Chapitre 63

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PDV Shane


-Dépêchez-vous avant qu'ils ne se réveillent.

Les voix sont proches, elles ne résonnent plus comme avant. Des mains me traînent avec négligence. Je sens mon poids peser sur mes épaules, à deux doigts de se disloquer, la douleur dans chacun de mes muscles, et la froideur du sol sous mes cuisses.

En gémissant, j'ouvre lentement les yeux.

Je ne suis plus dans le Forum exposé aux coups et aux yeux de tous.

Mais  je ne suis pas non plus dans les quartiers vastes, carrelés et immaculés de l'Isolement. Pourtant, c'est là que je vais ; c'est là que je retourne. Je n'ai pas oublié que je devais payer le prix de mon altercation avec Caleb.

-Plus vite. Il se remet à bouger.

Est-ce qu'ils parlent de moi ? Les gardes qui me tirent ont l'air nerveux. Pressés aussi, si j'en crois leur allure de marche.

Mes paupières sont lourdes et je me sens faible. J'ai du mal à garder les yeux ouverts mais mon instinct m'ordonne de rester conscient.

-Putain, il est lourd, se plaint le garde sur ma gauche, en faisant une halte pour reprendre une meilleure prise autour de mon bras.

Crac. Son mouvement fait craquer mon épaule. Je crois qu'elle s'est déboîtée.

-Du nerf devant, braille un autre plus loin derrière en couvrant de sa voix mon grognement de douleur.

La douleur lorsqu'ils se remettent à me tirer pour avancer manque de me faire tourner de l'œil, mais je m'accroche, obstinément. Une petite voix me souffle qu'il faut que je reste éveillé, comme s'il se tramait quelque chose.

Le couloir dans lequel il me traîne est exigu, humide et mal éclairé. Je ne l'ai jamais traversé et il ne ressemble pas au style du quartier d'Isolement. Est-ce qu'ils font un détour ?
Ça m'étonnerait.
Ils ont l'air pressés, ils sont nerveux -peut-être parce qu'ils n'ont pas le droit d'être là. Ou que moi je ne suis pas censé être là.

Je devrais être en Isolement, tout seul, dans une camisole blanche entre des murs froids, carrelés et blanc.

Je n'y suis pas. Et j'ai comme l'impression que je ne vais pas y aller...

Un gémissement dans mon dos m'apprend que je ne suis pas le seul dans cette sale situation. Sans pouvoir en être certain, je suppose malgré tout qu'il s'agit de Caleb.

Soudain, leur allure ralentie jusqu'à l'arrêt complet.

Le changement de pression sur mon épaule déboîté me fait souffrir le martyre.

Ils ouvrent ce que je pense être une lourde porte en métal, puis reprennent mes bras sur quelques mètres avant de me relâcher complètement. Je n'ai pas le temps d'anticiper ma chute que mon visage s'écrase lourdement sur le sol, m'arrachant  un grognement que je ne peux réprimer.

Le choc m'assomme pendant plusieurs minutes.

Un deuxième poids s'affale près de moi sur la droite ; je devines vaguement qu'il doit s'agir de Caleb. 

Durant un moment, il n'y a aucun bruit.

Je n'entends que ma propre respiration et celle de Caleb dans le silence glacial de la pièce, et je recouvre peu à peu mes esprits.

Mon épaule craque douloureusement  lorsque je roule dessus; un cri m'échappe, les larmes me montent aux yeux.

C'est là, en me retournant sur le dos que je remarque que je ne suis pas seul avec Caleb. Les gardes ne sont pas parti.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 29, 2019 ⏰

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N°2304Où les histoires vivent. Découvrez maintenant