fifty-five (suite)

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La chemise clair reposant joliment sur un pantalon de soie marin, aux ourlets parfaitement retroussés. Ce qui lui assurait la courbe d'une jolie jambe sans encombrement au niveau des chevilles. Encore un achat digne d'une Marie-Faith en accord avec ses délicates attentions.
Telles qu'il les appréciait.

Il aurait pu s'en sentir choyé, tel un gosse chéri par des parents gâteux. Mais Tom ressentait un profond mal-être qu'il ne savait s'expliquer. Même si à l'évidence, il se rendait bien compte qu'il avait une femme tendrement passionnée à ses côtés. Il aurait pu aisément se trouver rassuré.

Or, en descendant les marches vers le salon, Tom s'aperçut avec enthousiasme la famille comblée qui l'entourait.
Coddey agitait nerveusement les serviettes de tables pendant que Claire essayait d'afficher une mine heureuse malgré la disparition de son amie qui l'affectait. Elle se mettait également à placer les sets de table pour le dîner.

Quand Chace fit son apparition du coin de l'œil. Main dans la main avec sa copine, Tom y revit momentanément ses instants de romantisme avec Marie-Faith.
Ils ne se quittaient plus. Partout où ils s'affichaient, ce n'était que leur unique bonheur qui s'exprimait avec autant d'entrain.
Étrangement, son épouse y décela la même chose dans le regard, en bas des escaliers. Les mains croisées sur le ponton en attendant sagement après l'homme de sa vie.

Un sourire arboré qui signifiait un petit air de "déjà vu" quelque part: "vois-tu cela Tom ? Comme nous avons réussi ces petites merveilles ?"
Une étincelle dans les yeux.

Quand la petite famille rejoignit la table, dans la joie et la bonne humeur, le fils aîné émit quelques embrassades auprès de sa tendre petite-amie avant de se poser. Quant au jeune Coddey, enfin calmé dans ses agitations, il s'asseya aux côtés de son frère avant que ce soit le tour de Tom de prendre place à son siège de chef de famille.

Marie-Faith déposa d'un sourire radieux le plat favori que tout le monde attendait : un gratin dauphinois agrémenté d'une poudre de parmesan sur la couche de fromage.
Rien que l'émanation réveilla tous les sens chez Tom.
Les siens à ses côtés, comme il se faisait rare, avec une Marie-Faith à sa droite. Le tenant d'une main fermement docile où une divine parole d'âme s'en faisait pressentir : "je ne te quitterai jamais."

Malgré cette ambiance aux vestiges harmonieux, Tom avait encore l'étrange sensation qu'un malicieux soupçon d'air se figeait en auréole au-dessus de leur tête. Comme si il ne les oubliait pas.
Tom tourna un dernier regard envers sa femme avant de le plonger dans l'assiette qu'elle venait de lui verser en premier.

Momentanément, il fut assailli par une question qui lui brûlait rageusement les lèvres. En observant la jeune Joyce, tout sourire avec son compagnon, Tom grouillait d'impatience d'oser lui demander à voix haute sans toutefois la blesser.
Batifoler ses mots était assurément l'une des qualités primitives que Marie-Faith vénérait tant chez lui. Cette manière délicate de "mâchouiller" ses mots était décidément un art qu'il maîtrisait avec excellence. Évitant soigneusement les laborieux impairs où l'on trouvait beaucoup de mal à en réparer les conséquences.

Comme cette fameuse fois où au cours d'un dîner, Tom avait prit le soin de demander comment se portait le chat de madame Hansen alors qu'il était encore porté disparu à Lynnwood. D'où les affiches qui ne se comptaient même plus après avoir parcouru plus de cent mètres.

- Joyce ? As-tu eu des nouvelles de ta mère ces derniers jours ?
(La voix plus radoucie que jamais qu'il s'en étonna lui-même d'avoir prit un ton aussi subtil.)

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