Chapitre 3

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Silence.
Quand je reprends connaissance, il n'y a plus aucun bruit ; même pas celui des respirations des autres filles.
Mon cerveau se met lentement en route et j'ouvre péniblement les yeux. Mes paupières sont lourdes, très lourdes ; comme si je me réveillais en plein milieu de mon sommeil réparateur et que je devais me lever pour aller au lycée.
Ma mémoire se réveille elle aussi, et je me souviens.
Non, je ne vais pas au lycée. Et où est le gars ?
La lumière aveuglante de la pièce m'oblige à cligner des yeux plusieurs fois, mais peu à peu, ma rétine s'habitue et ma vision devient net.
J'examine la pièce autour de moi et découvre en voulant me redresser sur les coudes, que je suis de nouveau attachée par des sangles à une sorte de chaise d'oscultation, semblable à celle des dentistes.
La pièce intégrale est blanche : les murs, le sol, le plafond et même les lampes envoient une puissante lumière blanche. La pièce est plutôt petite mais sur toute la surface du mur à la gauche se trouve un miroir qui donne l'illusion du contraire. L'odeur de désinfectant de l'infirmerie à disparu, remplacée par celle du propre et du frais.
Je rebaisse les yeux sur moi. Bon. Me voilà de nouveau attachée. Mes nouveaux liens me maintiennent les poignets et maintenant les chevilles ; mais ils sont beaucoup moins douloureux que mes anciennes menottes. Je jette un coup d'oeil à la blessure que je m'étais faite en voulant retirer mes menottes et suis étonnée de ne plus la voir. La blessure semble s'être refermée. Je me demande combien de temps j'ai dormis...
Je constate aussi qu'on m'a encore changé de vêtements. Je porte une blouse blanche et simple, nouée dans mon dos par plusieurs petits cordons. A priori je suis nue en dessous.
Cette blouse me rappelle celle que porte les patients dans les hôpitaux.

Au bout d'un moment, une porte s'ouvre dans mon dos puis se referme. Je crois que quelqu'un est entré.
Et en effet quelqu'un marche jusqu'à moi et apparaît à ma droite. Impossible de deviner sa nature puisqu'il porte une combinaison blanche avec un masque qui lui couvre le visage. Il est plutôt effrayant comme ça. Je me demande pourquoi il porte un masque. Je ne suis pas malade. Du moins pas aux dernières nouvelles.
L'inconnu ouvre plusieurs tiroirs d'un petit meuble à roulettes et en sort plusieurs ustensiles. Méfiante, j'observe chacun de ses faits et gestes et surveilles chacun des objets qu'il sort, histoire de m'assurer que je ne cours aucun danger. Au cas où lui aussi sortirai une seringue....
Heureusement il n'en sort pas.

Au cours de l'heure suivante, l'inconnu me fait effectuer plusieurs tests pour probablement s'assurer de ma santé. Pourquoi, je ne sais pas ; mais tant qu'il ne sort pas d'aiguilles et qu'il ne me brusque pas, ça me va.
L'inconnu vérifie le bon fonctionnement de mes yeux avec une petite lampe qu'il passe devant mes pupilles, puis teste ma vue en me montrant un tableau avec des lettres que je dois bien évidemment nommer. Il contrôle mon odorat en me passant sous le nez plusieurs odeurs que je dois identifier, mon ouïe en me mettant un casque sur les oreilles, puis mon rythme cardiaque. L'inconnu vérifie aussi si je n'ai aucun problème d'articulation ou musculaire. Je suis opérationnelle partout.
Lorsqu'il semble avoir terminé, l'inconnu retourne vers son petit meuble à roulette et me fait signe de retourner sur le siège. Curieusement, j'optempère sans rien dire et retourne m'allonger. Il me rattache les poignets puis les chevilles, qu'il avait détaché durant les tests, et range ses outils.
Je reste immobile, le regard rivé au plafond, et attend patiemment la suite  de ses ordre muets. Je ne me pose aucunes questions et suis étrangement zen. C'est presque comme si j'avais confiance en lui, bien que je ne le connaisse pas et qu'il soit un poil effrayant. Mais hormis ça, je suis calme et serai presque prête à m'endormir.
Mais ce sentiment de sérénité ne dure pas longtemps. L'inconnu se tourne vers moi et saisis mon bras. Je rouvre les yeux et lui jette un regard d'incompréhension avant de remarquer mon pire cauchemar dans sa main. Sauf qu'il ne tient pas une seringue , mais deux. Mon sang ne fait qu'un tour avant que la panique ne resurgisse et m'affole.

N°2304Où les histoires vivent. Découvrez maintenant