Hollywood Suicide

forty-four

Tenant avec nervosité la liste énumérée des tâches que Marie-Faith lui légua avant de se reposer, Tom se retrouva en totale incompréhension entre le rayon des yaourts et celui des paquets biscuits.
La compote de mangue et de raisins secs semblait être méconnue de l'endroit. Cela faisait près de dix minutes qu'il parcourait sans relâche les mêmes étagères dans l'espoir d'y voir clignoter le nom en feu de phare.
Quand tout à coup, il sentit un passage l'effleurer.

- Tiens ! Comme il est drôle de tomber sur les mêmes voisins dans les mêmes lieux ! Lui balança une voix qu'il n'était pas sûr de reconnaître.

- Ah... En effet. Se mit-il instinctivement à sourire.

Il la fuyait le plus possible du regard, ses yeux clairs agrémentaient le trouble qu'il éprouvait. Lydia eut l'air aussi fraîche et pimpante que le fameux soir où il était venu chercher sa fille. Mise à part un maquillage plus léger, surtout au niveau des paupières nettement plus soulignées d'un trait marqué ce soir-là, alors qu'un infime coup de mascara suffisait à égayer la mine de la blonde à ce jour.

Au vu du tailleur beige qu'elle portait, Tom décela très vite qu'elle revenait de son lieu de travail. Mais qui était-elle ? Que faisait-elle pour ne jamais laisser la fatigue se dessiner sur ses traits ? Une femme d'affaire doublée d'une activité de mannequin ?
Sans doute se disait-il.

- Vous faites les courses pour la belle petite famille ? Dit-elle sur un ton ironique.

- Et oui. Il faut bien, sinon comment feraient-ils pour me casser les pieds tous les jours ?

À cet instant, Tom n'eut guère le besoin de s'apercevoir sur son expression qu'il venait de commettre un impair. Bien qu'il ne pensait pas à mal, c'était tout de même la mesquinerie qui semblait l'emporter en défense devant l'intimidation infligée. Or, cela ne semblait guère affecter plus que ça la mère dynamique qui se tenait face à lui.

- Justement, que diriez-vous si demain j'organisais un dîner ?

- Un dîner ? Reprit-il l'air interrogé.

- Oui ! Avec votre femme et vos enfants.

- Alors je crois que Chace et sa copine sont de sortie, je ne pense pas que Claire ait quelque chose de prévu et Coddey, avec le peu de connaissances qu'il a pour le moment ne doit pas être occupé non plus.

- Super alors, on se dit quoi demain dans la journée ?

- Euh oui. Pas de problème madame McGwen.

- Je vous en prie Tom, appelez-moi Lydia !
Bon je file, à plus tard ?

Quelle bouteille ferait l'affaire se demandait-il. Quel nom saurait la satisfaire ?
Vu celle qu'elle leur offrit, il était évident qu'elle était loin d'être une amatrice en la matière. Marie-Faith opta pour l'Abbaye de Pontoise mais l'homme indécis qu'il était eut l'air de la trouver un peu kitch. Une bouteille à quatre chiffres et une à deux ne sembla guère signifier le même niveau de qualité.

Marie-Faith ne disait rien lorsque la bouteille figurait au milieu de la table suivie d'une lettre de Chace annonçant une sortie qui s'éterniserait jusqu'au lendemain. Toutefois, Tom connaissait mieux que quiconque sa femme. Il cernait bien là une idée qui ne lui plaisait point.
En tous les cas, il préféra se garder de lui demander de justifier ce commentaire personnel.

- T'es sûre que c'était la meilleure du coin ? Insista-t-il.

- Écoute Tom, si tu connaissais une boutique de vins à Glendale, alors il fallait le dire tout de suite. Sinon tu prends le combiné et tu appelle notre voisine que l'on aura un peu de retard parce que nous n'avons pas trouvé de vin à son équivalence.