"- N'oublie pas que je suis ta mère, et que le jour où tu deviendras convoitée avec tant d'idolâtrie, ce sera tout bonnement grâce à moi !" gronda violemment Pattie Barstley auprès de son adolescente de fille.
Un pas approchant finement le bord de la première marche d'escalier, la colérique se retourna une dernière fois sur sa fille qui s'amenait lentement derrière elle, la mine déconcertée.
L'agacement semblait l'habitait grandement, elle en avait presque les poings crispés. On eut dit qu'elle se sentait prête à frapper hargneusement contre le mur, au point que l'envie de la faire valdinguer du haut de l'étage se fit rudement pressentir.
L'entendre jaser de cette manière pour tenter de lui infliger fâcheusement l'idée qu'elle n'était rien sans elle gonfla une inépuisable colère vénéneuse en elle.
Alors que pour l'adolescente prodige qu'elle était, il en découlait avec évidence que c'était le cas inverse. Il n'était point du ressort de sa mère de réciter des textes de trois pages en une heure ainsi que de devoir rester fraîche de six heures à près de vingt heures sans avoir la permission de bâiller une seule fois. Son rôle à elle consistait plutôt de saisir les opportunités de parcourir les plateaux dans l'espoir d'attirer l'attention des producteurs lorsqu'ils faisaient leur apparition.Tant de fois elle vit sa mère se contempler en déesse face à son miroir. Un brushing court, aux ondulations nettement modelées, des yeux au reflet prune soulignés par un infime trait noir sur la paupière supérieure. Le tout agrémenté d'un rouge à lèvres aux nuances vermeilles.
Il y avait d'ailleurs une voix intérieure qui lui répétait sciemment mon Dieu qu'elle est belle.La petite enfant qu'elle était décelait vainement une femme prête à conquérir un homme chaque matin qui défilait pour postuler aux auditions.
Elle servait ses intérêts, d'où l'épineuse parole qui déborda ses acquis de conscience. C'était sa propre mère qui marchait dans son ombre, elle en devenait même opportuniste, quitte à causer du tort à sa fille en maintenant mordicus qu'elle se devait d'adhérer aux rythmes parfois surplombés des tournages. Cela te servira lui répétait-elle avec assurance.Une chose à laquelle Pattie marqua toutefois un point.
Mais il en deviendrait inévitable que ce genre d'altercations s'éliment vers une conduite malsaine. Sans cesse elle se mettrait sur son dos en y tâchant des points négatifs. Rebecca le savait, elle n'aurait jamais une vie tranquille si sa mère se lamentait constamment sur elle, à heurter encore sa tête contre ses scripts afin qu'elle évite de manier les mots à sa guise comme elle le faisait à présent.Déjà à cet âge, la jeune femme se montra capricieuse et ingrate. Plus d'une fois, certains des employés du studio Haben Fost dans lequel elle travaillait pour des spots publicitaires accourait vers Pattie en révélant les supplices infernales qu'elle faisait subir de temps à autre à toute l'équipe. Il arrivait même parfois à Pattie de lui prendre sévèrement la main pour l'enfermer dans une pièce jusqu'à tant qu'elle parvienne à avouer ses fautes.
Cela pouvait aisément se prolonger en heures.
D'une insolence effarante relatant tout de même d'un caractère d'enfant lumière. Tout le monde le disait.
Pourtant, la demoiselle n'eût guère le souvenir d'avoir été aussi méfaite. Certes, elle ne savait pas toujours garder sa langue dans sa poche quand on lui mettait la pression mais lorsqu'elle éprouva une certaine peine à émaner un texte aussi éloquent que possible, c'en était une toute autre affaire.
Gerald Greaner, le directeur artistique se tenant face à elle lors des répétitions et se mettait à renchérir lourdement chaque phrase qu'elle tentait de terminer assidûment. Ce qui l'agaçait au plus haut point.
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Hollywood Suicide
Mystery / ThrillerUne actrice connue pour avoir joué Tarrah Laynor dans un feuilleton à succès se retrouve malgré elle tourmentée par des contrats qui s'éteignent... Un père de famille persécuté par une ancienne maîtresse dans sa nouvelle maison... Une femme, envieus...