Hollywood Suicide

thirty-two

Le séjour terminé, Cory appréhenda la prochaine rencontre qu'il tenterait d'aboutir de manière déterminée avec la belle Cheryl.
Son histoire l'affectait tant: elle venait d'une famille monoparentale, très modeste au point que dès l'âge de douze ans, la jeune fille démarra un petit emploi de garderie pour personnes âgées. Triste vie se dit-il.
Pourtant, elle paraissait forte et ne semblait guère afficher cela comme une tare. Elle prenait la vie comme elle lui parvenait, sans se poser de questions.

Cependant, beaucoup trop de zones restèrent dans l'ombre. Il ne savait point qui était sa mère, ni où elle se trouvait, et encore moins ce qu'elle vivait pour entendre parler d'elle brièvement de manière gênée.
Son père, il n'en avait que mot pour le décrire. On eût dit qu'elle s'empêchait vainement de l'évoquer. Sans doute un nom qu'il valait mieux taire, comme celui d'un évadé de prison ou d'un agent de la CIA.

Cela lui parût tout à coup plus étrange. Était-il possible que Cheryl lui cache quelque chose ? Probablement car il ne connaissait pas grand chose de cette fille. Mais il se sentait prêt à l'aider, coûte que coûte. Tel un ami à la rescousse.

Caressant du bout des doigts les traits nébuleux sur le portrait qu'il eût accompli durant les huit heures de trajet qui venaient de s'écouler, Cory s'imagina lui caresser réellement cette masse ondulée qui apportait tant fraîcheur à son minois. Cette matière soyeuse et ravivante. Il appréciait amplement cette chevelure à celles des californiennes stéréotypées à la blondeur plus plus éclatante que le reflet du soleil. C'en était à perdre de vue.
Cheryl était brune, très brune aux yeux d'un bleu magnifiquement profond. Tantôt ils parurent aussi sombres que la plume d'un corbeau tantôt ils parurent embués d'une nuance azur qu'il ne savait décrire.
Elle faisait vraiment fille du Kentucky quand il y regardait bien. Ce sourire dénué de jugement personnel, une âme transpirant la pureté qui s'éteindrait probablement très vite dans une ville aussi bondée de vices en tout genre. L'innocence était un parfum si rare et unique à Hollywood, que selon Cory, c'était une flagrance qu'elle se devait de préserver.

Cette singularité lui serait sans doute arrachée par les pestes ingrates qui infestaient la ville lumière en règne, si elle n'était pas sur ses gardes. D'ailleurs, il la voyait bien jouer le rôle d'une nana au tempérament à remettre ces groupies à leur place.

Mais Cheryl ne semblait guère être ce genre de personnage. Elle parût aussi libre comme l'air, honnête envers elle-même tout en préservant une grand part de mystère. Le nom de Mystique lui allait si bien.
Il était forcé de constater qu'être attiré à la fois par une personne dont on ne savait rien mais qui infligeait toutefois une telle intrigue éreintante en devenait presque accablant. Comme si on ne voulait jamais s'arrêter de s'intéresser à elle.
Cheryl, qui es-tu Cheryl.