forty-two

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- Celena ? Puis-je te parler ? Demanda Rebecca, la voix affaiblie.

- Que se passe-t-il Rebecca ?

- Elle est ignoble...je la déteste.
S'exprima la jeune femme, sur une note basse qui laissait clairement envisager que la haine la rongeait.

- De qui me parle-tu ?

- C'est à cause d'elle que je n'ai plus de contrats. Répondit-elle en se mettant à chagriner.

- Mais qui ? De qui me parle-tu ? Rebecca, tu m'inquiète...

- Melinda...
C'est elle qui a tout manœuvrer.

- Comment ça ? Explique-toi ?

- Le jour où tu es arrivée à la maison avant elle, nous avions pris le thé ensemble. Tu t'en souviens ?

- Oui, bien sûr c'était il y a moins d'une semaine Rebecca. Active...

- Le soir-même je n'arrivais pas à dormir alors je me suis pointée chez elle. Mais elle n'était pas là.

- Où était-elle ?

- Je ne sais pas... En arrivant devant sa porte, j'ai cherché après un double de ses clefs. Et je suis entrée. (Les larmes abreuvées.)
En allant dans le petit salon, j'ai vu des tas de lettres éparpillées sur sa table. L'une d'elles venait même de Eddy Langsey, il m'avait invité il y a cinq ans. Il a d'ailleurs dit dans son émission que je l'avais snobé pour ne pas avoir répondu ni à ses appels ni à ses courriers...
Et puis... Je suis tombée aussi sur des lettres provenant du monde entier de la part de certains producteurs et même des fans de la série les jours infinis...

Celena n'avait que mot dire, elle semblait à la fois quelque peu abasourdie et complaisante. Une faveur doublée de surprise, car de cette manière, elle pouvait être sûre que Melinda ne serait plus un pion à abattre. Elle eut à peine fourni d'effort pour l'évincer depuis deux ans qu'elle travaillait pour Rebecca. Elle ne méritait guère de place dans le cœur de chaumière de sa cousine.
D'une part parce qu'elle manifestait assurément de la jalousie pour avoir osé masquer les retours élogieux de son employeuse, de l'autre, parce qu'il y avait des sentiments malsains en jeu. Celena ressentait toutefois un soudain plaisir mesquin. Sa carrière en était au point mort mais pas grâce à elle.
Merci Melinda.

- Écoute, tu veux passer quelques temps et voir un peu ce que tu vas faire ?

- Oh ne t'en fais pas là-dessus, je sais indéniablement ce que j'ai à faire, tu peux me croire...
Elle est virée !

Une cible en moins dans la ligne de mire. Melinda Riley ne serait plus qu'un lointain souvenir qu'elle travaillerait sévèrement pour la faire oublier de tous les champs de visions. Y compris celui de la ville. Mais ce plan viendrait bien après avoir consolé la saule pleureuse.

Or, il y avait bien quelque chose que Celena avait décelé chez cette jeune femme aux airs de Sainte-ni-Touche, une attirance révélatrice envers Rebecca. Gardée toutefois secrète entre les deux jeunes femmes.

Melinda éprouvait clairement des sentiments depuis le jour où elle s'était pointée dans sa demeure avec comme seule curriculum vitae un sourire dépravé de sincérité.
Elle paraissait trop expansive au goût de Celena, elle en avait même les joues exagérément creusés lorsqu'elle se mettait à forcer. On aurait dit une adolescente de seize ans débarquant fraîchement de la campagne, qui ne savait préserver l'angoisse de laisser un faux pas s'affranchir. Il en devenait même insolent de la voir se comporter de la sorte. Godiche. Même les citadines de son âge auraient fait meilleure impression.
C'était une novice dans le peuple des anges étoilés. Une petite sotte sur qui l'on s'amuserait quelques temps pour la relayer aux bancs des oubliettes.

Pourtant, Celena s'épata elle-même de n'avoir jamais rien dévoilé de la fin de cet entretien. À peine venait-elle de franchir le seuil que Melinda dénicha de son sac une photo en noir et blanc de Rebecca, lorsqu'elle avait la vingtaine. Les ondulations aussi semblables à celles qu'elle portait actuellement. Le tout assigné dans une jolie robe rayonnante en dentelles de Calais, une tenue où la jeune femme apparut aussi éblouie qu'une Marylin Monroe.
C'est d'un soigneux baiser sur le tendre sourire que la jeune puérile s'indigna.

Elle parût tant déconcertée lorsqu'elle aperçut Celena juste derrière elle que la cousine de l'actrice en eût pitié. Elle mit la jeune blonde en confiance d'un sourire gracieusement arboré. Ne t'inquiète dont pas, tu n'es pas la seule à fantasmer tant sur ma cousine, tu sais.
Allez, ne t'en mords pas les doigts petite luciole. Ce sera notre petit secret.

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