PDV Hannah.
Soudain, la lumière s'allume dans la pièce et me tire de ma semi-torpeur.
Je redresse la tête mais il me faut plusieurs secondes avant de recouvrer la vue.Un garde, aux traits délicats et juvéniles, entre un plateau dans les mains, pour m'apporter mon repas quotidien.
Ces derniers temps, j'ai le droit à un repas par jour; de quoi me tenir en vie sans pour autant me donner trop de force. Mais Bérivan va sûrement changer ça et m'affamer quelques jours, histoire de me faire perdre à nouveau tout repères temporels.
Le garde avance l'air farouche et remonte brusquement son masque sur son visage en s'apercevant que je l'observe. Il s'immobilise, une lueur de panique dans les yeux, alors que nous échangeons un regard.
Cette pudeur, ou plutôt cette honte que les jeunes gardes éprouvent en découvrant leur visage m'intrigue voir m'obsède. Pourquoi ? Toujours ce mouvement de recul, cette lueur de panique dans les yeux si on les voit. Étrange.
Mais peu importe; je dois absolument tenter ma chance aujourd'hui. Ce n'est pas tous les jours que d'aussi jeunes recrues passent par ici.
Il va falloir être habile et persuasive.Après s'être finalement ressaisi, le jeune garde dépose le plateau sur une petite table près de mon siège sur ma gauche. Je l'observe faire sa petite préparation -même s'il est de dos et que je ne vois pas grand chose, profitant de ce petit laps de temps pour chercher mes mots.
Il se tourne vers moi, une cuillère dans une main, un petit pot dans l'autre puis s'avance. Je ne sais pas pourquoi mais il a l'air particulièrement nerveux.
-Attends, je l'arrête en reculant lorsqu'il approche la cuillère de ma bouche.
Est-ce que je lui fais peur ou est-ce que je l'intimide ?
Il semble gêné de me regarder dans les yeux.-Comment tu t'appelles ? Je balbutie, à cours d'idée, en essayant tout de même d'avoir l'air gentille. C'est la première fois que tu m'apporte à manger, non ? Je ne crois pas t'avoir déjà vu. Moi, je m'appelles Hannah.
Je souris mais je sens bien qu'il est méfiant et aussi réceptif qu'une feuille. Super.
Il va quand même falloir essayer de le rouler. Un deuxième petit naïf ne repassera pas par ici avant une éternité.- Je...Je n'ai pas le droit de vous parler. Désolé.
Il rapproche la cuillère que j'évite l'air de rien.
- Oh. Je comprends. Je suis une prisonnière après tout. Je voulais juste discuter un peu comme je suis toujours seule. Aucune chance de m'enfuir de toute façon.
L'air faussement déçue, je désigne mes sangles du menton.
Le garde a l'air super mal à l'aise.
- Et puis le collier m'éléctrocutera si j'essaie de courir. Enfin bref. En tout cas, c'est vraiment gentil de m'apporter à manger.
À nouveau je souris en essayant d'avoir gentille. Alors pourquoi reste-t-il aussi crispé et aussi peu réceptif !? Aies au moins un peu de compassion pour moi quand même, putain !
Tu parles.Mal à l'aise, il hoche simplement la tête.
J'espère que je ne vais pas être obligé de pleurer pour toucher son coeur de pierre parce que je ne sais pas pleurer sur commande.

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N°2304
Misteri / ThrillerUn centre. Des garçons. Des filles. Une fille. Une salle. Des menottes. La peur. Le désespoir. Le commencement. Un garçon. Une cellule. Des voix. La douleur. La culpabilité. La fin. Ils n'ont aucunes idées de ce qui les attendent...