Une demi-heure. Une demi-heure que je l'attends.
Mais qu'est ce qu'elle peut bien faire là-dedans depuis une demi-heure !?
Question idiote puisque je connais déjà la réponse ; mais tout de même, une demi-heure à attendre c'est long.
Pour la millième fois, je tourne la tête pour jeter un coup d'oeil à la porte par laquelle elle est rentrée. Toujours rien. Je n'essaie même plus de me cacher derrière le mur pour éviter d'être vue. Je commence sérieusement à croire que c'est peut-être simplement sa cellule à elle.
Mais à la seconde même où mes paupières commencent à devenir sérieusement lourdes, la porte s'ouvre et me sort de ma somnolence dans un sursaut. Il est très tôt, et je n'ai pas beaucoup dormi de peur de ne pas me réveiller à temps.
Je me précipite derrière le mur avant d'être repérée et me reconcentre sur ma cible.
C'est bien elle. Je vois d'ici ses petites jambes bronzées dépassées de l'encadrement de la porte, et ses fesses bombées semblant tenter de s'enfuir de son short monstrueusement court. Depuis quelques temps, la température ambiante commence sérieusement à chuter à l'approche de l'hiver, mais elle évidemment, c'est bien la seule à continuer de se trimballer à moitié nue au lieu de se couvrir. Tandis que nous nous cherchons désespérément des vêtements chauds dans nos placards, elle, elle s'assure de porter le moins de tissus possible.
C'est affligeant.
Depuis mon poste d'observation, leur chuchotements me parviennent mais je reste trop loin pour comprendre ce qu'ils disent. Au bout d'un moment, la main masculine entre dans mon champs de vision, poing fermé et face au sol, et ma cible s'empresse de placer ses mains en coupe juste au dessous. La main libère son continu, et je me redresse discrètement pour essayer d'apercevoir son contenu. Ça fait déjà deux jours que je suis ma cible dans l'espoir de découvrir de quoi il s'agit. Je plisse les yeux, mais une fois encore, son mouvement est trop rapide. À peine a-t-elle récupérée son contenu que ma cible s'empresse de le fourrer dans son sweat, probablement au chaud dans son soutien-gorge. En ces deux jours de traque, la seule chose que j'ai minablement réussi à voir, c'est qu'il s'agissait de petits objets de couleurs jaunes.
La porte se referme et ma cible tourne les talons pour filer dans ma direction opposée.
Étant donné que j'ai une fois de plus échoué à comprendre ce que c'était, j'hésite à continuer. Soit je fais comme d'habitude et je rentre bredouille, soit j'abandonne complètement. Après tout, peut-être que c'est juste des gommettes jaunes ou un autre truc sans importance. J'ai l'air d'une psychopathe en plus. Mais d'un côté, ça m'étonnerait que ce ne soit d'une bricole sans importance. Elle ne les collecterait pas comme des objets précieux, qu'elle range immédiatement en sécurité et cachés d'éventuelles regards curieux.
Donc je pourrais aussi continuer de la suivre en espérant qu'elle les ressortes. Et puis ça fait deux jours que je la surveille sans relâche alors je ne peux pas abandonner comme ça. En plus faut avouer que c'est assez distrayant, et au moins ça m'occupe l'esprit. Ça m'évite de ruminer sur mon pauvre sort, de broyer du noir ou de me prendre la tête avec Shane. D'ailleurs je n'aurais jamais pensé qu'ignorer Shane allait être aussi fatiguant. Parfois je me sens seule dans la cellule et j'apprécirais pouvoir parler avec quelqu'un.
Comme de toute façon je suis toujours en quête de réponses à mes questions, c'est parfait. Je m'ennuie et je veux savoir ce que Léna récupère comme ça à chaque fois !? Et bien en avant, allons découvrir ça.
J'observe de loin ma cible faire de tour du balcon des cellules, et une fois qu'elle disparaît dans les escaliers, je descends prudemment ceux qui sont à ma droite. Je descends jute quelques marches, le temps que Léna me dépasse, et une fois fait, je la rejoins en trottant à travers le forum. Je reste suffisamment à distance pour ne pas qu'elle me remarque, mais suffisamment proche pour la garder à l'oeil.
Léna empreinte le couloir Ouest et tourne à gauche, en direction de l'infirmerie et des douches. Ça étonnerait qu'elle aille à l'infirmerie puisqu'elle n'est pas blessée donc je dirais plus qu'elle va se doucher. En même temps, vu ce qu'elle vient de faire, ce serait plutôt logique.
Effectivement, ma cible tourne à droite pour entrer dans les couloirs menant aux douches, et je me dépêche de la rejoindre. La pensant déjà loin, je m'engage dans vérifier dans le couloir, mais me fige brusquement sur place, étouffant un cris de surprise.
Léna qui a apparemment compris qu'elle avait suivis est face à moi, le regard menaçant, un canif à moitié rouillé pointé sous ma gorge. Son air menaçant disparaît aussitôt lorsqu'elle me voit, ses bras retombent mollement contre ses flancs et un des ses sourcils se hausse dans cette expression hautaine qu'elle arbore si souvent.

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N°2304
Mystery / ThrillerUn centre. Des garçons. Des filles. Une fille. Une salle. Des menottes. La peur. Le désespoir. Le commencement. Un garçon. Une cellule. Des voix. La douleur. La culpabilité. La fin. Ils n'ont aucunes idées de ce qui les attendent...