Chapitre 9

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Je me redresse dans un sursaut en entendant la chaise glisser puis tomber bruyamment au sol. Je me lève sur le qui-vive et m'éloigne du lit, les yeux encore à moitiés collés.
Shane entre tranquillement dans la pièce et hausse un sourcil en voyant la chaise qui bloque à moitié la porte. Il la recule d'un mouvement de pied un peu maladroit, puis, s'arrête un instant en me voyant.

- Je pensais pas te trouver ici, marmonne-t-il pour justifier son bug devant moi.

Il s'avance jusqu'au comptoir, attrape une bouteille d'eau et en bois trois grandes goulées avant de reprendre :

- En faites, je ne pensais pas te revoir du tout, rectifie-t-il, plus à lui même qu'à moi.

J'hausse les épaules et me frotte les yeux. Rassurée que ça ne soit que lui, je me rassois sur le bord du lit.

- Tu pensais que j'allais essayer de m'enfuir ? Je demande, blasée, en baillant.

Non pas que cette conversation m'ennuie. Quoique si un peu. Combien de fois il m'a dit de ne rien tenter ? C'en devient barbant. Mais quelque chose dans sa voix, et dans son regard me dit qu'il a raison, et qu'il vaut mieux que je reste sage. La dernière fois, j'ai presque cru déceler une once de peur. Mais bon, j'ai du me tromper. Le grand Shane n'a peur de rien.

- Ouais. J'avoue que je te pensais  assez bête pour essayer. Beaucoup l'ont fait tu sais, dit-il en buvant à nouveau.

- Et ?

- Ils l'ont regrettés.

Je ne peux pas m'empêcher d'être touchée. Une part de moi veut éviter les ennuis et préférerait se soumettre en attendant de trouver un autre meilleur plan ; mais l'autre refuse toute obéissance et rêve de sortir d'ici. De s'enfuir. De tenter ma chance, comme certains d'ici.
Mais ma part rationnelle et obéissante l'emporte. Pour l'instant.

-Ah, je dis simplement, feignant l'impassibilité.

À en juger sa respiration légèrement haletante, et son t-shirt en partie mouillé, je dirais qu'il vient de courir, ou de faire quelque chose de physique. Comme de la muscu. Est-ce que c'est de là qu'il vient ?
Il expire un grand coup avant de relâcher sa bouteille d'eau presque vide et s'avance vers l'armoire pour retirer son t-shirt. J'ai le temps d'apercevoir son torse luisant de transpiration avant qu'il ne me jette un coup d'oeil par dessus son épaule qui me déstabilise et m'oblige à regarder ailleurs. Il le roule en boule sous mes yeux sans me lâcher du regard, et le jette dans une corbeille à ma droite. J'aperçois du coin de l'oeil des zones sombres sur son corps. Ce sont des tatouages.
Ça ne m'étonne pas qu'il soit tatoué, ça colle parfaitement avec son personnage je-m'en-foutiste.
Son bras gauche a l'air entièrement recouvert et son avant bras droit aussi. Un rapide coup d'œil me permets de voir un texte sur le côté droit de son ventre, et un aigle royal tatoué sur l'épaule droite. Ça ne lui a pas échappé. Je rougis légèrement, et me tortille pour croiser les jambes.

- Où est-ce que tu étais ? Je demande pour briser ce silence gênant. Je t'ai cherché toute l'après-midi.

Il rit et se détourne pour attraper un t-shirt noir dans son côté de l'armoire. Ce qui semble être mon côté, à gauche, est vide.

- Que quelques heures qu'on se connait et ça y'est, tu ne peux déjà plus me quitter !?

Je ne dis rien, n'ayant pas le courage de répondre quoique ce soit. Je ne rigole même pas.
En faites, j'ai la flemme de réagir. Je crois que l'adrénaline de tout à l'heure dans le couloir m'a totalement assommée ; et cette sieste n'a probablement rien fait pour me secouer. Combien de temps j'ai dormi d'ailleurs ? J'ai l'impression d'avoir dormi une éternité.

N°2304Où les histoires vivent. Découvrez maintenant