Twenty

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Dans le parc, alors que l'été s'éteignait à petit feu, Cory se balada en solitaire entre les feuillages moisis et tombants qui œuvraient aux alentours. Balayant quelque feuilles orangées au passage comme des effluves de grêles mortes. L'automne approchait sereinement, et les températures le faisaient judicieusement pressentir.
Une vieille dame au chignon d'escargot, assise sur un banc se mettait à tricoter un pull qu'elle se mettrait certainement à offrir à l'une de ses adorables petites-filles; un adolescent s'amusant à jeter des morceaux de pains en projectile auprès des oies qui tournoyaient inlassablement sur le même rayon de surface ;une fillette aux cheveux bouclés courant comme une dynamite en envoyant un ballon rose envers un homme aux bras ouverts.
Greynold's park représentait l'endroit le plus calme, le reposant que Cory connut. C'était d'ailleurs le lieu où il se sentit le plus en paix avec lui-même.

À la maison, les choses parurent indéniablement oppressantes. Il arrivait à peine à y rester plus d'une minute depuis qu'il avait rencontré cette fille au Make's café, Cheryl.
Rien que le nom prêtait déjà à sourire, tellement l'énergie pétillante rendait les moments rafraichissants.

Tomas lui manquait, mais Cheryl semblait le raviver de nouveau. Ses tendres yeux bleus pouvaient aveuglement mettre en confiance n'importe qui, y compris le plus grand des savants. Une chevelure raide et brune égayée d'une frange décalée pouvait ainsi faire pâlir de jalousie n'importe quelle fille prétentieuse de la ville qui dépensaient des sommes exorbitantes en soins capillaires. C'est comme ça qu'il la percevait.

Une idée sema toutefois le doute dans son esprit lorsqu'il remarqua un petit air familier dans le regard. Ces yeux affutèrent une telle expression, aussi docile qu'une caresse qu'il avait la sensation de l'avoir déjà ressenti. Aussi loin qu'il s'en souvienne.

Avançant tranquillement vers le bord du lac, Cory s'asseya face aux canards qui flottèrent en sa direction. Sans doute dans l'espoir de recueillir des bouts de pains de sa part.

Onze et quart.

Elle n'allait plus tarder. Cory ne savait pas comment nommer cette énième rencontre, même s'il pressentait déjà lors de leur dernière que les venues allaient s'amoindrir.
Le mois de septembre approchait à grands pas, et les moments en sa compagnie furent si délicieux qu'il avait l'impression de n'avoir perdu que quelques jours de vacances en seulement deux mois.

- Coucou ! Intervint une voix derrière lui. (Les mains plaquées sur les paupières.)

Ce doux parfum, aux arômes vanillés et légèrement fruités le reconquit. Une mèche venait docilement caresser son épaule. Même sans la fibre de voix, il aurait reconnu sans mal cette présence se tenant derrière lui.

- Hello miss Kentucky. Taquina-t-il.

- Hey, t'es vraiment pas sympa ! Tu verras qu'à la fin de l'année je deviendrais aussi californienne que toi !

- OK. Je mordrai à l'hameçon alors !

- Oh ça ! ( la main levée, défiant presque le hasard.)

- Alors ? Plus que deux semaines avant de démarrer tes premiers cours ?

- J'ai hâte ! Tu peux pas savoir. (Les yeux grands, comme si une montagne de dollars se trouvait devant elle.)

- Je veux bien te croire. Fit-il, l'air à demi plongé dans ses pensées.

- On va se revoir entre temps. Tu le sais ? Dit-elle en posant une main rassurante sur son bras.

- Ouais je le sais. Mais ce ne sera plus vraiment pareil. Je veux dire tes week-end seront pris, tout ça...

- Écoute-moi, je ne te laisserai jamais tomber. Tu peux me croire. Tu as été le premier à m'avoir adressé la parole ici alors que je connais personne.
Jamais je n'oublierai ça. Jamais.

Tout à coup, elle prit son visage entre les mains et déposa lentement un doux baiser sur sa joue. Un léger clapotement sifflant le fit aussitôt rougir.
Il se mettait à se demander à quand remonte la fois où une fille se montra si tendre envers sa personne. Selon ses souvenirs les plus rapides à capituler, il n'y en eu aucun.
Tous ses songes sonnaient confusément. C'est à peine s'il reconnaissait l'endroit où il se trouvait.
L'abstraction des alentours le plongea dans une réalité si somnolente, qu'elle lui offrit l'agréable sensation qu'il rêvait les yeux ouverts.
Il ne voyait plus que la jolie Cheryl à ses côtés, pendant que le reste lui parût étrangement figé.

- Jamais je ne t'oublierai. Répéta la jeune fille. (La voix résonnant en écho dans sa tête.)

Hollywood SuicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant