forty

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En plein cœur de Beverly Hills, Melinda arpenta d'une sérénité soudaine les longues avenues des boutiques de luxe dans l'espoir d'y trouver une tenue à ravir.

C'est dans une robe fluide ornée d'ancolies aux longues pétales écartelées et nuancées de rouge carmin qu'elle apparût éblouissante. Ce fond beige égayait à merveille son teint clair, elle transpirait une certaine joie de vivre qu'elle-même n'en comprit la source.

C'était une solitude parfaitement accordable cette fois-ci, remplie de joie intérieure. Elle se montra plus complice avec sa partenaire, celle qui la suivait sagement dans l'ombre. La solitude était belle et bien une arme tant destructive que complémentaire, elle savait la secouer par des crises angoissantes comme la rendre légère de ses mouvements.

Melinda s'aimait durant ces instances de plaisir. Vagabonder avec une paix solennelle et comblée dans une agglomération parsemée d'éclats en tout genre était un luxe inégalé. Jamais la jeune femme devenue pétillante à ce jour n'avait remarqué avec tant de clairvoyance que cette ville possédait tous les extrêmes à elle seule. Le bon comme le pire, la brillance diamanté comme la nuisance obscure, le luxe imprégné dans la flagrance de l'extravagance ainsi que la pauvreté d'âme qui faiblissait ces gens sans même qu'ils s'en aperçoivent.
Melinda se situa dans l'entre-deux, au milieu de ces panoplies sans être assoiffée par l'un ou par l'autre. Elle savait se faire plaisir sans exagération, c'est comme cela qu'elle eût été apprise. Ou du moins, qu'elle eût fini par s'apprendre.

Papa et maman étaient tous deux des travailleurs acharnés. Surtout dans les champs aux récoltes miteuses, il était rudement difficile d'avoir à manger sur la table en étant ballonnés. Mais la jeune femme qu'elle était devenue se devait de reconnaitre une chose malgré les intempéries qu'elle traversa de manière passagère : papa faisait toujours son possible pour amener de la nourriture à table et germer cette petite ferme dans laquelle ils vivaient tous les trois. Cette vie la fortifiait bonnement.
Un cadeau qu'elle ne renierait pour rien au monde.

Jugulant tout à coup sur ses pas, Melinda admira la sublime robe alizarine que le soleil scintillait joliment à travers la vitrine. Elle se voyait la porter. Le prix affiché à quatre chiffres ne sembla guère lui infliger d'appréhension pour son porte-feuille. Depuis quand ne s'était-elle pas permise le luxe d'arborer une tenue aussi excessive mais radieuse ? Certainement depuis très longtemps, car avancer dans l'ombre d'une femme tant habituée aux flash des projecteurs n'agrémentaient point autant de jets étoilés envers celle qui s'acharnait pour la glorifier à ce point.
Il arrivait même à la jeune femme de fantasmer ce privilège d'être aussi enjolivée par quelqu'un qui vous faisait tant briller, qui bossait dur pour parvenir à de grands coups d'éclats. Même si ces derniers temps, c'était moins le cas pour la jeune fragile Rebecca Eldman.

Être sublimée par une personne bienveillante, qui misait beaucoup pour préserver votre brillance devait assurément mettre en confiance son esprit. C'était sur cette épaule de soutien que Melinda fantasmait parfois.
Mais il était évident que le rôle de cette canne, c'est elle qui le tenait.

Quand tout à coup, elle aperçut le reflet d'une silhouette à capuche sombre figurer en plein décor. Juste derrière elle, cernée par le peuple des palmiers.
Elle la fixait.

Lorsqu'elle se retourna, il n'y eut qu'un soupçon de vent frais venant lui tendre une caresse au bord de la joue.
Hormis ce trottoir vide, elle constata qu'un spectre lui était apparu comme un ange noir qui la guettait de sa fourche en inclinaison.
Elle le voyait presque sourire derrière son masque, une terreur que jamais de sa vie elle se sentie habitée.

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