J'attends.
Des secondes, des minutes, des heures puis des jours.
Deux jours.
Voilà deux jours qu'Hannah est allongée à l'infirmerie, insconsciente et immobile.
Son souffle est faible et pas vraiment régulier. Par moment il s'arrête pour reprendre brusquement, comme si elle haletait. En fait, je crois qu'elle rêve. Ses yeux bougent sous ses paupières et ses muscles tressautent de temps en temps.
Je ne sais pas de quoi elle rêve, mais en tout cas, cela semble intense.Sa peau est froide et son teint encore plus pâle que d'habitude.
Je me demande quand est-ce qu'elle va se réveiller, même si je ne suis pas sûr d'en avoir envie.Si elle se réveille, je verrais de nouveau le beau bleu-gris de ses yeux ronds, qui se poseront sur moi en me faisant frissonner. Ses jolies lèvres pulpeuses s'ourleraient d'un sourire malgré tout, et je me sentirais soulagé.
Mais si elle se réveille, cela signifie aussi que les gardes l'emmèneront.
Léna a dénoncé Hannah pour agression. Les égratignures qu'elle porte sur le visage ont penché en sa faveur.
Ici, les bagarres sont interdites et sévèrement punies.
Néanmoins, Léna n'avait probablement pas remarqué qu'Hannah portait elle aussi des marques.
Résultat Léna est elle aussi condamné. Et leur Punition aura lieu devant tout le monde dans le Forum, dès lors qu'Hannah ouvrira les yeux.Je regarde autour de moi et me calle contre le dos de la chaise.
Il n'y a pas beaucoup de monde à l'infirmerie, c'est assez calme. Je dois reconnaître que ça fait du bien. On ne s'en rends pas vraiment compte mais il y a tout le temps du bruit. Même le soir quand on va dans les chambres, on entends les gardes à l'extérieur qui s'affairent et qui parlent entre eux.
Je soupire et je me détends.De l'autre côté de la porte, derrière le hublot, des gardes attendent et guettent le réveil d'Hannah. Celui qui s'occupe de l'infirmerie passe de temps en temps, pour vérifier qu'elle ne fait pas semblant ou qu'elle n'est tout simplement pas morte. À chaque fois qu'il s'approche, je sens qu'il n'est pas très à l'aise et qu'il me craint. Ça me fait rire et comme je n'ai rien d'autre à faire de toute façon pour m'occuper, je fais exprès de le fixer.
Le temps passe encore, et ce soir, cela fera trois jours.
C'est long trois jours.
Je me sens seul dans ma chambre, surtout dans le lit la nuit quand je bouge et que je ne la sens pas près de moi.Je jette un coup d'oeil à l'horloge.
Il n'est que 13h. Elle a encore largement le temps de se réveiller et il y a encore un peu de chance pour que je ne dorme pas seul ce soir.Je la regarde et je repense à ce que m'a dit Léna l'autre jour, quand je cherchais désespérément Hannah et que c'est elle que j'ai trouvé à la place. Elle affichait ce petit sourire malicieux et ça me rendait fou.
Elle m'a rejoint, lentement, de sa démarche sensuelle, et m'a poussé contre le mur pour me coincer contre elle. Ses mains ont caressé mon torse et son visage s'est approché du mien.
" C'est ta faute tout ça, tu sais", m'a-t-elle soufflé à l'oreille, sur la pointe des pieds. "Je n'aurais jamais été obligé de faire ça, s'il n'y avait réellement rien entre vous. Je veux que ça vous serve de leçon à tous les deux. Je ne veux plus que tu l'approche et que tu lui accorde une quelconque attention. Regarde-moi ", a-t-elle exigé en m'attrapant les mâchoires. " Je veux que tu ne regarde que moi. Que moi.".
Léna a fouillé mes yeux, avant de continuer : " Tu lui as promis de toute façon, tu te souviens ? Une promesse est une promesse. Il m'a juré que tu ne m'abandonnerais pas, et toi, tu lui a promis que tu prendrais soin de moi.".J'ai eu mal lorsqu'elle m'a dit ça.
Pour moi.
Pour elle.
Parce qu'elle mélange tout et que ça me fait mal de la voir comme ça. Léna n'a plus vraiment toute sa tête et ça me fait mal de l'admettre.
Avant, quand j'étais plus jeune et que j'avais seize ans, il n'y avait pas que Nate et Zack. Il n'y avait même pas encore Zack, en fait. Lui, je l'ai rencontré après.
Avant d'arriver dans le bâtiment B, on était trois, trois gars inséparables, un vrai trio infernale ; et ce, depuis l'enfance.

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N°2304
Mistério / SuspenseUn centre. Des garçons. Des filles. Une fille. Une salle. Des menottes. La peur. Le désespoir. Le commencement. Un garçon. Une cellule. Des voix. La douleur. La culpabilité. La fin. Ils n'ont aucunes idées de ce qui les attendent...