fifty-five

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"- Que pense-tu si on faisait croire à Michael et Marie-Faith que l'on voudrait prendre une sorte de bol d'air ? Partir quelque part où on s'en va secrètement ? Rien que tous les deux."

La tête posée sur son bras enroulé autour de son cou, Gina n'avait d'yeux que pour lui. Tom Montgomery. Celui qu'elle surnommait l'homme au beau regard.
Étrangement, Tom essaya de l'imaginer comme sa femme. Mais Gina Sweenton représentait sans équivoque la femme fatale par excellence. Seule l'image de bonne maîtresse semblait la reflétait à merveille.

Gina n'affichait guère un portait d'épouse-modèle, ou encore de mère digne de ce nom. D'après les on-dit du village, elle dégageait une flagrance de vulgarité pourvue d'indécence. Alors que Tom, la percevait juste comme une femme sexy vivant gracieusement de son époque. Même si elle n'assumait point son âge de quinquagénaire moderne.

Bien que Marie-Faith ne l'a portait guère dans son cœur, jamais il ne lui prenait de tenir de propos de travers la concernant. Il y avait seulement une once de malaise dans le regard. Rien d'autre.
Quant à Chace, jamais il ne s'était mis à l'évoquer en sa compagnie. Pourtant, il y avait bien plus qu'un échange qui pouvait se partager se disait-il.

Tom cernait bien les brefs regards qu'elle lui accordait de temps à autre, même sous son nez. D'ailleurs, il était même étonnant de remarquer que rien n'effleurait le cher Michael.
Or, à sa place, jamais Tom se serait senti rassuré.

Il arrivait parfois d'imaginer Marie-Faith dans les bras de ce dernier. Le regard aussi tendre que lui infligeait Gina. C'en était d'autant déconcertant que paralysant. C'est pour cela que Tom regrettait amèrement les aventures multiples avec la voisine.
Rien que cette image lui refilait aussitôt une nausée abondante. Comme un haut-de-cœur enroué au fond de la gorge.

"- Je ne sais pas trop quoi te répondre. À vrai dire, il faudrait que l'on en rediscute une prochaine fois." répondit-il.

En toute intimité, Tom espéra vainement qu'ils ne revêtent pas le sujet sur la table. Il s'en sentirait aussi inconvenant que dérangé. Il aimait trop Marie-Faith pour oser partir en week-end où chaque heure ne serait décomptée qu'en partie de plaisir. Il osa à peine s'accorder d'y penser ne serait-ce qu'une fraction de seconde de plus.

Jusque-là, il ne pouvait se permettre de lui infliger un pareil fantasme désarmant.

***********

"- Votre voiture est-elle assez propre monsieur Montgomery ?" demanda Lindsay, le regard imbibé de vicieuserie.

Tom la revoyait encore adossée contre l'encadrement de la cuisine, une bouteille de lait à la main qu'elle se mettait à siroter langoureusement.
Un attrait de séduction sinueusement préparé.

Il y avait ce même discernement dans le regard, cette lueur qu'il percevait nettement chez Lydia. Une envie farouche et soudaine de "dévorer" sa chaleur d'âme. Se l'approprier pour en être satisfaite.
La mère et la fille, les traits si ressemblants qu'il en devenait troublant de devoir les dissocier. Telles des jumelles.

Ne sachant guère comment les choses aient pu dévier à ce point, Tom se retrouva seul en compagnie d'une Lindsay assoiffée. Tous deux se mirent à franchir le pas contre la porte. La jeune fille souhaitait explicitement faire entendre le plaisir ardent qui l'echauffait de l'intérieur.
Être sodomisée comme une bête en rute la rendait si folle qu'elle en perdait son latin lorsqu'elle réclamait plus d'entrain.

Un temps qui ne se comptait plus au point qu'aucun des deux ne se souciait que Marie-Faith ou un autre voisin pouvait siéger sur le seuil à n'importe quel instant. Il n'y avait même plus l'ombre d'une crainte que quelqu'un soit passé par-là à écouter leurs ébats parcourir les murs de la maison en résonnance.

"- Allô, Tom ?"

"- Robert ? Que se passe-t-il ?"

" - Sais-tu que Michael est sans nouvelle de son ex-femme depuis le 12 août ? Il attend encore son énième accord pour le versement de la pension."

Même sa fille, Joyce n'avait pas la moindre idée où elle pouvait être dans l'heure qui se présentait.
Il n'était guère dans les habitudes de Gina de vadrouiller aussi longtemps sans laisser de nouvelles. Surtout à sa fille dont elle était infiniment proche.

"- Ne t'inquiète pas Joyce, tu vas certainement en recevoir d'ici peu" se mit-il à lui dire en calinant sa tête posée sur sa poitrine.

C'en devenait un crève-cœur de constater la douleur imminente de la petite-amie du fils où l'inquiétude pouvait se lire sans mal sur sa mine.
Il arrivait même de temps à autre qu'elle saute le petit-déjeuner à cause de son incapacité à ingurgiter quoi que ce soit sans qu'elle subisse de renvois au cours d'une matinée tranquille.

- Tom ? Survint une voix juste derrière.

Marie-Faith était dans l'angle, juste devant la porte. Elle devait s'y trouver depuis un sacré bout de temps, à le guetter en plein ruminement tout en étant sagement assis sur le lit. Repasser en boucle toutes les images insondables et cette idée ruminante qu'était la passible contrariété de sa femme transformée en redoutable colère.

Il se mettait soudainement à la voir bafouer Gina de coups assommants, au point de la tuer vivement sans que l'ombre d'un tracassement soit assigné pendant qu'elle l'enterrait entre deux arbres bien imposants dans les bois.
C'est là que reposait sans doute le corps de Gina.

Une main sur l'épaule le saisit aussitôt. Marie-Faith se tenait à ses côtés, sans avoir entendu un piètre son de ses pas s'en approcher.

- Je t'aime Tom, et je t'aimerai toujours.
Souffla-t-elle d'une voix tout à coup rassurante, comme si elle s'était mise à lire ses pensées.
Chace et sa copine vont arriver d'une minute à l'autre. Tu te prépare chéri ?


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