forty-nine

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Sur le chemin de l'Université de Broad Art Center *, Cory appréhenda la venue surprise qu'il souhaitait faire à la jeune fille.
La nuit passée avait littéralement rendue le jeune homme introverti en une puce ambulante bourrée d'effervescence à revendre. Il sautillait même sur ses pas au point de ne guère se retourner sur les petites têtes qui affichèrent une mine moqueuse à son égard.

Rien ne l'affectait. Cheryl était assurément la fille qui lui fallait, elle avait même tout pour lui plaire en y repensant. C'était d'ailleurs un idéal féminin qu'il s'interdisait de fantasmer lorsqu'il était encore un adolescent puéril qui lisait les bandes-dessinées miteuses de Donald et Pluto.

Cory avait goûté au fruit défendu de l'arbre d'Éden. Ce qui s'annonçait comme une nuit ordinaire se métamorphosa tout à coup en une volière mouvementée. Bien que, l'acte en lui-même se distingua de manière douce et délicate, il n'en restait pas moins survolté à l'idée de passer à l'étape plus célestine.

Un bouquet de roses à la main, il se voyait presque la surprendre en plein devoir pour l'abreuver de tendresses. Il ne manquait que cela, des caresses intimes. Même si les précédentes en devenaient indénombrables tant les heures écoulées ne donnaient même plus l'impression qu'un laps de temps venait de se mériter.

Le jeune fougueux qu'il devenait se vit tout à coup engrené par l'envie de poursuivre ce moment idyllique de la veille. Il ne voulait plus quitter un tel instant ensemencé de saveur plaisante et jouissive.
Cheryl avait la peau si douce, que le contact ruisselait la même caresse sur sa peau. Ses yeux agrémentaient tant de douceur que Cory avait la sensation d'être câliné du regard. C'en était aussi déstabilisant que chavirant.

C'était comme s'il prenait soin de cette fragilité en l'emportant dans un univers parsemé d'attention tactile et d'amour immesurable.
Jamais Cory n'eut ressenti un tel effet de bienfaisance échangée. Ce partage inconditionnel où deux êtres se rencontraient réellement en profondeur. Une alchimie qui s'alliait à une autre que même dans ses rêves les plus fous, rien ne s'apparentait de la sorte.

Lorsqu'il arriva dans le grand hall où des rangées de pancartes défraîchies longeaient hideusement le mur, Cory s'avança vers un des couloirs où une foulée en ressortit toute exfoliée. Quand il interpella l'un d'entre eux pour demander où se situait la chambre de Cheryl, on le renvoya aussitôt à l'accueil principal situé en coin près de l'entrée.
Là, une femme aux minces lunettes lui indiqua le numéro 1420, situé à l'aile droite du pensionnat de l'Université.

C'est avec stupéfaction que Cory s'aperçut que l'accès était facile. N'importe qui pouvait rentrer dans cette pièce et y voler tout ce que bon lui semblait.
La jeune fille devait assurément se trouver en cours à cette heure de l'après-midi. Il déposa alors le bouquet sur le lit et aperçut un angle dépasser d'une caisse de carton sous la couverture. En la tirant vers lui, une photo de deux hommes aux ressemblances frappantes le secoua. L'un avait le bras enroulé autour du cou de celui qu'il eut aussitôt reconnu : Andy.

Le cliché paraissait si désuet qu'il avait l'impression qu'elle datait des années trente. Le fond de nuance eut l'air d'avoir connu les ravages et les intempéries du temps prescrit. Quant aux deux hommes aux allures de bûcherons posant à quelques mètres d'une ferme, le sourire bonifié sur les lèvres, Cory ne tarda pas à reconnaître celui situé aux côtés de son père : c'était Oliver, son oncle.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Intervint soudainement Cheryl, à l'angle de la porte.

- À toi de me dire. Qu'est-ce que cette photo fait dans tes affaires ? Demanda-t-il sèchement en brandissant le portrait.

*Broad Art Center : école universitaire des Beaux-Arts à Los Angeles (USA).

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