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Je cours. Je dois m'éloigner. Je dois fuir. Je dois LE fuir. Je sais très bien qu'il me retrouvera, surtout si comme il le dit il est Satan. Si comme il le dit il est le Diable, le Diable en personne. Mais je ne veux pas abandonner, je veux me battre, je ne veux pas le laisser gagner. Je ne veux plus les laisser gagner, je ne veux plus les laisser prendre le dessus sur moi. Je ne veux plus être la petite fille faible que j'étais. Je veux changer ! Je ne peux pas le rejoindre sans avoir essayé. Je dois au moins essayer. Je ne peux pas abandonner. Je ne peux juste pas. Cependant un problème persiste, je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment fuir le Diable. Je ne sais pas comment être courageuse. Je ne sais pas comment changer. Je ne sais pas comment me battre. Je ne sais que me cacher derrière les autres, que les laisser faire des choix pour moi. Je ne sais pas être moi, je ne sais même qui je suis, moi. Pourtant je veux et dois changer, je vais lui résister.

Pour tenter de fuir le Diable je me réfugie dans le premier endroit qui le contredit. Le seul endroit où je pourrais me sentir un minimum en sécurité. Je me réfugie dans une église. Je sais que ça ne le tiendra pas loin longtemps, car il n'est pas n'importe quelle démon, il est le Diable en personne. Même s'il avait été un démon quelconque je ne sais pas si ça l'aurait tenu loin de moi, si ça m'aurait protégé. Toutes mes croyances se sont détruites en le voyant. Je ne sais plus ce que je crois, je ne sais plus ce que je ne crois pas. Je ne sais plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Je ne sais plus rien. Je suis perdue. Je ne sais plus quoi faire, quoi penser. Mes parents m'ont abandonné. Ils n'ont jamais voulu de moi, ça je l'ai toujours su, et c'est pour l'instant l'une des seule chose dont laquelle je suis totalement sûr. Mais de là à penser qu'ils me vendraient, et qu'ils me vendraient au Diable, ça je ne l'aurais jamais imaginé. Cela dis je les comprends, d'une certaine manière je les comprends, ils ne me connaissaient pas, ne m'avaient jamais vu, je n'étais rien qu'un petit être qui s'avérait se trouver dans le ventre de cette femme. Ma mère était mourante. Alors ils m'ont vendu.

L'église est vide. Je ne suis jamais aller à l'église, d'ailleurs je ne suis jamais allée d'en quelconque endroit religieux, ni une église, ni une mosquée, ni dans une synagogue, ou autre espace dont je ne connais même pas le nom. Notre orphelinat est laïc, pour que chaque parent puisse élever leurs enfants dans la religion de leurs choix. C'est grand. Je m'y sens en sécurité, étrangement je m'y sens protégée, pas du Diable ou de mon sort, mais l'ambiance est apaisante, il n'y a pas de grande lumière qui m'éblouisse, ce n'est pas rempli de monde qui se bouscule, ce n'est pas bruyant, c'est simplement calme et apaisant. Les murs sont ornés de fresques, elles sont magnifiques. On y voit des femmes, des hommes, des enfants, j'en déduis qu'ils représentent des personnages religieux, cependant je ne les reconnais pas, j'admire simplement cet art vieux de plusieurs siècles. Je continue de marcher entre les banc jusqu'à m'arrêter devant la croix, elle est immense et orne la salle, je ne peux détaché mes yeux d'elle, elle semble être l'objet mère de cet établissement. Je reconnais Jésus, j'essaie de me rappeler mes cours de collège, je connais évidemment les bases des trois grandes religions monothéistes qu'on a étudié au collège mais à part ça je n'ai jamais porté de grande attention à la religion. Après avoir détaillé la statut et la salle une dernière fois je me dirige vers un banc. Je voudrais prier mais je ne sais pas comment faire, je ne sais pas à qui m'adresser. Je n'ai jamais ressenti ce besoin et je me sens égoïste d'implorer l'aide de quelqu'un en qui je n'ai jamais cru. Je me lève et refais un tour de l'église, elle est bien trop grande pour notre petite ville, j'aurais aimé voyager à travers le monde, découvrir de nouvelles cultures, mais je sais maintenant que ça ne sera pas possible, dans quelques heures je serais morte et avec ce que je possède aujourd'hui je ne peux pas me permettre de fuir cette ville, je veux vivre mes derniers moments dans cet endroit. Je réalise que tout va me manquer, les cours évidemment, ma seule et unique amie Maïa, mon travail, et même Morgane, une adorable fille qui du jour au lendemain a décidé que je n'étais plus assez bien pour elle et que de ce fait me harceler était la meilleure de solution.

Après quelques heures dans le bâtiment, je me décide enfin à partir. J'espère qu'il n'est pas dehors. Qu'il ne m'attend pas. Jai peur. Je suis coincé devant cette immense porte, doucement je l'ouvre. Je reste toujours dans l'église, je sais qu'une fois que j'aurais posé mon pied hors de cet endroit sacré je ne me sentirais plus protégée. J'hésite longuement jusqu'à voir un bout de papier au sol, il est rouge, rouge comme le sang frais, rouge comme le sang qui sort d'une plaie. Je n'ai pas besoin de lire mon nom dessus pour savoir qu'il est pour moi. Je sors de l'église et suis heurté par un vent glacial, je frissonne mais continue mon chemin jusqu'à ce petit bout de papier.

Aily, chérie,

Tu m'appartiens, ça tu le sais. Tu me rejoindras aussi en enfer, tôt au tard. Tu peux tenter de te cacher, tu peux tenter de me fuir, mais Aily ne l'oublie pas, je suis le Diable. Si je veux entrer dans cette église et te tranché violement la tête je le fais, mais je ne suis pas comme ça. Ça t'étonnera peut-être, mais je t'avoue n'en avoir pas grand chose à faire de ton avis d'humaine. Sache simplement que je te laisse une dernière semaine de liberté, oui tu as bien lu, tu es libre pendant une semaine. Achètes-toi de la drogue, de l'alcool, ou peu importe je n'en ai rien à faire. N'associe pas cette action à de la gentillesse, ne sois pas si stupide. Te voir souffrir doucement pendant une semaine, te retourner la tête, te hanter, ça c'est une des raisons pour laquelle tu es libre. Vie ta vie tant que tu le peux encore, bientôt tu ne seras rien d'autre qu'une âme, mon âme.

Signer le seul et unique, le Diable

Satan.

Cette lettre me glace le sang, elle est pourtant plutôt sophistiquée pour quelque qui assure être le Diable. Ce quelqu'un que je crois sur parole. Je sais qu'il veut me faire souffrir, mais je ne peux pas lui faire cet honneur. Je ne peux pas fuir, je ne peux pas lui échapper, mais je peux au moins essayer de le comprendre, essayer de me préparer. Essayer de le déjouer.

Vendue au diable [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant