement de l'éloigner de sa tête mais elle persistait comme une abeille entre les mouvements d'éloignement.

Avait-elle commise une erreur ? Sans doute vu la tournure des choses qui se compliquaient sournoisement autour d'elle, mais la jeune femme se maintenait fermement dans l'idée que ce fichu amateur ne voulait rien entendre. Il se contentait juste de poursuivre ligne par ligne les répliques de son script.
Pourtant, sur le plateau de les jours infinis, on l'écoutait. Dès qu'elle eût atteint ses dix-huit ans, le monde se mettait à assiéger ses idées au cœur de ses histoires champêtres.
Mais il est où ce temps se disait-elle. La vieillesse y était pour quelque chose ?
Pas encore, Rebecca n'allait guère une fois de plus s'ajouter un énième problème pour s'en convaincre que c'en était l'unique raison.
On ne voulait plus d'elle, c'est ce qu'on lui faisait comprendre. Déjà, lors de la première entrevue avec les réalisateurs et scénaristes de la série, elle avait nettement décelé un air dubitatif sur chaque mine. Tous semblèrent de se demander si elle n'était pas la dinde de la farce.

Une drôle d'impression qu'elle s'était mise à ressentir. Pourtant, d'après Melinda, ils avaient apprécié sa mise en scène lors de sa prestation. Malgré ses retards toujours rallongés d'une vingtaine de minutes en trois apparitions sans réponses en retour. Puis un beau jour, on se mit à lui annoncer gaiement au bout du fil une nouvelle affriolante, tel le mariage de la jeune actrice qui interprétait Mora :

- "Ce n'est pas vrai... Je ne te crois pas." dit-elle (Les larmes prêtes à s'aligner.)

-" Si Rebecca, ça l'est... Tu vas recevoir ton texte d'ici demain et normalement tu démarres lundi à la première heure."

- "Melinda ? Merci... "(Soupire-t-elle, comme un poids qui s'affaissait.)

-" Je te l'ai dis, je serai toujours quoi qu'il en soit. Même si ça n'est pas ma place."

Cet appel serait celui dont elle se souviendra le plus, cette fille décotée du Visconti était assurément une amie qui lui voulait du bien.
D'une bienveillance qu'elle ne se répéterait jamais assez, émettant une action bien plus reposante que ces fichus tranquillisants prescrits depuis son divorce avec David.
Rien que le nom du traitement lui refila aussitôt la nausée surplombée.

La jeune femme savait bien qu'il était tant de passer à autre chose, mais elle n'y parvenait pas. Il y avait toujours cette chose qui s'infiltrait au cours de ses pensées pour l'anéantir dans un rôle de sa vie qu'elle ne tiendrait décidément jamais : celui d'être mère.
Un tel déchirement intérieur qu'elle en ressentait parfois un crève-cœur. Elle en avait d'ailleurs développé un ulcère à la poitrine. L'angoisse était toujours présente, surtout lorsqu'il s'agissait de lui insurger une peine indéniable comme sentence. Elle ne payait que des pots brisés pour avoir fantasmé son bonheur.
Être mère ne sera jamais un rôle pour Rebecca. Jamais.

Hollywood SuicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant