Je me retourne une énième fois en soupirant.
Evidemment, c'est toujours au moment de dormir que je remets toute ma vie en question. Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas juste m'endormir ? Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas juste arrêter de penser à tout ça ?
Ça doit bien faire deux heures que je n'arrête pas de gigoter sans parvenir à m'endormir. Sur le ventre, sur le dos, sur le flanc droit, gauche, un peu moins allongée, un peu plus assise, les yeux fermés, ouverts... Aucune position ne me parait assez confortable pour que je me laisse succomber.
Je ne sais même pas comment Shane fait pour parvenir à dormir. Au delà du fait que cette fameuse diversion ne lui ai apparemment rien fait, il y a quand même tout le reste, cette mission...Et puis moi, aussi, qui n'arrête pas de bouger.
Son baiser, ou plutôt le stratagème, ou même peut importe comment on peut appeler ça, m'a complètement retourné le cerveau. Avant, je ne savais jamais ce qu'il voulait.
Il souffle chaud, puis froid. Il me dit quelque chose, puis son inverse. Il m'embrassait, puis couchait avec Léna.
J'avais réussi à méloigner de lui pour me protéger. J'avais réussi à prendre du recul sur tout ça, sur notre relation assez étrange et parfois ambiguë, et je ne me posais plus trente-six mille questions à son sujet. Shane était Shane. Il faisait ce qu'il voulait et peu importe quoi. Moi j'étais moi. Et je l'aimais en tant qu'ami, en tant que partenaire.
Mais voilà. Shane m'a embrassé. Et cette ridicule petite "diversion" a suffit à semer de nouveau le trouble autant dans ma tete que dans mon coeur.
Je le déteste pour ça -vraiment. Il y a quelque mois, quand il m'embrassait ou me couvait de son regard tendre et protecteur, je me mettais à espérer. Je me sentais spéciale lorsqu'il se confiait à moi -à moi et moi seule, pour la première fois de sa vie. Donc je m'accrochais.
La chute et la déception n'en était que plus dure lorsque j'apprenais le surlendemain qu'il avait échangé plus que des baisers avec Léna.
Je ne veux pas que ça recommence ; je ne veux pas recommencer à souffrir, lorsque Léna me nargue avec son petit air mesquin quand elle est suspendue à son bras. Je ne veux pas me prendre de nouveau à espérer être à sa place.
Ce qui m'énerve, c'est que malgré tout, une petite partie de moi continue d'espérer et d'attendre. Ce qui m'énerve encore plus, c'est que je n'arrive pas à savoir ce que Shane attend de moi. Et tant que je ne serais pas fixée, cette -stupide- partie de moi ne pourra pas s'arrêter d'exister.
Je soupire, agacée, et me tourne.
Cette fois je suis couchée sur le flanc droit, face à Shane.
Il parait si paisible et innocent lorsqu'il dort. Mais ces allures pures et chastes sont irréfutablement trahies par son corps, et l'aura qu'il dégage.
Ses lèvres pleines, roses, et entrouvertes.
La couverture -évidemment- baissée au plus bas sur ses hanches, de manière à bien dévoiler toute l'étendue de son torse ciselé, dont les abdos et les pectoraux saillent sous une fine pellicule de peau. De quoi faire pâlir d'envie les si célèbres statues grecques.
De toute évidence, Shane n'a pas honte de son corps et n'éprouve pas la moindre gêne de le montrer. Je peux même dire qu'il aime le montrer.
On est en hiver maintenant, et les températures ont énormément chuté. Et pendant que moi je me les caille, Shane, lui, continue de dormir en caleçon, sans réellement se préoccuper de la couverture. Comme si, même le froid ne l'atteignait pas. Mais même s'il se justifie en disant que ce n'est que parce qu'il a chaud, je le soupçonne de le faire exprès, rien que pour me tenter.
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N°2304
Misteri / ThrillerUn centre. Des garçons. Des filles. Une fille. Une salle. Des menottes. La peur. Le désespoir. Le commencement. Un garçon. Une cellule. Des voix. La douleur. La culpabilité. La fin. Ils n'ont aucunes idées de ce qui les attendent...